Pèlerinage sur la colline de Nishizaka , Nagasaki, Japon © Vatican Media

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Nagasaki: le martyre quotidien dans la fidélité au service (texte complet)

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Pèlerinage au sanctuaire des martyrs, une invitation à «la joie de la mission»

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« Plus que de mort, ce sanctuaire nous parle du triomphe de la vie », déclare le pape François sur la colline de la crucifixion de saint Paul Miki, premier jésuite japonais, et de ses 25 compagnons, martyrs, le 5 février 1597. Il a invité les catholiques du Japon à vivre  le « don de soi » par amour et « la joie de la mission ». Il a fait observer que c’est un « martyre quotidien » que la fidélité au service.
C’est sur cette colline de Nishizaka que les chrétiens ont en effet édifié un mémorial aux martyrs, notamment saint Paul Miki, premier jésuite japonais et des 25 compagnons, morts en 1597: les chrétiens du Japon ont alors vécu une longue période de persécution de 260 ans.
Avant son discours, toujours dans le mauvais temps le pape a déposé une couronne de fleurs colorées devant le reliquaire ouvert des martyrs du XVIe s. Il s’y est recueilli et il a encensé les reliques.
Le pape François a évoqué la perception de Jean-Paul II, en 1981: « Saint Jean Paul II a perçu ce lieu non seulement comme le mont des martyrs, mais aussi comme une vraie Montagne des béatitudes où nous pouvons toucher du doigt le témoignage d’hommes envahis par l’Esprit Saint, libres de tout égoïsme, de tout confort et de tout orgueil (cf. Gaudete et exsultate, n. 65). En effet, ici, la lumière de l’Evangile a brillé dans l’amour qui a triomphé de la persécution et de l’épée. »
Le pape a exprimé ce voeu, à l’exemple des martyrs: « Puissions-nous chaque jour nous libérer de tout ce qui nous appesantit et nous empêche de marcher avec humilité, liberté, enthousiasme et charité ». Au contraire il a encouragé les catholiques du Japon à vivre, dans le sillage des saints japonais, « le don d’eux-mêmes »: « N’oublions pas l’amour à la base du don d’eux-mêmes ! »
Le pape a évoqué le « martyre » quotidien du chrétien dans la défense de toute vie et la fidélité au service: « Leur témoignage nous confirme dans la foi et nous aide à renouveler le don de nous-mêmes ainsi que notre engagement à vivre en disciples missionnaires, qui savent œuvrer pour une culture capable de toujours protéger et défendre toute vie, à travers ce ‘‘martyre’’ du service quotidien et silencieux de chacun, spécialement à l’endroit des plus démunis ».
Il a invité à prier pour les martyrs du XXIe siècle en citant la Déclaration d’Abou Dhabi sur la « fraternité humaine »: « Prions pour eux et avec eux, et élevons la voix pour que la liberté religieuse soit garantie pour tous, partout dans le monde, et élevons aussi la voix contre toute manipulation des religions, « par les politiques d’intégrisme et de division, et par les systèmes de profit effréné et par les tendances idéologiques haineuses, qui manipulent les actions et les destins des hommes » (Document sur la fraternité humaine, Abu Dabi, 4 février 2019) ».
Le pape a fait ce pèlerinage en fin de matinée, ce dimanche 24 novembre 2019, après sa visite au mémorial du bombardement atomique du 9 août 1945, et avant de rentrer à l’archevêché pour le déjeuner. Mais, en dépit de la pluie et du vent, il a pris le temps de saluer les personnes présentes, longuement, avant de repartir en voiture fermée. Pas de trajet en « papamobile » au Japon.
Il devait présider sa première messe au Japon à 14h (6h à Rome), en la fête du Christ Roi de l’univers, au stade de baseball de Nagasaki, centre du catholicisme historique, avant de partir pour Hiroshima.
Voici la traduction officielle de l’allocution prononcée par le pape François en espagnol.
AB
Allocution du pape François

Chers frères et sœurs, bonjour.
J’attendais avec impatience ce moment. Je viens en tant que pèlerin, prier, confirmer, et aussi être confirmé par la foi de ces frères qui par leur le témoignage et le don d’eux-mêmes nous indiquent le chemin. Je vous remercie pour l’accueil.
Ce sanctuaire évoque les figures et les noms de chrétiens martyrisés il y a longtemps, en commençant par Paul Miki et ses compagnons le 5 février 1597, et d’autres nombreux martyrs qui ont consacré ce lieu par leur souffrance et leur mort.
Toutefois, plus que de mort, ce sanctuaire nous parle du triomphe de la vie. Saint Jean Paul II a perçu ce lieu non seulement comme le mont des martyrs, mais aussi comme une vraie Montagne des béatitudes où nous pouvons toucher du doigt le témoignage d’hommes envahis par l’Esprit Saint, libres de tout égoïsme, de tout confort et de tout orgueil (cf. Gaudete et exsultate, n. 65). En effet, ici, la lumière de l’Evangile a brillé dans l’amour qui a triomphé de la persécution et de l’épée.
Ce lieu est avant tout un monument qui annonce la Pâque, car il proclame que le dernier mot – malgré toutes les dures épreuves – ne revient pas à la mort mais à la vie. Nous ne sommes pas appelés pour la mort mais pour une Vie en plénitude ; c’est ce qu’ils ont annoncé. Certes, ici c’est le lieu de l’obscurité de la mort et du martyre, mais la lumière de la résurrection est aussi annoncée là où le sang des martyrs devient semence de la vie nouvelle que Jésus Christ veut offrir à nous tous. Leur témoignage nous confirme dans la foi et nous aide à renouveler le don de nous-mêmes ainsi que notre engagement à vivre en disciples missionnaires, qui savent œuvrer pour une culture capable de toujours protéger et défendre toute vie, à travers ce ‘‘martyre’’ du service quotidien et silencieux de chacun, spécialement à l’endroit des plus démunis.
Je viens devant ce monument des martyrs pour rencontrer ces saints hommes et femmes, et je voudrais le faire avec la modestie de ce jeune jésuite qui venait des ‘‘confins de la terre’’ et qui a trouvé, dans l’histoire des premiers missionnaires et martyrs japonais, une profonde source d’inspiration et de renouvellement. N’oublions pas l’amour à la base du don d’eux-mêmes ! Que ce ne soit pas une glorieuse relique du passé bien rangée et honorée dans un musée, mais la mémoire et la flamme vive de tout apostolat dans ce pays, capable de renouveler et d’attiser toujours le zèle pour l’évangélisation. Que l’Eglise au Japon de nos jours, avec toutes ses difficultés et ses promesses, se sente appelée à écouter quotidiennement le message proclamé par saint Paul Miki du haut de sa croix, et partager avec tous les hommes et toutes les femmes la joie ainsi que la beauté de l’Evangile, Chemin, Vérité et Vie (cf. Jn 14,6) ! Puissions-nous chaque jour nous libérer de tout ce qui nous appesantit et nous empêche de marcher avec humilité, liberté, enthousiasme et charité.
Chers frères, en ce lieu nous nous unissons également aux chrétiens qui en diverses parties du monde subissent et connaissent aujourd’hui le martyre à cause de la foi. Les martyrs du XXIème siècle nous interpellent par leur témoignage afin que nous suivions avec courage la voie des béatitudes. Prions pour eux et avec eux, et élevons la voix pour que la liberté religieuse soit garantie pour tous, partout dans le monde, et élevons aussi la voix contre toute manipulation des religions, « par les politiques d’intégrisme et de division, et par les systèmes de profit effréné et par les tendances idéologiques haineuses, qui manipulent les actions et les destins des hommes » (Document sur la fraternité humaine, Abu Dabi, 4 février 2019).
Prions Notre Dame, Reine des Martyrs, saint Paul Miki et tous ses compagnons, qui tout au long de l’histoire ont annoncé par leur vie les merveilles du Seigneur ! Qu’ils intercèdent pour votre pays et pour toute l’Eglise, afin que son engagement éveille et garde vivante la joie de la mission !
Angelus Domini…
Copyright – Librairie éditrice du Vatican 
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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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