Le pape François salue la foule © L'Osservatore Romano

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Corée : le pape invite les chefs religieux à avoir "un style de paix"

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Pèlerinage interreligieux à Rome (Traduction intégrale)

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Les chefs religieux sont appelés à pratiquer « un style de paix, avec des paroles qui se différencient de la narrative de la peur et avec des gestes qui s’opposent à la rhétorique de la haine », a déclaré le pape François devant les membres du Conseil coréen de leaders religieux (“Korean Council of Religious Leaders”), le 2 septembre 2017, au Vatican.
La délégation d’une vingtaine de personnes était venue à Rome pour un pèlerinage interreligieux. « Le monde nous regarde… Il nous demande des réponses et des engagements communs », leur a dit le pape en invitant à un dialogue « ouvert et respectueux en même temps ; c’est seulement ainsi qu’il sera fructueux ».
Il a aussi encouragé à marcher ensemble « avec humilité et constance, pas seulement en élevant la voix mais aussi en se retroussant les manches, pour semer l’espérance d’un avenir qui aidera l’homme à être plus humain, un avenir dans lequel soit écouté le cri des nombreuses personnes qui rejettent la guerre et implorent une plus grande harmonie entre les personnes et les communautés, entre les peuples et les Etats ».
Trois ans après son voyage apostolique dans le pays (août 2014), le pape a également assuré de ses prières pour « le don de la paix et de la réconciliation fraternelle » du peuple coréen.
Voici notre traduction du discours que le pape a prononcé durant la rencontre.
Discours du pape François
Chers amis du Korean Council of Religious Leaders, je vous souhaite la bienvenue, heureux de vous rencontrer. Vous avez fait un long trajet pour rejoindre Rome et pour réaliser votre pèlerinage interreligieux. Je vous remercie d’être venus et je suis reconnaissant à Mgr Kim Hee-jong d’avoir pensé à ce moment et de ses paroles aimables. Comme j’ai eu l’occasion de le dire à Séoul : « La vie est un chemin, un long chemin, mais un chemin que l’on ne peut pas parcourir seuls. Il faut marcher avec les frères et présence de Dieu. » (Rencontre avec les Leader religieux, 18 août 2014). Et voilà qu’aujourd’hui ici s’accomplit un bout de chemin ensemble !
Comme vous le savez, surtout depuis le Concile Vatican II, l’Eglise catholique ne se lasse pas de se mettre en chemin sur les sentiers, parfois pas facile, du dialogue, et de promouvoir en particulier le dialogue avec les disciples d’autres religions. Aujourd’hui aussi l’Eglise « exhorte donc ses fils pour que, avec prudence et charité, […] ils reconnaissent, préservent et fassent progresser les valeurs spirituelles, morales et socio-culturelles qui se trouvent en eux » (Nostra aetate, 2). Le dialogue interreligieux, fait de contacts, de rencontres et de collaboration, est ainsi un devoir précieux et agréable à Dieu, un défi tendu vers le bien commun et vers la paix.
Le dialogue dont nous avons besoin ne peut être qu’ouvert et respectueux en même temps ; c’est seulement ainsi qu’il sera fructueux. Ouvert, c’est-à-dire cordial et sincère, poursuivi par des personnes qui acceptent de marcher ensemble avec estime et franchise. Respectueux, parce que le respect réciproque est la condition et, en même temps, la fin du dialogue interreligieux : en effet c’est en respectant le droit à la vie, à l’intégrité physique et aux libertés fondamentales, comme celles de conscience, de religion, de pensée et d’expressions, que sont posées les bases pour construire la paix, en vue de laquelle chacun de nous est appelé à prier et à agir.
Le monde nous regarde, nous exhorte à collaborer entre nous et avec tous les hommes et les femmes de bonne volonté. Il nous demande des réponses et des engagements communs sur des thèmes variés : la dignité sacrée de la personne, la faim et la pauvreté qui affligent trop de populations, le refus de la violence, en particulier celle commise en profanant le nom de Dieu et en désacralisant la religiosité humaine, la corruption qui alimente les injustices, la dégradation morale, la crise de la famille, de l’économie, de l’écologie et, non des moindres, de l’espérance.
Nous avons donc devant nous un très long chemin, à accomplir ensemble avec humilité et constance, pas seulement en élevant la voix mais aussi en se retroussant les manches, pour semer l’espérance d’un avenir qui aidera l’homme à être plus humain, un avenir dans lequel soit écouté le cri des nombreuses personnes qui rejettent la guerre et implorent une plus grande harmonie entre les personnes et les communautés, entre les peuples et les Etats. En ce sens, il est demandé aux leaders religieux d’initier, de favoriser et d’accompagner des processus de bien et de réconciliation pour tous : nous sommes appelés à être des hérauts de paix, en annonçant et en incarnant un style non-violent, un style de paix, avec des paroles qui se différencient de la narrative de la peur et avec des gestes qui s’opposent à la rhétorique de la haine.
Chers amis, notre rencontre nous confirme dans le chemin. Vous voir ici pèlerins m’a fait revenir à l’esprit mon pèlerinage sur la belle terre de Corée, dont je suis encore si reconnaissant à Dieu et au peuple coréen bien-aimé, pour lequel je ne cesse pas de demander à Dieu le don de la paix et de la réconciliation fraternelle. Que le souvenir de l’amitié et des biens reçus les uns des autres nous donne la force de continuer ensemble, avec l’aide de Dieu. Merci.
Traduction de Zenit, Anne Kurian

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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