Un plat en céramique avec le motif de la basilique Saint-Pierre de Rome, c’est le cadeau offert par le pape François au patriarche suprême des Boudhistes, lors de sa visite au Temple Wat Ratchabophit Sathit Maha Simaram, de Bangkok (Thaïlande), ce jeudi 21 novembre 2019, explique un communiqué. Il est marqué de son blason, si riche en symboles.
Ce plat décoratif a été réalisée par le maître Giacomo Cusumano dans le cadre de la production moderne de céramique artistique à Caltagirone: il s’agit d’un plat de fangotto utilisé sur les tables des anciennes familles siciliennes comme plat unique, « pour partager ».
Considérée comme l’une des plus célèbres au monde, la céramique artistique de Caltagirone a des origines très anciennes, puisqu’en l’an 827, lorsque la Sicile était sous domination musulmane, les Arabes se sont installés dans ce centre afin de donner un nouvel élan à une production déjà existante, important certains procédés techniques déjà utilisés en Orient, principalement la vitrification.
Le plat est bordé de spirales d’acanthe aux armoiries du pape François. La façade de la basilique Saint-Pierre, achevée en 1614 par l’architecte Carlo Maderno, est représentée au centre.
La basilique est dominée par la majesté de la coupole conçue par Michel Ange, et réalisée en deux ans par Giacomo Della Porta, entre 1591 et 1593.
Le « christogramme », les trois lettres représentant le Christ – « IHS » – tirées de la translittération latine de l’abréviation de ᾿Ιησοῦς (Iesous), le nom de Jésus en grec est également représenté.
Le christogramme, rappelle le communiqué, a été diffusé par les chrétiens des premiers siècles à partir des deux premières lettres et la dernière de l’écriture du Nom de Jésus en lettre capitales en grec, ΙΗΣΟΥΣ: le H a remplacé eta (un E grave) et S le sigma (s du grec).
Ainsi transformé, le christogramme IHS a, en latin, été interprété comme étant les initiales de l’expression « Jésus Sauveur de l’Homme »: « Iesus Hominum Salvator ».
Il a ensuite commencé à se répandre comme un élément décoratif et plus tard comme l’insigne des frères lais jésuites qui, dès 1360, l’ont porté cousu sur leur habit.
Sa diffusion ultérieure est due à saint Bernardin de Sienne, qui a inséré le christogramme dans un disque solaire à douze rayons, pour symboliser le Christ entouré des apôtres.
En 1541, il fut adopté comme sceau personnel par saint Ignace de Loyola et avec l’ajout des trois clous de la Passion, il devint l’emblème de la Compagnie de Jésus. C’est pourquoi on le retrouve dans le blason du pape François, peint sur le bord de ce fangotto.
Les autres éléments de son blason sont, en bas, à gauche, l’étoile d’or de Marie, et à droite, la fleur de nard, non encore éclose, et qui pour cela ressemble à une grappe dorée de raisin. En Espagne saint Joseph, patron de l’Eglise universelle, est souvent représenté portant une fleur de nard.
Le pape a justement choisi d’inaugurer son pontificat le 19 mars 2013, en la solennité de saint Joseph, « Redemptoris Custos » (Jean-Paul II), qui est aussi le saint patron de son prédécesseur.
Miséricorde et élection ensuite les thèmes évoqués par la devise du pape François, identique à sa devise épiscopale : « Miserando atque eligendo » – « par miséricorde et par élection ».
Elle est inspirée par une homélie de saint Bède le Vénérable (672/673-735), docteur de l’Eglise, dans laquelle celui-ci commente l’appel de Lévi (Matthieu) par Jésus.
L’homélie de Bède le Vénérable dit: « Jésus vit un publicain et en le regardant avec un sentiment d’amour il le choisit en disant: Suis-moi » (Hom. 21; CCL 122, 149-151) [« Vidit ergo Iesus publicanum et quia miserando atque eligendo vidit, ait illi Sequere me »].
Le pape fait en effet remonter sa vocation à la fête de saint Matthieu (21 septembre), de 1953, lorsqu’il aurait renoncé à déclarer sa flamme à une jeune fille – rapporte sa sœur Maria Elena – pour répondre à l’appel du Christ à le suivre dans la vie sacerdotale.
Lors d’une confession, il a dit avoir fait « l’expérience de la miséricorde divine » – thème de son premier angélus et de sa première homélie hier, 17 mars, au Vatican -, et il se sentit « appelé », à l’instar de saint Ignace de Loyola.
Objet de miséricorde et élu : ce sont donc les deux thèmes de la devise du souverain pontife présents sur ses armoiries.
Avec une traduction d’Hélène Ginabat
Blason du pape François, domaine public
Thaïlande: cadeau du pape François au temple bouddhiste
« Jésus Sauveur de l’Homme » sur le blason du pape François