Messe au Tokyo Dome, Japon © Vatican Media

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Les armes sont "le dernier recours" de la légitime défense : conférence de presse Tokyo-Rome (7)

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L’hypocrisie des pays européens qui parlent de paix et vivent du commerce des armes

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La légitime défense doit se faire « par la diplomatie, par la médiation », les armes étant seulement « le dernier recours », a insisté le pape François en rentrant de son voyage en Thaïlande et au Japon, le 26 novembre 2019.
Les pays européens, qui parlent de paix et vivent du commerce des armes, c’est de l’hypocrisie, a-t-il aussi dénoncé : « Tout ce qui peut être fait pour arrêter la production d’armes, pour arrêter les guerres, pour encourager la négociation, avec l’aide de facilitateurs, cela doit toujours être fait et cela donne des résultats. »
Voici la traduction par Vatican News de ce passage de la conférence de presse du pape François à bord de l’avion de la compagnie japonaise ANA:
Jean-Marie Guénois, Le Figaro
Vous avez dit que la paix véritable ne peut être que désarmée, mais qu’en est-il de la légitime défense, quand un pays est attaqué par un autre ? Existe-t-il encore la possibilité d’une guerre juste ? Une encyclique sur la non-violence est-elle encore prévue ?
«Un projet, le prochain Pape le fera… Il y a des projets qui sont dans les tiroirs. L’un sur la paix est là. Il est en train de mûrir. Je sens que lorsque ce sera le moment, je le ferai. Par exemple, le problème du harcèlement est un problème de violence, j’en ai même parlé aux jeunes Japonais. C’est un problème que nous essayons de résoudre avec de nombreux programmes éducatifs. C’est un problème de violence. Une encyclique sur la non-violence n’est pas encore mûre pour moi, je dois beaucoup prier et je dois chercher un chemin.
Il y a ce dicton romain : “Si vis pacem para bellum” ( Si tu veux la paix, prépare la guerre). Là, nous n’avons pas été mûrs, les organisations internationales ne réussissent pas, les Nations Unies ne réussissent pas, elles font tant de médiations méritoires, des pays comme la Norvège sont toujours prêts à faire de la médiation, ça me plaît mais c’est peu, il faut faire plus encore. Pensez au Conseil de sécurité de l’ONU, s’il y a un problème d’armes et que tout le monde est d’accord pour régler le problème pour éviter un accident de guerre, tout le monde vote ‘oui’. Si un seul, avec droit de veto, vote ‘non’, tout s’arrête. Je ne sais pas juger si c’est bon ou pas, c’est une opinion que j’ai entendue, mais peut-être que les Nations Unies devraient faire un pas en avant en renonçant au droit de veto de certaines nations au Conseil de sécurité. J’ai entendu cela comme une possibilité. Il y a des arguments dans l’équilibre mondial que je ne suis pas capable de juger pour le moment. Mais tout ce qui peut être fait pour arrêter la production d’armes, pour arrêter les guerres, pour encourager la négociation, avec l’aide de facilitateurs, cela doit toujours être fait et cela donne des résultats. Par exemple, dans le dossier Ukraine – Russie, on ne parle pas d’armes. Il s’est agi de négociations pour l’échange de prisonniers, c’est positif. Dans le Donbass, les gens pensent à planifier un régime gouvernemental différent, et ils en discutent. Il s’agit d’un pas positif.
L’hypocrisie en faveur des armements est une mauvaise chose. Des pays chrétiens, des pays européens, qui parlent de paix et vivent (du commerce, ndlr) des armes, c’est de l’hypocrisie. Une parole évangélique, que disait Jésus dans le chapitre 23 de Matthieu : nous devons en finir avec cette hypocrisie. Il faut du courage pour dire : “Je ne peux pas parler de paix, parce que mon économie gagne beaucoup avec les armes”. Ce sont toutes des mauvaises choses, sans insulter et salir ce pays : Il faut se parler en frères, pour la fraternité humaine : arrêtons les enfants parce que cette chose est mauvaise. Dans un port, un navire est arrivé d’un pays, et il devait remettre des armes à un autre navire pour se rendre au Yémen, et les travailleurs du port ont dit “non”. Ils ont été courageux et le navire est rentré chez lui. C’est un cas, mais cela nous apprend comment aller dans cette direction. La paix aujourd’hui est très faible, mais nous ne devons pas nous décourager. L’hypothèse de la légitime défense demeure toujours, même dans la théologie morale, elle doit être envisagée, mais en dernier recours. Dernier recours avec des armes. La défense légitime doit se faire par la diplomatie, par la médiation. Dernier recours : la défense légitime avec des armes. Mais j’insiste : dernier recours ! Nous, nous sommes en train d’aller de l’avant dans un progrès éthique que j’aime, en remettant en question toutes ces choses. C’est beau parce que cela nous dit que l’humanité va de l’avant aussi avec le bien, et pas seulement avec le mal».

Traduction © Vatican News
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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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