« L’eau, c’est la vie, c’est l’environnement et la santé », réaffirme Tebaldo Vinciguerra, officiel du Dicastère pour le développement humain intégral. Le spécialiste, en charge des dossiers environnementaux, précise que « le besoin de défendre l’eau est d’autant plus fort si l’on ne conçoit pas la défense de l’eau comme étant quelque chose de très utilitariste » : « Le croyant pourra voir dans l’eau un don de Dieu. L’Église catholique nous exhorte à concevoir ce don comme ayant une valence ou une destination universelle. »
Dans l’entretien avec le Vatican News – à la veille de la Journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la Création, le 1er septembre, et du début de la Saison de la Création (1er septembre – 4 octobre) – Tebaldo Vinciguerra revient sur la récurrence de l’eau dans les Écritures et la tradition chrétienne et sur l’urgence de la protéger. L’eau et sa protection font l’objet d’un document, intitulé « Aqua Fons Vitae. Orientations sur l’eau: symbole du cri des pauvres et de la terre », publié en juin par le Dicastère pour le développement humain intégral.
En réfléchissant sur la symbolique de l’eau dans la Bible, Mr Vinciguerra s’arrête sur deux thèmes : les puits, comme lieu de rencontre, et la guérison par l’eau. Dans les Écritures, l’eau « a une dimension sociale, institutionnelle, explique-t-il. C’est l’endroit où l’on se rencontre, où se jouent des rapports entre ceux qui résident dans la ville ou le village et l’étranger, entre l’homme et la femme, entre celui qui demande de l’eau et celui, ou celle, qui la reçoit; l’eau apparaît vraiment comme quelque chose qui va permettre de tisser des relations. »
L’eau comme « élément de rencontre, de mémoire et de paix » est « tellement … importante », poursuit-il, qu’elle sera utilisée aussi par le Christ « pour parler de son propre ministère, de sa propre venue » : « Il est celui ‘qui a soif’, et il s’agit d’une soif constante, parce que l’eau ne désaltère pas de façon définitive et nous aurons encore soif. »
L’officiel du Dicastère cite quelques exemples de la guérison par l’eau tirés des Écritures : « Nous avons la piscine dans laquelle les malades essaient de plonger, l’eau de la salive de Jésus qu’il utilisera pour guérir l’aveugle, l’eau qui vient guérir de façon eschatologique, lorsque le coup de lance perce la poitrine de Jésus. » « Cette guérison de l’eau, je la vois dans le baptême, ajoute-t-il. La liturgie de l’Église catholique a prévu de très belles bénédictions qui en rappellent le pouvoir de guérison et de régénération. »
« La destination universelle de l’eau »
« La destination universelle de l’eau est pour toutes les générations », rappelle Tebaldo Vinciguerra. Il invite à réfléchir aux questions suivantes : « Quelle eau allons-nous passer aux futures générations ? Quelle eau avons-nous reçue ? … Quel accès à l’eau ? Quelle éducation, quelle justice ? Quels tribunaux peuvent être mis en place pour protéger les droits de ceux qui n’ont pas accès à l’eau potable, et ils sont nombreux. »
Il explique que l’eau, cette « source de vie », est « essentiellement menacée par la pollution » qui provient « des activités humaines », mais aussi des pollutions qui « peuvent apparaître naturellement : lorsqu’on parle d’eaux saumâtres par exemple ».
« Une autre menace est liée à des conflits d’usage », souligne Vinciguerra : « des rivalités, des grandes sècheresses, des réservoirs d’eau pris pour cible par des mitrailleuses lourdes, des barrages également pris pour cibles lors de guerres civiles ou d’insurrections », le détournement des sources d’eau « sur lesquels avaient l’habitude de miser les éleveurs et les paysans de la zone … pour un projet industriel ou d’extraction de ressource du sol ».
« Lavez-vous les mains »
En cette période de la pandémie, Mr Vinciguerra met en relief une situation inquiétante dans plusieurs pays où l’accès à l’eau est difficile : « Pensons à cette ritournelle, invite-t-il: ‘lavez-vous les mains’. Il faut être bien conscient que cela n’est pas possible pour tous ceux qui le souhaiteraient. Dans de nombreux pays, même dans des hôpitaux ou des centres de santé, l’hygiène, un assainissement adéquat, des toilettes efficaces ne sont pas garantis. »
Il rappelle qu’il s’agit d’« un défi énorme » : « Sans eau, il est difficile d’accoucher, il est difficile de soigner des malades ou de combattre une épidémie, de protéger les professionnels de santé, les aumôniers, les patients et leurs familles. » « Et c’est là, souligne-t-il, un axe de travail prioritaire pour l’Église, en ce moment, mais depuis plusieurs siècles, puisque l’Église catholique a vraiment été pionnière dans le secteur de la santé. »