Mgr Bernardito Auza © Mission du Saint-Siège à l'ONU

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ONU: le Saint-Siège appelle à renforcer la participation des peuples autochtones

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Intervention de Mgr Auza à l’Assemblée générale des Nations unies

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La participation des représentants des autochtones aux réunions des organes compétents des Nations unies doit être renforcée, a déclaré Mgr Bernardito Auza à la 71e session de l’Assemblée générale des Nations unies à New York, le 17 octobre 2016. L’observateur permanent du Saint-Siège a plaidé notamment pour que les peuples autochtones soient « au cœur de la mise en œuvre » de l’Agenda 2030 et de l’Accord de Paris : « Ils doivent être les acteurs et non les spectateurs… Ils doivent être des agents actifs et des bénéficiaires non passifs ».
Intervenant lors d’une commission sur les droits des peuples autochtones, il a rendu hommage à leur « expérience humaine et culturelle inestimable ». « Leur combat pour préserver leur patrimoine (…), a-t-il ajouté, n’est pas seulement leur inquiétude, mais une préoccupation pour le monde entier ». Et Mgr Auza de dénoncer : « Déracinés de leurs maisons et de leurs terres traditionnelles, ils connaissent des taux plus élevés de pauvreté, de chômage et d’insécurité sociale et alimentaire que les populations non autochtones, constituant près de 15 % des pauvres du monde, bien qu’ils ne représentent que 5 % de la population mondiale ».
« Leurs expériences culturelles et leurs moyens de subsistance sont gravement menacés dans le paradigme social et économique international actuel », a poursuivi le représentant du Saint-Siège, déplorant « une économie menée en grande partie par des motifs de profit et de gain individuel plutôt que par la responsabilité pour le voisin, l’environnement et le bien commun ».
AK
Déclaration de Mgr Auza
Madame la Présidente,
L’Instance permanente des Nations Unies sur les questions autochtones estime qu’il y a plus de 370 millions de personnes autochtones réparties dans environ 90 pays dans le monde entier. [1] Bien qu’elles ne composent que 5 pour cent de la population mondiale, elles représentent d’innombrables années d’expérience humaine et culturelle inestimable. La communauté internationale repose sur leurs connaissances et leur approche unique du développement en tant que point de référence essentiel dans la prise en charge de notre maison commune et de l’humanité. Pour cette raison, leur combat pour préserver leur patrimoine, leur langue, leurs traditions religieuses et leurs moyens de subsistance à travers la réalisation de leur droit à l’autodétermination n’est pas seulement leur inquiétude, mais une préoccupation pour le monde entier.
Leurs expériences culturelles et leurs moyens de subsistance sont gravement menacés dans le paradigme social et économique international actuel. Une économie menée en grande partie par des motifs de profit et de gain individuel plutôt que par la responsabilité pour le voisin, l’environnement et le bien commun a laissé les peuples autochtones de plus en plus loin en arrière. Leurs territoires traditionnels, avec lesquels ils sont à la fois physiquement et spirituellement en communion, sont pris sans consultation. Les entreprises d’extraction, les travaux publics, et même des écologistes bien intentionnés les déplacent souvent. Déracinés de leurs maisons et de leurs terres traditionnelles, ils connaissent des taux plus élevés de pauvreté, de chômage et d’insécurité sociale et alimentaire que les populations non autochtones, constituant près de 15 pour cent des pauvres du monde, bien qu’ils ne représentent que 5 pour cent de la population mondiale. [2 ] Lors de sa rencontre avec un grand nombre de groupes autochtones en Bolivie, le pape François a observé : «Il est essentiel qu’avec la défense de leurs droits légitimes, les peuples [autochtones] et leurs organisations sociales soient en mesure de construire une alternative humaine à une mondialisation qui exclut ». Les indigènes ne sont pas seulement les bénéficiaires d’une telle approche alternative ; ils deviennent également les protagonistes de leur propre développement. [3] Leurs voix sont cruciales pour une telle conversation.
Madame la Présidente,
La mise en œuvre de l’Agenda 2030 et de l’Accord de Paris sont au cœur de l’effort renouvelé de la communauté internationale pour changer le récit mondial actuel de l’exclusion et énoncer des solutions concrètes aux fléaux de la pauvreté, du changement climatique, des déchets et de la dégradation de l’environnement. Les peuples autochtones doivent être au cœur de la mise en œuvre à la fois de l’Agenda et de l’Accord. Ils doivent être les acteurs et non les spectateurs du processus de mise en œuvre. Ils doivent être des agents actifs et des bénéficiaires non passifs des réalisations qui découleront d’une mise en œuvre participative efficace des uns et des autres. Les peuples autochtones exigent à juste titre non seulement le respect  de leurs droits dans le processus de mise en œuvre, mais aussi la nécessité d’adapter et d’intégrer les connaissances autochtones dans les politiques et actions socio-économiques et environnementales pertinentes.
Pour ce faire, la participation des représentants et des institutions des peuples autochtones aux réunions des organes compétents des Nations Unies doit être renforcée, en particulier sur les questions qui les touchent directement. À cet égard, ma délégation recommande que les consultations en temps opportun, inclusives, représentatives et transparentes qui ont eu lieu avec les États membres et les représentants des peuples autochtones au cours de la 70ème session de l’Assemblée générale se poursuivent avec plus de vigueur dans les négociations intergouvernementales au cours de la session actuelle.
Madame la Présidente,
Comme l’a dit le pape François, « aucune puissance réelle ou établie n’a le droit de priver les peuples du plein exercice de leur souveraineté. Chaque fois qu’elles le font, nous voyons l’émergence de nouvelles formes de colonialisme qui portent sérieusement préjudice à la possibilité de la paix et de la justice ».
Nous devons veiller à ce que la mise en œuvre de l’Agenda 2030, de l’Accord de Paris et d’autres engagements internationaux implique activement les peuples autochtones à travers le monde et leur bénéficie de manière efficace. Seulement alors pourrions-nous vraiment dire que nous avons rempli notre promesse collective de ne laisser personne en arrière.
Je vous remercie, Madame la Présidente.
1 “Indigenous Peoples to Seek Measures for Preventing Conflict, Securing Peace, at Annual Forum, 9-20 May”, Economic and Social Council, www.un.org/press/en/2016/hr5296.doc.htm (2015).
2 « Free Prior and Informed Consent: An indigenous peoples’ right and a good practice for local communities – Manual for Practitioners », Food and Agriculture Organization of the United Nations (2016).
3 Pape François, Discours pendant le « Seconde rencontre mondiale des mouvements populaires », Santa Cruz de la Sierra, Bolivie, 9 juillet 2015.
© Traduction de Zenit, Constance Roques

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Constance Roques

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