Dans son discours de Noël à la Curie romaine, le 21 décembre, explique Andrea Tornielli, directeur éditorial du Dicastère romain pour la communication, le pape François a reconnu « une évidence déjà pressentie par certains grands hommes d’Église plusieurs années déjà avant le Concile Vatican II » : « Nous ne sommes plus en chrétienté », a affirmé le pape. Donc, nous avons besoin « d’un changement de mentalité pastorale » qui part du constat que « la vie chrétienne, en réalité, est un chemin, un pèlerinage ».
Andrea Tornielli revient sur le discours de Noël du pape François à la Curie romaine ainsi que sur son livre-entretien avec Gianni Valente, journaliste italien de l’agence vaticane Fides, dans un article « L’annonce de l’Évangile dans le monde sécularisé » de Vatican News de ce lundi 23 décembre 2019.
Andrea Tornielli cite le livre-entretien en italien « Sans Lui nous ne pouvons rien faire » – qu’il a « voulu offrir » aux collaborateurs de la Curie -: « Un trait distinctif de la mission chrétienne », affirme le pape « est celui d’agir comme des facilitateurs, et non comme des contrôleurs de la foi ». Faciliter, c’est-à-dire « rendre facile, ne pas placer nous-même des obstacles sur le chemin du désir de Jésus d’embrasser tout le monde, de guérir tout le monde, de sauver tout le monde ».
Dans ce discours à la Curie, « quelques mots » prononcés par le pape « ont été frappants, ainsi que la manière dont il les a formulés », constate Tornielli : « Nous ne sommes plus dans un régime de chrétienté, cite-t-il, parce que la foi », dans une grande partie de l’Occident « ne constitue plus un présupposé évident pour le vivre ensemble. » D’où la nécessité d’un « changement de mentalité » pour rappeler que « la vie chrétienne » est un voyage – « surtout symbolique », explique le directeur éditorial – « c’est une invitation à découvrir le mouvement du cœur qui, paradoxalement, a besoin de partir pour rester, de changer pour être fidèle ».
Tornielli souligne que « la transmission » de la foi chrétienne de génération à la génération n’existe plus : « Il fut un temps, écrit-il, où la foi était transmise dans les familles par le lait maternel et l’exemple des parents, et la société aussi s’inspirait des principes chrétiens. Aujourd’hui, cette transmission est interrompue et le contexte social apparaît sinon antichrétien, du moins imperméable à la foi chrétienne. »
D’où la question, explique-t-il, « qui a donné vie au Concile et qui a traversé les derniers pontificats : comment annoncer l’Évangile là où il n’est plus connu ni reconnu ? »
Tornielli rappelle que la « miséricorde » est un point de départ pour l’annonce : « Les évêques de Rome qui se sont succédé, écrit-il, ont indiqué précisément dans la miséricorde le médicament nécessaire pour guérir les blessures de notre humanité contemporaine. La miséricorde d’un Dieu qui te cherche, s’approche de toi et t’embrasse avant de te juger. »
Citant le livre Sans Lui nous ne pouvons rien faire, le directeur éditorial explique que dans cet ouvrage, le pape affirme que « la mission est Son œuvre », c’est-à-dire celle du Christ. « C’est le Christ qui fait sortir l’Église d’elle-même, souligne le pape. Dans la mission d’annoncer l’Évangile, tu te mets en mouvement parce que le Saint-Esprit te pousse et te porte. Et quand tu arrives, tu réalises qu’Il est arrivé avant toi, et qu’Il t’attend.»