Mgr R. Fisichella Missionnaires de la miséricorde 10/04/2018 © Vatican Media

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Pour Mgr Fisichella, les critiques contre le pape ne sont pas fidèles à la tradition

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A l’occasion du 25ème anniversaire de Veritatis splendor

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« Pour Mgr Fisichella, ceux qui critiquent le pape François en se référant, entre autres, à ce document, ne sont pas fidèles à la tradition de l’Église », explique Vatican News en italien (Amedeo Lomonaco).
La lettre encyclique de saint Jean-Paul II, Veritatis splendor, publiée il y a 25 ans, le 6 août 1983, réfléchit, rappelle la même source, aux questions fondamentales de l’enseignement moral de l’Église et expose les « raisons d’un enseignement moral fondé dans les Saintes Écritures et dans la vivante tradition apostolique ». Il faut, lit-on dans le document, que « l’homme d’aujourd’hui se tourne de nouveau vers le Christ pour recevoir de lui la réponse sur ce qui est bien et sur ce qui est mal ».
Le président du Conseil pontifical pour la nouvelle évangélisation, Mgr Rino Fisichella, rappelle dans cet entretien les aspects saillants de cette encyclique et il souligne qu’il n’y a aucun « point d’appui pour contester le magistère du pape François à la lumière du magistère précédent ».
Dans un contexte culturel modifié, déterminé par la sécularisation, et par un relativisme philosophique, Veritatis splendor, présente – comme l’indique aussi le titre d’une œuvre de von Balthasar, « Points de repère » – les points fondamentaux qui demeurent comme des rappels pour la doctrine chrétienne, indique la même source.
Voici notre traduction, de l’italien, de cet entretien.
AB
À propos de points de repère, qu’entend le pape saint Jean-Paul II quand il parle de vérités immuables, de normes morales universelles ?
Mgr Fisichella – Avant tout, quand nous parlons de la vérité, nous devons toujours en avoir un concept dynamique. La vérité n’est pas une dimension fixe. La vérité, pour les chrétiens, est avant tout cette Parole vivante que le Seigneur nous a laissée. N’oublions pas Jésus qui dit : « Je suis le chemin, la vérité et la vie ». Par conséquent, la dimension de la vérité ouvre à une rencontre personnelle : c’est la vérité de l’Évangile, c’est la vérité représentée par la personne de Jésus-Christ. Tout ce qui est le contenu que Jésus a voulu transmettre à ses disciples et qui, à partir des apôtres parvient jusqu’à nous, est une vérité qui s’ouvre toujours plus à une découverte du mystère qui a été révélé. Il y a certains points fondamentaux qui demeurent comme des pierres milliaires dans l’enseignement dogmatique et moral de l’Église. Ce sont des éléments qui demeurent dans leur caractère immuable. Évidemment, tout cela requiert de la part des théologiens – comme le soutient l’encyclique Veritatis splendor – une grande œuvre d’interprétation. La norme immuable se fonde sur la vérité de l’Évangile. Ce principe d’instance qui est inséré demeure dans sa validité, dans son critère de jugement qui doit toutefois être continuellement être ouvert par la découverte de la vérité de la Parole de Dieu.
Nous sommes donc devant un dynamisme de vérité solidement lié à la tradition. Par conséquent il y a une continuité qui se renouvelle toujours…
Absolument. L’Église catholique ne peut accepter, à mon avis, une idée de vérité fermée sur elle-même. La vérité, par sa nature même, fait référence à la fidélité ainsi qu’à la liberté : « La vérité vous rendra libre ». Une vérité qui s’ouvre toujours plus est une vérité qui fait découvrir aussi à tous les croyants, à tous les hommes, une liberté plus profonde. Mais cela requiert aussi une fidélité. Le lien entre fidélité et vérité est un lien typique de la conception biblique de la vérité.
Cette lecture de la vérité requiert donc la fidélité. Certains secteurs de l’Église critiquent le pape François parce que, à leur avis, il s’éloignerait de la doctrine catholique, et ils font référence en particulier à Veritatis splendor. Que répondre ?
Il ne faut jamais instrumentaliser le magistère pour mettre une opposition dans le développement de la doctrine. Quand il y a une instrumentalisation, alors je crains qu’il n’y ait pas le désir d’une découverte de la vérité et qu’il n’y ait pas non plus une fidélité à la tradition de l’Église. Je pense qu’il n’y a aucun point d’appui pour contester le magistère du pape François à la lumière du magistère précédent. Il faut redire, en revanche, toute la continuité qu’il y a dans le développement. Mais je pense qu’il est important aussi de lire attentivement tout le magistère du pape François et pas seulement quelques interventions la mosaïque est donnée par l’ensemble des tesselles, et pas par une seule tesselle.
Le magistère du pape François est donc une mosaïque qu’on ne peut pas lire uniquement en regardant uniquement chaque tesselle. Quel est alors le visage d’ensemble de ce magistère, de cet enseignement si élevé du pape François ?
Celui d’une grande ouverture dans l’œuvre d’évangélisation. Celui de ne pas mettre la norme avant l’annonce. Il me semble que les grands éléments doivent être nécessairement ceux-ci : la rencontre avec la personne de Jésus, l’annonce constante que doit faire l’Église, que les pasteurs sont appelés à faire pour aller à la rencontre de tout le monde.
C’est l’idée de l’Église en sortie et donc aussi la capacité – comme cela est dit dans Evangelii gaudium – d’accompagner notre contemporain, de marcher à côté de lui pour le comprendre, pour comprendre réellement les demandes et parfois aussi, peut-être, faire un pas en arrière. Et par conséquent cette dimension émerge en même temps que l’exigence de la miséricorde. Le Jubilé de la miséricorde a été le signe concret de la manière dont le pape François identifie et oriente son pontificat.
© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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