Mgr Bernardito Auza, capture

Mgr Bernardito Auza, UNTV capture

Organisation des États américains : un rôle à jouer pour la paix et la démocratie, par Mgr Auza

S’inspirer de ceux qui ont incarné le meilleur de la « Rencontre des deux mondes »

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L’Organisation des États américains (OEA) a « un rôle important à jouer pour aider le continent américain à relever » les défis qui se présentent aujourd’hui à lui, a déclaré Mgr Auza : réunir « des groupes politiques opposés dans des pays où la démocratie est menacée », renforcer « les capacités institutionnelles des pays membres où les institutions démocratiques sont encore fragiles » et favoriser « les relations amicales entre les pays qui ont des différends non résolus ».
Mgr Bernardito Auza, observateur permanent du Saint-Siège auprès de l’Organisation des États américains, est intervenu à la session extraordinaire sur la « Rencontre de deux mondes » à Washington, DC, le 12 octobre 2018. Il a évoqué la figure héroïque de l’archevêque du Salvador, Mgr Oscar Romero, qui a été canonisé à Rome ce dimanche 14 octobre.
Le représentant du Saint-Siège a invité l’Organisation à « perpétuer l’héritage » laissé par « les personnalités de l’ancien et du nouveau monde qui incarnent le meilleur de cette “rencontre de deux mondes” » et qui ont fait de celle-ci « un véritable enrichissement mutuel plutôt que l’annihilation d’un côté par l’autre, un service plutôt qu’une conquête, une reconnaissance de l’égalité fondamentale et absolue de tous plutôt qu’une discrimination fondée sur la race, l’ethnie, la religion ou la classe sociale ».
Voici notre traduction de la déclaration de Mgr Auza.
HG
Déclaration de Mgr Bernardito Auza
Monsieur le Président,
La Mission permanente d’observation du Saint-Siège a le plaisir de se joindre à vous pour participer à cet événement spécial pour réfléchir sur la Rencontre des deux mondes initiée avec l’arrivée de Christophe Colomb dans l’hémisphère en 1492. Plus de 500 ans plus tard, notre hémisphère continue d’être fortement marqué par l’héritage de ce jalon de l’histoire humaine. Cet héritage peut être envisagé sous plusieurs angles et, pour beaucoup, il reste ambivalent.
Alors que nous nous efforçons aujourd’hui de créer un continent sans violence, avec plus de paix et de sécurité, nous continuons d’être inspirés par les personnalités de l’ancien et du nouveau monde qui incarnent le meilleur de cette « rencontre de deux mondes ». Au long de ces cinq siècles, souvent à travers des souffrances personnelles héroïques, de grands hommes et femmes ont émergé de cette rencontre des cultures et des religions. L’un des plus récents de ces témoins est l’archevêque du Salvador, Mgr Oscar Romero, défenseur des droits de l’homme et des opprimés, qui sera proclamé saint ce dimanche 14 octobre au Vatican.
Nous voudrions rendre hommage à ces personnes : à travers les siècles, elles ont fait de la rencontre des deux mondes un véritable enrichissement mutuel plutôt que l’annihilation d’un côté par l’autre, un service plutôt qu’une conquête, une reconnaissance de l’égalité fondamentale et absolue de tous plutôt qu’une discrimination fondée sur la race, l’ethnie, la religion ou la classe sociale. Cette Organisation est appelée à perpétuer l’héritage de cet enrichissement.
Au-delà des événements historiques marquants de l’hémisphère, nous portons notre attention sur les besoins et préoccupations pressants de ses peuples aujourd’hui : défis migratoires, violence liée à la drogue, vastes poches d’extrême pauvreté et d’inégalités sociales, menaces diverses contre la famille, conflits frontaliers et menaces contre la démocratie. Si on les laisse sans surveillance, ces préoccupations menaceront le tissu humain de notre hémisphère.
À cet égard, le Saint-Siège reste convaincu que l’OEA a un rôle important à jouer pour aider le continent américain à relever ces défis en réunissant des groupes politiques opposés dans des pays où la démocratie est menacée, en renforçant les capacités institutionnelles des pays membres où les institutions démocratiques sont encore fragiles et en favorisant les relations amicales entre les pays qui ont des différends non résolus. Plus généralement, l’OEA est confrontée à un défi particulier : s’efforcer de faire de l’hémisphère un lieu de vie meilleur pour tous ses citoyens, où la paix, la justice et le respect mutuel sous-tendent le développement intégral de tous.
Le pape François a visité plusieurs pays de notre hémisphère. L’une de ses rencontres les plus mémorables a été celle avec les peuples autochtones de la région amazonienne, qui s’est déroulée à Puerto Maldonado (Pérou) au début de cette année, le 19 janvier 2018. Le bien-être et la défense des droits des peuples autochtones ont été une préoccupation prioritaire du Saint-Siège. Un synode extraordinaire pour la région amazonienne se tiendra au Vatican en octobre 2019. Je voudrais donc conclure avec quelques mots du pape François lors de sa rencontre avec les peuples autochtones à Puerto Maldonado.
« Je considère essentiel, a-t-il déclaré, de commencer à créer des expressions institutionnelles de respect, de reconnaissance et de dialogue avec les peuples autochtones, reconnaissant et recouvrant leurs cultures, leurs langues, leurs traditions, leurs droits et leur spiritualité. Un dialogue interculturel dans lequel vous serez vous-mêmes les principaux interlocuteurs, en particulier lorsque de grands projets concernant votre territoire sont proposés. La reconnaissance et le dialogue seront le meilleur moyen de transformer des relations dont l’histoire est marquée par l’exclusion et la discrimination. » [1] Le Saint-Siège est convaincu que l’OEA assumera sa part de responsabilité commune dans la promotion de ce dialogue transformateur avec les millions de peuples autochtones de notre hémisphère.
Merci Monsieur le Président.
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  1. Pape François, Allocution aux peuples autochtones d’Amazonie, Puerto Maldonado, Pérou, 19 janvier 2018.

 
© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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