« Ce qu’ils publient n’est rien d’autre que le travail fait, par volonté du pape, pour chercher à rendre toute l’administration du Saint-Siège plus transparente et plus fonctionnelle », explique Mgr Becciu qui souligne la disponibilité de la Curie pour les réformes voulues par le pape.
Le substitut de la Secrétairerie d’État, Mgr Angelo Becciu, s’est exprimé ainsi le 5 novembre, au journal télévisé de la chaîne catholique italienne Tv2000 à propos de la publication de deux livres en Italie à partir de documents subtilisés au Vatican. Une affaire déjà rebaptisée « Vatileaks 2 ». C’est la seconde fois que Mgr Becciu intervient à ce sujet (cf. Zenit du 3 novembre 2015).
Il redit que le contenu de ces deux livres sont des « choses que l’on savait déjà » et qui « indiquent la volonté du pape de réorganiser le système financier du Saint-Siège ».
De fait, les documents obtenus par les auteurs sont le résultat des audits demandés par le pape lui-même pour la réforme que les cardinaux attendaient de lui en l’élisant au Siège de Pierre, le 13 mars 2013.
Dans ce sens, les « révélations », ne sont pas tant le fruit d’un travail d’investigation de journalistes, qui publient ce qui existait dans les archives du Vatican, que le fruit du travail d’investigation interne promue par l’administration vaticane sous l’impulsion du pape François.
« C’est clair, a-t-il ajouté, que des dysfonctionnements sont apparus, et c’est ce que les deux livres publient. Tout cela était déjà connu, c’était confidentiel à l’intérieur du Vatican, mais chaque État a sa part de confidentialité. Je pense qu’il est nécessaire de maintenir le secret, non pas pour éviter que les gens en aient connaissance, mais parce que c’était la volonté expresse du pape François, une fois découvert ce qui n’allait pas, afin d’y porter remède. »
A propos de l’enquête lancée après l’alarme donnée par l’Autorité d’Information Financière (AIF) à propos de l’usage de l’Administration du Patrimoine du Siège Apostolique (APSA) à des fins de recyclage : « C’est une nouvelle preuve de la transparence voulue par le pape », renchérit Mgr Becciu.
A propos d’excès de la Curie dénoncée par les auteurs (qui insistent notamment sur la taille de certains appartements, mais tel ou tel cardinal a déjà démenti les mètres carrés dénoncés), il ajoute : « A propos des excès de la Curie, si quelqu’un a exagéré, il devra se corriger et réduire la voilure. Sur les appartements du Vatican il ne faut pas être populiste : ils demeurent aux personnes jusqu’à la fin de leur charge pour ensuite passer à un autre. Ce sont des appartements hérités de l’histoire, ils ne sont pas fonctionnels mais qu’est-ce qu’on doit en faire, les détruire ? Faire d’autres appartements ? Nous devons sortir de Rome ? En faisant cela, on dépenserait encore plus d’argent. »
A propos des soi-disant « résistances » aux réformes, et des « intrigues », le substitut répond qu’au Vatican, il ne « voit » pas « d’intrigues de cour »: « Les temps ont changé. On discute, les réformes sont mises à l’examen, et certains expriment leurs opinions, mais cela ce n’est pas de la résistance, c’est un désir de bien faire les choses. On veut arriver à une définition claire des réformes que veut le pape et les incarner aussi en termes normatifs. Si on se laisse aller à l’improvisation, il est clair que tout s’écroule. Le pape n’est pas bloqué mais soutenu par nous tous. Je suis frappé quand je vois des personnes âgées se conformer à la volonté du pape : il y a une disponibilité et un accueil total de ce que dit François. »
Pour ce qui est du pape lui-même, Mgr Becciu confie qu’il « a souffert » – « je ne peux pas le nier » – mais « en même temps, il a une grande force de ressources morales qui sont pour nous une leçon » : « Il fait avancer avec sérénité, accepter ces contretemps et ces faits graves mais nous ne pouvons pas nous arrêter. Le pape a été le premier à nous encourager à ne pas nous replier sous le poids de cette douleur et de cette souffrance. »
On se souvient aussi du carton de documents que le pape Benoît XVI a remis au pape François lors de sa première visite au pape émérite, à Castelgandolfo, dix jours après son élection, le 23 mars 2013. Le pape émérite n’a jamais publié le résultat de l’enquête menée à sa demande par trois cardinaux après la fuite de documents réservés de ses appartements (l’affaire « Vatileaks »).
Les résultats de l’enquête indépendante des cardinaux Julian Herranz (Espagne), Jozef Tomko (Slovaquie) et Salvatore De Giorgi (Italie) avaient été remis directement et seulement au pape Benoît XVI, le 17 décembre 2012. Le pape Benoît avait reçu une seconde fois les trois cardinaux quelques jours avant la Sede vacante, le 23 février 2013. Luis Badilla (Il Sismografo) suggère que c’est une partie de ces documents qui aurait bien pu être subtilisés et diffusés.