Jeunes de Coordination nationale des organismes locaux pour la paix et les droits humains © L'Osservatore Romano

Jeunes Italiens pour la paix et les droits humains © L'Osservatore Romano

Face à la "violence" et à la "cruauté", le pape appelle les jeunes à ne pas se résigner

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Douceur, créativité, écoute, maîtrise de la parole

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Face à la « violence » et à la « cruauté », jamais de « résignation », a recommandé le pape François à 7000 étudiants participant à une rencontre promue en Italie par la Coordination nationale des organismes locaux pour la paix et les droits humains, qu’il a reçus le 6 mai 2017. Depuis la salle Paul VI du Vatican, il a encouragé à la « douceur », à la « créativité », à l’écoute et à la maîtrise de leurs paroles.
Après l’arrivée du pape sous les acclamations enthousiastes des jeunes, quatre d’entre eux ont formulé des questions pétries de leurs inquiétudes face au monde : « Saint-Père, pourquoi est-il si difficile d’apprendre à aimer ? », a demandé une jeune fille. « Il y a tant de guerres dans le monde… que faut-il faire pour les arrêter ? », a questionné un jeune après elle. Un troisième a évoqué la violence généralisée : « comment y répondre ? ». Une quatrième jeune fille a abordé la question de l’environnement menacé, puis un éducateur a demandé des conseils pour éduquer les jeunes à la paix.
Non à la résignation
« J’aime que vous les jeunes, vous compreniez qu’il y a quelque chose qui ne va pas, qui n’est pas normal… », a réagi le pape qui leur a répondu durant 45 minutes d’abondance de cœur. Il a dénoncé « une culture de la destruction » : « on détruit tant… Aujourd’hui il y a tant de cruauté, nous la voyons tous les jours à la télévision… des enfants affamés, maigres… ».
« Le monde est en guerre », a poursuivi le pape, qui s’est insurgé contre l’appellation « mère de toutes les bombes » désignant une bombe envoyée par les Etats-Unis sur l’Afghanistan : « Mais la maman donne la vie ! Et cette [bombe] donne la mort ! Et nous disons ‘maman’ à cet appareil ? »
« Dieu nous a créés pour construire, pour donner la vie, pour faire communauté, pour vivre en paix », a-t-il lancé en demandant à plusieurs reprises : « que se passe-t-il ? ». Mais l’évêque de Rome a aussi invité à regarder « les nombreuses personnes qui donnent leur vie pour les autres », qui « cherchent à faire du bien aux autres ». « Cela ne se voit pas », a-t-il fait observer : « Nous sommes tous un peu fous, oui, mais il y a beaucoup de bonnes choses dans le monde ».
D’où un encouragement à ne pas se résigner : « ‘Résignation’ est un mot interdit, jamais !… Il faut avancer avec créativité ! »
Réapprendre la douceur
Dans son discours fréquemment applaudi, le pape a mis en garde contre « la violence de la langue, les insultes, les médisances, les calomnies… le terrorisme des médisances ». « Si tu as envie de médire, mords-toi la langue », a-t-il conseillé aux jeunes : « C’est une bonne affaire, tu souffriras un peu… mais tu gagneras de ne pas être terroriste ». Et d’insister : « L’homme ou la femme qui maîtrisent leur langue sont parfaits… c’est si difficile ».
Au contraire, il a encouragé à « être doux, avoir une attitude de douceur ». Cela ne signifie pas « être stupides », mais « dire les choses en paix, tranquillement, sans blesser, chercher une façon de parler qui ne blesse pas ». Il s’agit notamment d’écouter les autres en les laissant terminer leurs phrases et de discuter paisiblement si l’on n’est pas d’accord, avec ces deux mots-clés : « écoute » et « dialogue ». Le pape a fustigé à ce propos un récent débat pré-électoral – sans le citer – où les candidats « se jetaient des pierres » : « Mais où était le dialogue ? »
Pour le pape Fra,çois, « la douceur est l’une des vertus que nous devons ré-apprendre ». S’inquiétant de la « baisse de niveau » de l’éducation actuelle, qui « n’éduque pas à la vertu de la douceur, de la paix », il a défendu les enseignants contre les parents qui prennent le parti de leur enfant puni ou réprimandé.
L’exploitation, péché mortel
Evoquant la crise environnementale, le pape s’est inquiété de la quantité de plastique polluant la mer Méditerranéenne, ainsi que des pesticides présents dans les aliments et des nombreuses pollutions à tous niveaux : « Nous sommes en train de détruire le cadeau le plus précieux que Dieu nous a donné : la Création ». Il a souhaité que la communauté internationale n’en reste pas aux seules paroles mais qu’elle agisse face au changement climatique.
Le pape François s’est aussi insurgé contre l’exploitation au travail, les emplois précaires : « Mais Père, ce sera là-bas, dans ce continent lointain ou dans ce pays lointain !’. Ici ! Ici, en Europe ! Ici ! Ici, en Italie ! Ici ! On exploite les personnes lorsqu’elles sont payées au noir, quand on fait un contrat de travail de septembre à mai, puis deux mois sans et ainsi il n’y a pas de continuité, et tu recommences en septembre ! »
« Cela s’appelle destruction, cela s’appelle – nous catholiques nous l’appelons péché mortel, l’exploitation ». Devant les jeunes qui avaient accroché sur un pan de mur une immense bannière proclamant « Merci François », le pape a aussi critiqué les trafiquants d’armes et les trafiquants de drogue.

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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