Cardinal Parolin © Capture de Zenit / KTO

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«L’avantage spécial» du célibat dans le sacerdoce, par le card. Parolin

Congrès sur le célibat sacerdotal à la Grégorienne

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« Je tiens à souligner « l’avantage spécial » que l’Eglise reconnaît au célibat dans le sacerdoce, en ce sens qu’il est avant tout l’occasion pour un prêtre de mettre ses pas dans ceux du Christ et de le suivre en bon disciple, de se conformer à Lui », explique le cardinal Parolin.
Le cardinal Secrétaire d’Etat Pietro Parolin, est intervenu, samedi dernier, 6 février, lors de la conclusion d’un congrès sur le célibat sacerdotal qui s’est tenu à l’université pontificale grégorienne, à Rome (4-6 février 2016).
Il a fait observer qu’il n’est pas question pour le pape François de renoncer à cette tradition de l’Eglise : les traditions chrétiennes qui, comme l’Eglise anglicane, ont renoncé au célibat sacerdotal n’ont pas pour autant résolu la crise des vocations, une crise avant tout « démographique ».
Les organisateurs ont souligné la valeur du célibat, comme une « manière authentiquement humaine et légitime » d’affirmer son « adhésion à Dieu ».
Ils citent Paul VI, ils sont convaincus que le célibat sacerdotal « garde toute son importance y compris à une époque comme la nôtre, marquée par de profondes mutations des mentalités et des structures ».
Ils rappellent que « ce n’est pas un dogme mais une règle de vie, un don pour l’Église », mais « il trouve son fondement dans le Christ ».
Si la possibilité de « permettre à des hommes mariés d’accéder à la prêtrise est régulièrement évoquée surtout là où le manque de prêtres est criant », notons que l’ordination sacerdotale d’hommes mariés existe dans l’Eglise catholique orientale, mais il ne s’agit pas du « mariage » des prêtres : il s’agit d’un choix d’état de vie qui se fait avant le diaconat.
Est notamment intervenus lors du congrès le cardinal canadien Marc Ouellet, préfet de la Congrégation pour les évêques, et de la Compagnie des prêtres de Saint-Sulpice spécialement engagés dans la formation des candidats au sacerdoce, la direction des séminaires et la formation permanente du clergé.
Voici notre traduction complète de l’intervention du cardinal Parolin.
A.B.
Intervention du cardinal Pietro Parolin
Pour voyager légers
Je tiens à souligner « l’avantage spécial » que l’Eglise reconnaît au célibat dans le sacerdoce, en ce sens qu’il est avant tout l’occasion pour un prêtre de mettre ses pas dans ceux du Christ et de le suivre en bon disciple, de se conformer à Lui. Comme les apôtres appelés par Jésus « pour qu’ils soient avec lui » (Marco 3, 14), le prêtre vit la réalité du célibat comme un espace d’écoute et de liens privilégiés avec le Seigneur ; dans le silence et l’intimité, le disciple voit grandir son amour pour le maître et unit sa vie à la sienne. Il transforme sa vie pour répondre aux exigences de la mission qui lui a été confiée. Le prêtre est célibataire pour être sacramentellement configuré au Christ, pasteur et serviteur, chef et époux de l’Eglise.
Ceci explique plus facilement pourquoi, dans la mission qui lui est confiée, le célibat est un avantage pour le prêtre, comme je l’ai dit tout à l’heure. Dans le célibat, le prêtre est libre d’aimer tout le monde en Jésus Christ, sans s’attacher à personne en particulier. Et cette liberté d’aimer se concrétise dans les sentiments mais surtout les actions. Elle naît au fond du cœur pour se répandre ensuite dans la vie de tous les jours.  Loin de voir l’absence d’un rapport unique, ou privilégié, comme le mariage, par exemple, comme un signe de relations « légères », jamais approfondies, le célibat représente pour le prêtre une « opportunité » de prendre sur lui, en profondeur et en vérité, les peines de chaque personne ou situation qu’il rencontre en raison de son ministère.
Lorsque l’affectif est équilibré, cet amour est aussi libre de tout désir de possession ou d’attachement excessif ; parce que le prêtre aime en Jésus Christ, il est fidèle à sa mission, agit comme un instrument dans les mains de Dieu, pour unir son Eglise et les personnes autour de Lui.  Qu’il est beau de voir des personnes et des communautés aimer leur pasteur, mais de les voir surtout aimer le Christ grâce à lui et prêtes à ne suivre plus que le Christ.
Un prêtre qui aime en liberté ne craint donc pas les transferts et les nouvelles charges, même si la peine de quitter certaines personnes en particulier est humaine et compréhensible. Dans le changement de lieu et de situations, le prêtre se sentira dans la peau du disciple marchant derrière le maître. Son chemin est à une seule voie et infinie, et lui ne perçoit alors ni interruption ou fracture ; sa marche sera celle d’un disciple qui voit en chaque changement une étape, et finit par trouver dans tout ça, sa raison.
Enfin, j’aime penser au célibat sacerdotal comme un service offert librement. Comme Jésus a invité ses disciples à ne se procurer ni biens, ni outils humains d’aucune sorte (cf. Mt 10, 9-10) en vue de leur mission, le célibat représente cette manière de « voyager légers » pour arriver à tous, et avec l’amour de Dieu pour seul bagage. Configuré au Christ pasteur, le prêtre sera toujours en marche pour servir le peuple.
En conclusion, dans l’Eglise latine, le célibat est une vocation considérée « particulièrement avantageuse » pour ceux qui sont appelés au ministère sacerdotal. Elle est l’occasion pour le prêtre d’avoir une vie affective riche, grâce à son cheminement personnel et à l’exercice de sa mission ; cela ne veut donc pas dire « absence » de relations profondes, mais attribuer à ces relations un espace. C’est « un chemin de liberté » que le disciple prêtre accomplit avec le Christ, soutenu et animé par sa grâce, pour le bien de l’Eglise et du monde.
Dans le célibat du prêtre, la spiritualité est une proposition « positive », constructive, qui vise à ce que le peuple de Dieu ait toujours des pasteurs radicalement libres de tout risque de corruption et d’embourgeoisement.
En même temps, reconnaître la haute portée de cette proposition ne la rend pas exclusive. L’Eglise catholique, en effet, n’a jamais imposé le choix du célibat aux Eglises orientales. Et elle a aussi permis des exceptions au fil de son histoire, comme dans le cas de pasteurs luthériens, calvinistes ou anglicans mariés qui, accueillis dans l’Eglise catholique, ont obtenu une dispense pour recevoir le sacrement de l’ordre. On l’a vu sous Pie XII, en 1951 et plus récemment, en 2009, sous Benoît XVI avec le motu proprio Anglicanorum coetibus autorisant la constitution d’ordinariats dans les territoires de l’Eglise latine, où les ex-ministres anglicans, ordonnés prêtres catholiques, exercent leur ministère. Puis, suite à vague d’émigration de catholiques du Moyen-Orient, en juin 2014, le pape François, promulgue le décret Pontificia praecepta de clero uxorato orientali, qui permet aux prêtres orientaux mariés d’exercer leur fonction dans les communautés chrétiennes de la diaspora, donc en dehors de leurs territoires d’origine, levant ainsi de précédents interdits.
Actuellement, on parle beaucoup « d’urgence sacramentelle », surtout dans certaines zones géographiques, due au manque de prêtres. Cette urgence posant aussitôt la question de l’éventualité d’ordonner des « viri probati ». Même si le problème n’est pas des moindres, on ne saurait prendre de solutions hâtives et uniquement sur la base des urgences. Il reste néanmoins vrai que les exigences de l’évangélisation, ajoutées à celles de l’histoire et de la tradition multiforme de l’Eglise, laissent la porte ouverte à des débats légitimes, mais si ceux-ci sont motivés par l’annonce de l’Evangile et menés de manière constructive, en protégeant la beauté et la haute valeur du choix de rester célibataire.
Le célibat est en effet un don qui demande d’être accueilli et soigné dans la joie et la persévérance, pour qu’il puisse apporter tous ses fruits. Pour le vivre fructueusement, il est nécessaire que chaque prêtre continue à se sentir un disciple en marche pendant toute sa vie, qui a parfois besoin de temps en temps de redécouvrir et renforcer ses liens avec le Seigneur mais aussi de se laisser « guérir ».
© Traduction de Zenit, Océane Le Gall

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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