Le rabbin Skorka présente une nouvelle édition de la Torah © L'Osservatore Romano

Le rabbin Skorka présente une nouvelle édition de la Torah (fév. 2017) © L'Osservatore Romano

L'espérance et les voeux de paix du rabbin Abraham Skorka dans L'Osservatore Romano

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Une réflexion sur l’histoire à la lumière de la Genèse

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« Les deux traits qui caractérisent l’histoire humaine, la créativité et la destruction, dans la tradition juive correspondent respectivement à l’espérance de restaurer l’harmonie entre Dieu et l’humanité, en contraste avec la vile ambition du pouvoir absolu des hommes », explique le rabbin argentin Abraham Skorka, ami du pape François, dans L’Oservatore Romano en italien du 22 décembre 2019. Il souligne que « l’espérance d’une réalité humaine différente a été l’un des éléments centraux de la foi d’Israël ».
Dans un article intitulé: « Espérance  de paix. Du jardin d’Eden à la naissance de Jésus », le rabbin  aborde une réflexion sur l’histoire: « Un regard sur notre histoire humaine nous place d’une part sur de nombreuses réalisations scientifiques et techniques extraordinaires et, d’autre part, sur une auto-destruction vorace. Le même génie qu’il découvre et crée semble souvent incapable de contrôler ses impulsions nuisibles. »
Il propose de relire la Genèse pour en comprendre les des tentations modernes d’un monde sans Dieu: « Le livre de la Genèse décrit comment Dieu a béni l’humanité de se multiplier et de dominer la terre (Genèse, 1, 28). Mais Dieu est allé plus loin, fixant une limite pour rappeler aux humains qu’ils n’ont pas de pouvoir absolu sur le monde créé. C’était une limitation simple: s’abstenir de manger le fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Selon certains sages midrashiques (Bereshit Rabbah, 15: 7) que le fruit était une simple figue, d’autres suggéraient plutôt des fruits différents. La diversité des opinions suggère que l’interdiction de cette histoire est plus symbolique que littérale. Pour révéler sa signification plus profonde sont probablement les mots tentants du serpent. En mangeant le fruit, dit-il, « vous deviendriez comme Dieu, connaissant le bien et le mal » (3, 5). Éliminer la présence de Dieu de la réalité humaine et le remplacer par des êtres humains qui connaissent le bien et le mal et qui, par conséquent, sont probablement capables d’agir sans limites ni contrôle, est la tentation à laquelle les archétypes humains ont cédé en transgressant seule règle donnée par Dieu. Le jardin d’Eden, un paradis que le Créateur a préparé pour l’humanité, peut être compris comme le lieu où les êtres humains, la nature et Dieu vivaient tous en harmonie. Dans la vision des auteurs de la Genèse, l’humanité a rompu cette harmonie primordiale. »
« Les deux traits qui caractérisent l’histoire humaine, la créativité et la destruction, dans la tradition juive correspondent respectivement à l’espoir de restaurer l’harmonie entre Dieu et l’humanité, en contraste avec la vile ambition du pouvoir absolu des hommes. Le premier ouvre la voie de la paix, le second a été une source d’inspiration pour tous les démagogues et tyrans qui ont perpétré d’horribles massacres et dont les menaces continuent d’obscurcir l’avenir de l’humanité », constate le rabbin.
Mais il relit cette espérance juive exprimée par le chapitre 11 du livre d’Isaïe qui « annonce la venue d’un descendant du roi David, sous le règne duquel l’harmonie sera rétablie entre les hommes, la nature et Dieu ». Cet agent oint par Dieu (messie) réalisera les intentions de Dieu pour une réalité de paix dans un monde racheté. Depuis lors, l’espérance d’une réalité humaine différente a été l’un des éléments centraux de la foi d’Israël. Cela a permis au peuple juif de surmonter les nombreuses tragédies auxquelles il a dû faire face et de continuer à vivre et à prospérer. A travers l’un des fils d’Israël – Jésus – cette espérance messianique du temps de Dieu qui viendra a été transmise aux cultures de nombreux peuples du monde. »
Le rabbin souligne aussi cette espérance chrétienne: « Aujourd’hui, les chrétiens expriment la même espérance d’un monde en paix, peut-être avec un plus grand désir, dans leurs prières et célébrations pendant la période de Noël. »
Le rabbin, ami de l’archevêque Bergoglio puis du pape François, présente ses voeux à tous les chrétiens: « Et donc, avec ces réflexions, j’adresse mes vœux les plus sincères à la communauté chrétienne pour une saison de Noël heureuse et profondément significative. Puisse votre célébration de la naissance, de l’attribution du nom et la circoncision de Jésus renouveler l’espérance chrétienne et le dévouement au temps de Dieu à venir, et ainsi éclairer un monde souvent touché par les conflits et la violence. »
Le pape François et le rabbin Skorka ne sont pas seulement compatriotes et amis. Ils ont aussi en commun leur formation scientifique: Abraham Skorka est docteur en chimie et Jorge Bergoglio était technicien en chimie.
Le rabbin Abraham Skorka a publié un livre de conversations avec le cardinal Bergoglio intitulé: « Au ciel et sur la terre ».
Le livre est paru, en anglais, le 26 avril 2013. Il retranscrit des conversations qui ont eu lieu en 2010 entre le cardinal et le rabbin argentins.
Nous avons publié ici une traduction d’un extrait du chapitre 1 du livre, intitulé « Au sujet de Dieu », avec l’aimable autorisation de la maison d’édition Image Books.

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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