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Afrique centrale : désamorcer la bombe des extrémismes

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Mgr Ayuso Guixot plaide pour le dialogue interreligieux

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En Afrique centrale, « le dialogue entre les religions est un devoir si l’on veut désamorcer ce terrible explosif qu’est le fondamentalisme », estime Mgr Miguel Angel Ayuso Guixot. Le secrétaire du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux a participé aux travaux de la 11e assemblée plénière de l’Association des conférences épiscopales de la région d’Afrique centrale (ACERAC), du 8 au 12 juillet 2017 à Yaoundé, au Cameroun.
D’après L’Osservatore Romano du 21 juillet 2017, l’assemblée réunissait les évêques des six pays francophones situés autour de l’Equateur : Tchad, Cameroun, République centrafricaine, Guinée Equatoriale, Gabon et République du Congo. Mgr Ayuso Guixot y manifestait le soutien du Saint-Siège à cette région de 46 millions de personnes, avec une moyenne d’âge très jeune, et riche en matières premières.
Malgré « les compréhensibles peurs » causées par les groupes extrémistes musulmans, Mgr Ayuso Guixot a déploré l’amalgame selon lequel tous les musulmans seraient des terroristes potentiels. Pour éloigner la violence, a-t-il souligné, « la formation des imams est une question fondamentale », ainsi que le dialogue interreligieux.
Il a suggéré « des cours communs pour la formation de futurs prêtres et imams qui se tiendraient dans les centres chrétiens de la région. Car nous, catholiques, nous savons que seul le dialogue et la rencontre permettent de grandir dans la connaissance et le respect réciproques. Les différences deviennent une richesse uniquement quand elles se rencontrent pour chercher de nouvelles formes de communion et d’estime ».
Le chômage des jeunes, inacceptable
A son retour, le secrétaire a tracé un bilan de sa mission, évoquant particulièrement le problème du chômage des jeunes : « Les jeunes représentent 60% de tous les chômeurs africains et les jeunes femmes sont les plus frappées… C’est de toute évidence une situation inacceptable pour un continent avec une réserve aussi impressionnante de jeunes talentueux et créatifs ».
En outre, a-t-il mis en garde, « le chômage des jeunes constitue une bombe à retardement qui, aujourd’hui, n’est pas loin d’exploser… Dans les grandes villes il est facile de croiser des jeunes en quête d’un emploi quel qu’il soit, qui se heurtent à de fréquents obstacles comme la discrimination ». Tout cela constitue un terrain favorable pour « les groupes extrémistes comme Boko Haram » qui y trouvent une manne pour leur recrutement.
Dans ce contexte, a-t-il estimé, « l’Eglise catholique ne peut rester à l’écart » : « elle est appelée à partage la vie des personnes et à découvrir leurs intérêts, leurs aspirations, ainsi que leurs blessures les plus profondes et ce qu’elles attendent de nous ». Il s’agit de ne pas « rester assis derrière un bureau » mais « d’aller au milieu des gens », de « lutter contre le chômage et le sous-emploi, d’agir en faveur de la création de postes de travail sûrs et décents pour les jeunes, de les encourager à opter pour l’enseignement technique et la formation professionnelle, d’accorder plus d’attention au développement rural et aux investissements dans l’agriculture, le tourisme et le bâtiment ».
« La prospérité future de ce continent dépend en effet des jeunes… dont le nombre ne cesse de croître », a insisté le « numéro 2 » du dicastère.
La fraternité, engagement concret
Parmi les thèmes spécifiques de l’assemblée plénière, Mgr Ayuso Guixot a mis l’accent sur la fraternité, qui ne se décline pas « dans un but incantatoire », ni « comme une vague sensation pour donner bonne conscience, mais plutôt comme un engagement concret envers les pauvres, les chômeurs et les migrants ».
« La culture africaine, a-t-il ajouté, aide les personnes à vivre spontanément cette fraternité dans un tissu de générosité qui mérite d’être encouragée et soutenue. (…) La construction de la cohésion sociale se base sur le pilier de la fraternité, et partout dans le monde, l’école de la fraternité se fait surtout au sein de la famille ».
Enfin, durant les travaux de l’assemblée, il a aussi été question des relations avec la religion traditionnelle africaine (Rta). Le représentant du Saint-Siège a encouragé à « reconnaître, conserver et faire progresser les valeurs spirituelles, morales et socio-culturelles présentes dans la Rta, tout en veillant à éviter la tentation de revenir à de vieilles pratiques incompatibles avec les droits de l’homme et avec la foi chrétienne ».
Avec une traduction d’Océane Le Gall

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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