Apparition du Christ ressuscité à Marie-Madeleine, Fra Angelico, @Musée San Marco (Florence, Italie)

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L’attention de Jésus aux femmes, par Mgr Becciu

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Homélie pour la fête de sainte Marie-Madeleine

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« L’attention que Jésus porte aux femmes nous incite à réfléchir au rôle que celles-ci jouent dans la société et dans l’Eglise, nous invitant à ne pas avoir de fermeture à leur égard, et à valoriser leur ‘génie féminin' ». C’est ce qu’a souligné Mgr Angelo Becciu, substitut de la Secrétairerie d’Etat, en l’honneur de la fête de sainte Marie-Madeleine, le 22 juillet 2017.
L’Osservatore Romano daté du 25 juillet rapporte l’homélie de l’archevêque qui a participé aux 250 ans de la fondation de la cité della Maddalena, sur la côte nord de la Sardaigne, en Italie. Il y a notamment célébré une messe solennelle avec Mgr Sebastiano Sanguinetti, évêque de de Tempio-Ampurias, Mgr Corrado Melis, évêque d’Ozieri, et Mgr Olivier de Germay, évêque d’Ajaccio (Corse).
Dénonçant « les épisodes intolérables de violence » contre les femmes, Mgr Becciu a demandé « de la part des institutions, de l’école, de l’Eglise et des différentes agences éducatives, ainsi que des familles, un effort commun urgent pour trouver une stratégie efficace de lutte contre les violences et les abus, et pour éliminer ce tragique phénomène, signe d’incivilité ».
Il a encouragé à « reconnaître et encourager l’œuvre inestimable de tant de femmes, favoriser de plus en plus les initiatives qui leur permettent de s’exprimer effectivement à des niveaux significatifs de la vie culturelle, sociale, religieuse, économique, politique, et bien entendu familiale ».
Au terme du rite, le substitut a lu une bénédiction du pape François. Puis la statue de Marie Madeleine a été portée en procession à travers les rues de la ville jusque dans la mer, entourée d’une couronne de bateaux.
Par volonté du pape François, la “mémoire” liturgique de sainte Marie-Madeleine est devenue “fête”, au même rang que celles des Douze apôtres. Voici notre traduction intégrale du texte de Mgr Becciu publié par le quotidien du Vatican.
AK
Pour la fête de Marie Madeleine
Violences et abus sur les femmes sont signe d’incivilité
Angelo Becciu
Cette année, pour la première fois, selon les dispositions du pape François, la mémoire liturgique de sainte Marie Madeleine est célébrée avec une attention particulière dans toute l’Eglise.
Jésus lui avait montré son amour en la guérissant d’une grave maladie qu’on croyait venir des démons, et elle le lui a rendu jusqu’à la fin : Marie Madeleine figure parmi les femmes qui sont au pied de la croix. Mais être à ses côtés au moment de la mort, ne lui suffit pas. Elle veut prendre soin aussi de son corps mort. Ne le trouvant plus dans le tombeau elle va le rapporter à Pierre, mais ne se résigne pas à sa disparition et, désespérée, retourne sur place pour continuer à le chercher. Après l’égarement, quand le Seigneur ressuscité lui apparaît, elle éprouve une joie jamais éprouvée auparavant et des liens si profonds se nouent entre eux que plus rien, ni même la mort, n’arrivera à les briser. Il en est ainsi pour nous. Un amour ou une amitié retrouvés après une épreuve, voire même après une trahison, peuvent être encore plus beaux car purifiés et imprégnés de miséricorde. Il suffit de ne pas se rendre face aux égarements et aux difficultés, de persévérer avec confiance dans la recherche et l’attente.
Ne sommes-nous pas nous aussi en quête de Jésus ? Ne voulons-nous pas nous aussi le rencontrer ? Tant d’entre nous, peut-être nous tous aujourd’hui, ici présents, l’avons-nous déjà trouvé, sommes-nous déjà ses disciples. Pourtant, il nous arrive de le perdre, ou de le sentir loin de nous. Nous avons l’impression qu’il nous a abandonnés, qu’il n’écoute plus nos prières. D’autres fois c’est nous qui l’abandonnons avec nos péchés, en faisant de mauvais choix ou en nous laissant tout simplement emporter par l’indifférence ou un peu de lassitude. Le Seigneur nous invite à ne pas nous décourager, mais à avoir confiance en sa miséricorde.
L’évangile (Jean 20, 1-2.11-18) nous montre un autre trait d’amour de Marie madeleine. Celle-ci sert en effet Jésus contre elle […] une attitude typique des femmes de l’évangile, lesquelles sentent le besoin d’un contact tangible avec Jésus. Les apôtres, au contraire, restent paralysés devant le ressuscité et c’est Jésus qui leur demandent de le toucher, de prendre contact avec la réalité de son incarnation, encore là après sa résurrection. Marie Madeleine n’a pas besoin de cette invitation, comme les autres femmes qui baisent spontanément les pieds du Seigneur ressuscité, elle le prend dans ses bras et le sert contre elle.
Cet épisode de Marie Madeleine et ces attitudes des femmes de l’évangile nous rappellent que Jésus n’est pas une idée ou une doctrine, mais une personne concrète, Dieu fait homme, entré dans notre histoire, qui a pris sur lui notre humanité avec toutes ses faiblesses. La dévotion simple des gens du peuple souligne bien cela. Ils touchent et embrassent les images sacrées, par besoin d’exprimer concrètement leur amour et dévotion envers le Seigneur Jésus. Ces gestes de dévotion sont le paradigme de l’amour concret, qui sait prendre soin des personnes à aimer comme Jésus les a aimées, en « touchant » leurs nécessités, en les servant dans le quotidien de la vie, en se faisant « proches » d’elles, en étant attentifs, en consolant, en aidant, en partageant…
Autre caractéristique de notre sainte : elle annonce la bonne nouvelle que le Seigneur est ressuscité et vivant ! Son annonce n’est pas une annonce abstraite, de pure doctrine, de ceux qui ont su grâce aux études ou après avoir reçu un enseignement. La sienne est un témoignage direct, personnel. L’annonce authentique suppose l’expérience de ce que l’on annonce. Marie Madeleine est apostolorum apostola, apôtre des apôtres, car elle leur transmet ce qu’elle a vécu et vu de ses propres yeux : sa rencontre personnelle avec Jésus ressuscité.
Les femmes qui suivaient Jésus étaient nombreuses, mais Marie Madeleine est toujours citée la première dans les évangiles, comme si elle était à la tête de ce groupe, son leader indiscutable. Habituellement, les disciples qui suivaient les maîtres de l’époque n’étaient que des hommes. Jésus, lui, a admis aussi les femmes, réalisant ainsi un vrai changement de mentalité. Celles-ci le suivent comme les apôtres et les autres disciples, écoutent ses paroles, partagent avec lui et avec les autres ses propres biens, font partie en tout et pour tout de la nouvelle famille, du nouveau peuple de Dieu que Jésus est venu former.
L’attention que Jésus porte aux femmes nous incite à réfléchir au rôle que celles-ci jouent dans la société et dans l’Eglise, nous invitant à ne pas avoir de fermeture à leur égard, et à valoriser leur « génie féminin ». Il faut reconnaître et encourager l’œuvre inestimable de tant de femmes, favoriser de plus en plus les initiatives qui leur permettent de s’exprimer effectivement à des niveaux significatifs de la vie culturelle, sociale, religieuse, économique, politique, et bien entendu familiale. Les épisodes intolérables de violence, auxquels nous assistons hélas trop fréquemment ces derniers temps, demandent de la part des institutions, de l’école, de l’Eglise et des différentes agences éducatives, ainsi que des familles, un effort commun urgent pour trouver une stratégie efficace de lutte contre les violences et les abus, et pour éliminer ce tragique phénomène, signe d’incivilité.

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Océane Le Gall

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