Mgr Bernardito Auza 13/12/2017 © Oss_romano

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ONU : Mgr Auza appelle à un développement humain et intégral

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Le tourisme doit favoriser la rencontre pour construire des ponts

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Si « le Programme 2030 réunit les trois dimensions du développement – économique, social et environnemental – en une seule réalité interconnectée », il doit « s’appuyer sur la dignité inhérente à chaque personne et sur une vision du développement pleinement humain et intégral », déclare Mgr Auza. « Cela nécessite une éthique centrée sur les personnes et respectueuse de l’environnement. »

Mgr Bernardito Auza, observateur permanent du Saint-Siège, est intervenu à la soixante-treizième session de l’Assemblée générale des Nations Unies, à la deuxième commission sur le point 20 de l’ordre du jour : Le développement durable, à New York, le 16 octobre 2018.

Le représentant du Saint-Siège a fait observer que le tourisme était « un des moyens de promouvoir le développement durable » qui doit favoriser une « rencontre » « basée sur la dignité des touristes et des résidents » afin de construire des ponts.  « L’absence de rencontre physique », a-t-il souligné, « peut entraîner un engourdissement de la conscience et des analyses tendancieuses qui négligent certaines parties de la réalité ».

Voici notre traduction de la déclaration de Mgr Auza.

HG

Déclaration de Mgr Bernardito Auza

Monsieur le Président,

Le Saint-Siège observe avec espoir le fait que les gouvernements du monde entier, les Nations Unies et ses agences, les organisations non gouvernementales et d’autres parties prenantes œuvrent à la réalisation des grandes promesses du Programme de développement durable à l’horizon 2030, dont l’adoption a été considérée par le pape François comme « un signe d’espoir important » (1).

Cependant, concrétiser cet espoir n’est pas chose aisée, d’autant plus que le Programme 2030 réunit les trois dimensions du développement – économique, social et environnemental – en une seule réalité interconnectée. Au cours des trois derniers siècles, beaucoup ont été formés à considérer ces dimensions comme des domaines d’existence distincts et autonomes. L’économie est l’endroit où cet isolement était le plus visible, où non seulement le marché était un système autonome, mais où les individus étaient perçus comme distincts de la société et de la culture, uniquement motivés par l’intérêt personnel, et où l’environnement était considéré simplement comme une collection de biens à exploiter à des fins lucratives ou pour l’autosatisfaction. L’ancien paradigme commun était lié à la marchandisation de chacune des trois dimensions et ne les réunissait que sous le même désir d’accumuler de la richesse et ce que la richesse pouvait obtenir

Le nouveau paradigme proposé par le Programme de développement durable à l’horizon 2030 nécessite un lien plus fort, plus que le motif du profit, pour maintenir les trois dimensions ensemble. Il doit s’appuyer sur la dignité inhérente à chaque personne et sur une vision du développement pleinement humain et intégral. Cela nécessite une éthique centrée sur les personnes et respectueuse de l’environnement.

Alors que ce nouveau paradigme appelle de nouvelles formes de comptabilité sociale, nous devons nous assurer de ne pas remplacer un ancien problème par un nouveau. Nous ne pouvons pas permettre aux indicateurs ODG (objectifs de développement durable) de devenir ce que le PIB (produit intérieur brut) est devenu, un objectif statistique qui remplace l’expérience vécue de personnes réelles. Comme l’a dit le pape François dans son discours à l’Assemblée générale de 2015 : pour permettre à « de véritables hommes et femmes d’échapper à l’extrême pauvreté, nous devons leur permettre d’être de dignes acteurs de leur propre destin. Le développement humain intégral et le plein exercice de la dignité humaine ne peuvent être imposés. Ils doivent être construits et autorisés à se développer pour chaque individu, pour chaque famille, en communion avec les autres et dans de bonnes relations avec tous les domaines dans lesquels la vie sociale humaine se développe – amis, communautés, villes et villages, écoles, entreprises et syndicats, provinces, nations, etc. » (2).

Monsieur le Président,

Comme mentionné dans le rapport du Secrétaire général, le tourisme est l’un des moyens de promouvoir le développement durable [3]. Cependant, il est nécessaire que nous ne nous arrêtions pas à examiner les importants avantages économiques et matériels du tourisme, mais que nous considérions le tourisme plus profondément : une rencontre mutuellement enrichissante de personnes et de peuples de cultures et de milieux différents. Lorsque cette rencontre sera basée sur la dignité des touristes et des résidents, elle construira de nombreux ponts utiles.

Malheureusement, nous voyons trop souvent le contraire, comme dans les zones touristiques fortifiées des pays en développement qui permettent aux visiteurs fortunés de voir la beauté de la nature sans rencontrer les habitants de l’autre côté du mur. En outre, il existe également des murs d’indifférence invisibles qui permettent aux touristes de négliger les individus et donc de ne pas vraiment rencontrer la culture et les habitants locaux. Le développement humain intégral nécessite au contraire une « culture de la rencontre » qui nous permette de réunir les trois dimensions du développement, car nous admirons non seulement l’environnement et sa beauté, mais également la beauté des hommes dans leurs conditions sociales et économiques.

Monsieur le Président,

La culture de la rencontre, centrée sur la personne humaine, peut et doit être le moteur du développement humain intégral. L’absence de rencontre physique peut entraîner un engourdissement de la conscience et des analyses tendancieuses qui négligent certaines parties de la réalité. Cela se produit, par exemple, lorsque les solutions aux problèmes des pauvres passent par leur élimination en réduisant progressivement leur taux de natalité.

Le développement humain intégral exige en définitive un renouveau de l’humanité qui permette aux gens de découvrir qui ils sont vraiment et d’apprendre à bâtir une société hospitalière et inclusive offrant de la place pour tout le monde, en particulier les plus faibles et les plus marginalisés, et où la richesse économique n’est pas simplement un bien personnel mais fait également partie du bien commun au profit de tous.

Merci Monsieur le Président.

________________

  1. Pape François, Discours aux membres de l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations Unies, 25 septembre 2015.
  2. Ibid.
  3. Cf. A / 73/283.

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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