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ONU : « Toit, travail et terre », par Mgr Auza

Les conditions essentielles de la dignité humaine (traduction complète)

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« Toit, travail et terre : ces trois mots sont le minimum absolu de la dignité des individus et des familles », a affirmé Mgr Auza, reprenant le discours du pape François au Siège des Nations unies (25 septembre 2015 à New York).
Le nonce apostolique et observateur permanent du Saint-Siège aux Nations unies, Mgr Bernardito Auza, est en effet intervenu durant la 54e session de la Commission onusienne pour le développement social, le 8 février 2016 à New York.
Il a souligné la nécessité de « travailler de manière solidaire pour fournir à tous les individus les conditions matérielles et spirituelles minimum pour exercer leur dignité, comme pour fonder et entretenir une famille : toit, travail et terre », mais aussi « liberté spirituelle », religieuse en particulier.
Dénonçant la « globalisation de l’indifférence » et les « inégalités » persistantes, « malgré une croissance économique accrue – mais souvent fragile – et une reprise dans de nombreuses régions du monde », il a appelé à « s’attaquer à l’exclusion à la racine », pour un « développement durable, équitable et inclusif ».
Voici notre traduction complète du discours de Mgr Bernardito Auza.
 
Intervention de Mgr Auza
Monsieur le Président,
Ma délégation tient tout d’abord à vous féliciter, ainsi que votre bureau, pour votre élection à cette Commission en cette année charnière, et attend avec intérêt de travailler avec vous et avec nos autres délégations, puisque ensemble nous cherchons à faire en sorte que cette Commission, et les autres, soient « adéquates » et fournissent le soutien nécessaire à la mise en œuvre d’un Agenda 2030 pour le développement durable qui soit véritablement à dimension humaine, inclusif et intégré.
Monsieur le Président,
Malgré une croissance économique accrue et une reprise dans de nombreuses régions du monde, les progrès dans le développement social demeurent inégaux. Alors que la pauvreté a été réduite de manière significative au cours de la dernière décennie, des politiques sociales adéquates sont plus que jamais nécessaires pour faire face aux inégalités et aux vulnérabilités sociales sous-jacentes, rencontrées parmi ceux qui sont laissés pour compte par l’économie de marché. Sans ces mesures, nous risquons de porter atteinte à l’impact de la croissance économique sur l’éradication de la pauvreté et sur le bien-être de la société dans son ensemble.
Pour compliquer encore les choses, « les grands phénomènes mondiaux tels que les changements climatiques et les crises économiques, alimentaires et énergétiques mondiales récurrentes montrent aussi que les progrès en matière de réduction de la pauvreté et de développement humain peuvent être rapidement fragilisés ou anéantis par un choc économique, une catastrophe naturelle ou un conflit politique » (1).
Ces événements déstabilisateurs, bien que parfois imprévisibles, peuvent être atténués ou même empêchés par l’action collective de la communauté internationale. Des événements négatifs peuvent être exacerbés par une « globalisation de l’indifférence » qui engendre la création de « nouvelles formes de pauvreté et [de] nouvelles situations d’injustice, aux conséquences souvent néfastes en termes de sécurité et de paix » (2). Comme nous l’a rappelé le pape François dans son discours à l’Assemblée générale des Nations unies, le 25 septembre, « quand, ensuite, l’indifférence envers l’autre, envers sa dignité, ses droits fondamentaux et sa liberté, investit le niveau institutionnel, dans une culture imprégnée de profit et d’hédonisme, elle favorise et parfois justifie des actions et des politiques qui finissent par constituer des menaces à la paix. Un tel comportement d’indifférence peut aussi en arriver à justifier certaines politiques économiques déplorables, annonciatrices d’injustices, de divisions et de violences, en vue de l’obtention de son propre bien-être ou de celui de la nation. » D’autre part, la communauté internationale peut efficacement faire face aux événements négatifs par la « globalisation de la solidarité ».
Monsieur le Président,
Pour rallier la solidarité et combattre l’indifférence, la communauté internationale a fait un pas en avant ambitieux avec l’adoption de l’Agenda 2030 pour le développement durable, qui affirme que « le développement mondial requiert une vision plus intégrée, qui soit fondée dans la durabilité, l’équité et l’inclusion ». Ses buts et ses objectifs sont de s’attaquer aux inégalités et à l’exclusion à la racine, afin de construire des sociétés plus justes et plus paisibles, engagées dans l’éradication de toutes les formes de pauvreté et réalisant un développement durable dans ses trois dimensions, sans laisser personne en arrière.
Fondamentalement, cela signifie travailler de manière solidaire pour fournir à tous les individus les « conditions matérielles et spirituelles minimum pour exercer leur dignité, comme pour fonder et entretenir une famille qui est la cellule de base de tout développement social ». Le pape François, dans son discours à l’Assemblée générale, a affirmé que ce minimum absolu a trois noms : « toit, travail et terre ; et un nom spirituel : la liberté spirituelle, qui inclut la liberté religieuse, le droit à l’éducation et tous les autres droits civiques » (3).
Monsieur le Président,
En conclusion, tandis que nous espérons une mise en œuvre cohérente de l’Agenda 2030, renforcer le développement social dans les années à venir nécessitera un effort concerté de la part de tous les gouvernements pour tenir leurs engagements et construire un soutien international plus efficace. Un rôle important de la Commission sera de veiller à ce que l’Agenda bénéficie de ce soutien et maintienne une approche holistique du développement qui privilégie systématiquement les politiques sociales et qui encourage le développement intégral de la personne humaine et le bien commun de la société dans son ensemble.
Merci, Monsieur le Président.
(1) « Repenser et renforcer le développement social dans le monde contemporain », Rapport du secrétaire général (E/CN.5/2016/3).
(2) Message du pape François pour la célébration de la Journée mondiale pour la paix, 1er janvier 2016.
(3) Discours du pape François au Siège des Nations unies, à New York, le 25 septembre 2015.
 
© Traduction de Zenit, Constance Roques

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Constance Roques

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