"Sans Lui, nous ne pouvons rien faire", livre entretien de G. Valente avec le Pape François

"Sans Lui, nous ne pouvons rien faire", livre entretien de G. Valente avec le Pape François

Publication : «Ne pas mettre d'obstacle au désir de Jésus d’embrasser chacun»

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Nouveau livre du pape François sur l’annonce de l’Évangile

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« Une caractéristique distinctive » du missionnaire chrétien « est qu’il sert de facilitateur et non pas de contrôleur de la foi », affirme le pape François : « Faciliter, rendre facile, et non pas mettre des obstacles au désir de Jésus d’embrasser tout un chacun, de guérir tout un chacun, de sauver tout un chacun. »
Le pape parle de la mission dans un nouveau livre-entretien avec Gianni Valente, journaliste italien de l’agence vaticane Fides, intitulé «Sans Lui nous ne pouvons rien faire. Être missionnaires aujourd’hui dans le monde» (publié chez Bayard, en France) et réalisé au terme du Mois missionnaire extraordinaire.
L’Agence Fides en propose, en avant-première, quelques extraits publiés en français ce 4 novembre 2019. L’ouvrage en italien, édité par la Libreria Editrice Vaticana (LEV) et les éditions San Paolo, est disponible en librairie à partir du 5 novembre.
« J’ai toujours ressenti le fait qu’annoncer Jésus et Son Évangile comporte toujours l’action de sortir et de se mettre en chemin », explique le pape. « “Église en sortie”, poursuit-il, n’est pas une expression à la mode que j’ai inventée. Elle est le commandement de Jésus qui, dans l’Évangile selon Saint Marc, demande aux siens d’aller dans le monde entier et de prêcher l’Évangile «à toute créature». « L’Église, ou elle est en sortie ou ce n’est pas l’Église, affirme le pape. Ou bien elle est en annonce ou bien elle n’est pas l’Église. »
« Elle devient une association spirituelle, poursuit-il, une multinationale visant à lancer des initiatives et des messages à contenu éthique et religieux. Rien de mal à cela, mais ce n’est pas l’Église. » « On finit par domestiquer le Christ, avertit le pape : Tu ne rends plus témoignage des œuvres du Christ, mais tu parles au nom d’une certaine idée du Christ, une idée que tu possèdes et que tu domestiques. »
« Tout ce qui est compris dans l’horizon des Béatitudes et des œuvres de miséricorde est en accord avec la mission, estime le pape. C’est déjà une annonce. C’est déjà la mission. L’Église n’est pas une ONG, c’est autre chose. Cependant, l’Église est également un hôpital de campagne, où tous sont accueillis, comme ils sont, et où sont soignées les blessures de tous. Ceci fait partie de sa mission. »
La mission, « l’Église en sortie », explique-t-il, « ce n’est pas un programme, une intention à réaliser à travers un effort de volonté. C’est le Christ qui fait sortir l’Église d’elle-même… tu te mets en marche parce que l’Esprit Saint te pousse et te porte ».
« La mission, c’est l’œuvre de l’Esprit Saint »
Dans une rencontre avec les Œuvres pontificales missionnaires, le pape François avait suggéré de lire les Actes des Apôtres en tant que texte habituel de prière et non pas un manuel de stratégie missionnaire «moderne», note Gianni Valente.
« Le protagoniste des Actes des Apôtres, ce ne sont pas les Apôtres, explique le pape. Le protagoniste, c’est l’Esprit Saint. Les Apôtres sont les premiers à le reconnaître et à l’attester. » « L’expérience des Apôtres est comme un paradigme qui est toujours valable. » Aujourd’hui, comme autrefois, c’est « l’Esprit Saint qui agit », souligne le pape : « C’est Lui qui prépare et travaille les cœurs.»
« Sans l’Esprit Saint, poursuit le pape, vouloir faire la mission devient une autre chose. Cela devient, je dirais, un projet de conquête, la prétention d’une conquête que nous réalisons nous-mêmes, une conquête religieuse ou peut-être idéologique. »
C’est pourquoi, souligne le pape, «l’Église ne grandit pas par prosélytisme et la mission de l’Église n’est pas prosélytisme.» « En premier lieu, le prosélytisme exclut le Christ Lui-même de la mission… Le prosélytisme est toujours violent par nature … Il ne supporte ni la liberté ni la gratuité avec laquelle la foi peut se transmettre par grâce, d’une personne à une autre. »
« La mission, c’est l’œuvre de l’Esprit Saint, affirme le pape. Inutile de s’agiter, rien ne sert de nous organiser ou de hurler. Les trouvailles ou les stratagèmes sont inutiles. Il suffit de demander de pouvoir refaire aujourd’hui l’expérience qui t’amène à dire «nous avons décidé, l’Esprit Saint et nous».
Église grandit par attraction et témoignage
Le pape rappelle les paroles du Christ de l’Évangile selon saint Jean : «Une fois élevé de terre, j’attirerai tous les hommes à moi» et encore : «Personne ne vient à moi si le Père qui m’a envoyé ne l’attire». « L’Église, explique le pape, a toujours reconnu que c’est là la forme propre de tout mouvement qui rapproche de Jésus et de l’Évangile. Il ne s’agit pas d’une conviction, d’un raisonnement, d’une prise de conscience. Ce n’est pas une pression ou une contrainte. Il s’agit toujours d’une attraction. »
« L’élan missionnaire lui aussi peut être fécond uniquement dans la mesure où il a lieu sous l’influence de cette attraction et la transmet aux autres », note le pape : « Cela veut dire que si tu es attiré par le Christ, si tu te mets en route et que tu fais les choses parce que tu es attiré par le Christ, les autres s’en apercevront sans effort. Il n’est pas nécessaire de le démontrer et encore moins de l’afficher. »
L’Église grandit aussi «par témoignage», poursuit le pape : « Le témoin atteste ce que l’œuvre du Christ et de Son Esprit ont accompli réellement dans sa vie… Le témoignage, non plus, n’est pas une prestation qui nous appartient. On est témoin des œuvres du Seigneur. »
« L’annonce de l’Évangile, résume le pape, veut dire remettre en paroles sobres et précises le témoignage même du Christ, comme le firent les Apôtres. »
Mission et martyre
« Le martyre est la plus haute expression de la reconnaissance et du témoignage rendu au Christ, qui représentent l’accomplissement de la mission, de l’œuvre apostolique », affirme le pape. « Dans la vie chrétienne, ajoute-t-il, l’expérience du martyre et la proclamation de l’Évangile à tous ont la même origine, la même source, lorsque l’amour de Dieu répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint donne force, courage et consolation. »
Il cite les exemples des « frères coptes trucidés en Libye qui prononçaient à mi-voix le nom de Jésus pendant qu’ils étaient décapités » ; des « religieuses de Sainte Mère Teresa tuées au Yémen alors qu’elles prenaient soin de patients musulmans dans une résidence pour personnes âgées handicapées ».
« Ce sont tous des vainqueurs, pas des ‘victimes’, déclare le pape, et leur martyre, jusqu’à l’effusion du sang, illumine le martyre que tous peuvent endurer dans la vie de chaque jour, avec le témoignage rendu quotidiennement au Christ. »
 

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Marina Droujinina

Journalisme (Moscou & Bruxelles). Théologie (Bruxelles, IET).

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