CPCCG screening robot @ Josh Baxt /wikimedia commons

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Académie pour la vie : pour une "gouvernance des nouvelles technologies", par Laura Palazzani (traduction complète)

Robot-éthique et intelligence artificielle

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Les « questions éthiques complexes » soulevées par l’accélération des développements récents de la robotique et de l’intelligence artificielle nécessitent « une réflexion si possible interdisciplinaire partagée au niveau international en vue d’une réglementation et d’une “gouvernance” des nouvelles technologies », explique Laura Palazzani, professeur de bio-droit et de philosophie du droit à l’Université libre Maria Santissima Assunta (LUMSA) et académicienne de l’Académie pontificale pour la Vie.

Le pape François a adressé une lettre au président de l’Académie pontificale pour la Vie, Mgr Vincenzo Paglia, à l’occasion du 25ème anniversaire de son institution.

À cette occasion, une conférence de presse a eu lieu à la salle de presse du Saint-Siège mardi 15 janvier 2019. La prochaine Assemblée générale de l’Académie, intitulée « Roboéthique. Personnes, machines et santé », se tiendra du 25 au 27 février prochains au Vatican, dans la Salle Nouvelle du Synode.

Ce congrès a pour objectif d’identifier « la spécificité de la pensée catholique sur le sujet avec une attention particulière au concept de personne “électronique” et à la valeur et aux limites de l’autonomie et de la responsabilité de l’homme dans le domaine de l’artificialisation du corps et de l’intelligence.

Outre Laura Palazzini, sont aussi intervenus Mgr Vincenzo Paglia, président de l’Académie pontificale pour la Vie, Mgr Renzo Pegoraro, chancelier de l’Académie, et le p. Paolo Benanti, T.O.R., professeur de théologie morale et d’éthique des technologies à l’Université pontificale grégorienne et académicien de l’Académie pontificale pour la vie.

Voici notre traduction de l’intervention de Madame Laura Palazzani, prononcée en italien.

HG

Intervention de Madame Laura Palazzani

La robotique a fait des progrès extraordinaires : d’objets mécaniques et statiques, passifs, répétitifs et exécutifs, les robots deviennent aujourd’hui des entités « autonomes », en mesure de se déplacer et d’interagir avec l’environnement, avec une capacité d’apprentissage et d’adéquation à l’environnement, de perception, d’analyse, de raisonnement, de décision et d’expression. Les domaines d’application sociale sont multiples : civil (usage domestique, ludique, médico-sanitaire, éducatif, environnemental) et militaire.

L’accélération des développements récents de la robotique et de l’intelligence artificielle, dans le contexte de ce qu’on appelle les technologies émergentes et convergentes, soulève des questions éthiques complexes qui exigent une réflexion si possible interdisciplinaire, au moins sur quelques points fondamentaux, partagée au niveau international en vue d’une réglementation et d’une « gouvernance » des nouvelles technologies.

Nombreux sont les organismes internationaux (généralement consultatifs en vue d’une régulation) qui ont approuvé des avis et des documents sur ce sujet. En particulier la World Commission on the Ethics of Scientific Knowledge and Technology (COMEST) de l’Unesco a émis un avis sur Robotics ethics en 2017; le European Group on Ethics in Science and New Technologies (EGE) auprès de la Commission européenne a publié un Statement on artificial intelligence, robotics and ‘autonomous systems’ et un avis sur Future of Work, Future of Society en 2018; le Comité national italien pour la bioéthique et le Comité pour la bio-sécurité, les biotechnologies et les sciences de la vie ont approuvé un document sur Roboetica (Robot-éthique) en 2017.

Les thèmes centraux, objet de discussion dans le contexte international avec une référence à la robotique et à l’intelligence artificielle, sont : la protection de l’intégrité physique et de la dignité de l’homme avec l’application du principe de bienfaisance, non de malfaisance, proportionnalité (avec l’équilibre risques/bénéfices, minimisation des dommages pour l’homme dans la conception, l’expérimentation et l’usage des robots) ; les limites de ce qu’on appelle « autonomie » des robots et IA (Intelligence artificielle, ndr) (robots en tant qu’agents moraux et statut moral des robots) ; le problème de l’interaction homme/machine (pour éviter la substitution et valoriser la capacité humaine irremplaçable ; éviter la dépendance technologique et psychologique par rapport aux machines) ; repenser la responsabilité (introduction de la notion de responsabilité « partagée » entre constructeur, concepteur, dessinateur, vendeur, usager) ; la justice (éviter le « robotic devide », garantissant un accès égal aux opportunité ouvertes par la technologie) ; information et formation des citoyens, avec la promotion démocratique d’un débat public ; gouvernance partagée et transparente des nouvelles technologies).

Le congrès vise, dans le contexte du débat international, à identifier la spécificité de la pensée catholique sur le sujet avec une attention particulière au concept de personne « électronique » et à la valeur et aux limites de l’autonomie et de la responsabilité de l’homme dans le domaine de « l’artificialisation » du corps et de l’intelligence.

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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