Le confessionnal constitue « le moyen idéal pour exercer le ministère de miséricorde » même s’il n’est pas le seul, déclare le cardinal Stella dans les colonnes de L’Osservatore Romano.
Le cardinal Beniamino Stella, préfet de la Congrégation pour le clergé, publie en effet dans L’Osservatore Romano en italien des 12-13 octobre une réflexion sur le sacerdoce et la miséricorde.
« Parmi les vérités à montrer aux fidèles – surtout à l’approche du jubilé –, un prêtre ne peut faire l’impasse sur le visage miséricordieux de Dieu. En prenant exemple sur le pape François et regardant son magistère, il me plaît de penser à la miséricorde comme à un trait distinctif de tout le ministère sacerdotal, son épine dorsale », fait observer l’archevêque italien.
Une miséricorde qui passe par le confessionnal : « Le pape François invite fortement les prêtres à revenir au confessionnal, à consacrer du temps à ce ministère, qui doit figurer au sommet de leurs priorités. »
Se « sentir bien » au confessionnal
Plus précisément encore, il évoque les horaires pour faciliter l’accès au sacrement : « Avoir des horaires fixes et les faire connaître au public, “investir” du temps, en se mettant à la disposition des personnes pour les écouter, ne pas obliger les fidèles à leur courir après. Ces petites mises en garde sont importantes car un cœur repenti qui recherche le pardon du Seigneur et la réconciliation, est une précieuse “terre de mission” pour le prêtre. »
Plus encore, il invite le prêtre à se « sentir bien » au confessionnal et il souhaite qu’il soit « expérimenté » : « Il faut donc que le prêtre missionnaire soit présent, dans le confessionnal, pas seulement occasionnellement, il doit montrer qu’il est disponible à ceux qui le cherchent et veulent le rencontrer et que sa seule présence suffit à “leur insuffler” un certain malaise face à leurs péchés. Mais, en plus de cela, il est important que le prêtre “se sente bien” dans son confessionnal, qu’il se souvienne que son rôle est “à la fois celui d’un juge et d’un médecin”, et qu’il a été constitué “ministre aussi bien de la justice divine que de la miséricorde” (can. 978, § 1) ; il est important que dans le confessionnal il y ait un prêtre expérimenté, qui connaît la vie spirituelle et a conscience d’avoir un don de miséricorde à délivrer, car, comme le pape François l’a écrit, “le confessionnal ne doit pas être une salle de tortures mais le lieu de la miséricorde du Seigneur qui nous stimule à faire le bien qui est possible” (Evangelii gaudium, n. 44). »
Un « ministère de la proximité »
Ainsi, grâce au ministère du prêtre, le confessionnal devient le lieu de la « rencontre entre la fragilité humaine, animée par un sincère repentir, et la miséricorde de Dieu » et cela peut, ajoute le cardinal en citant l’homélie du 29 avril 2013 à Sainte-Marthe, « vraiment changer la vie d’une personne, car la confession – selon les paroles du pape François – c’est “une rencontre avec Jésus qui nous attend tels que nous sommes”, pour nous aider à “devenir comme lui nous veut” ».
A côté du confessionnal, il recommande de suivre les indications du pape « d’aller vers toutes les périphéries pour leur apporter à elles aussi la lumière de l’Evangile » : « Si nous regardons plus loin que le bout de notre nez, nous verrons que chaque paroisse a ses périphéries, celles plus évidentes, faites de pauvreté, d’exclusion, de malaise social et de maladie, et celles un peu plus cachées et discrètes, faites de solitude, d’isolement, d’abandon par ses proches, d’un emploi perdu. »
Ainsi, il souligne que « la périphérie n’est pas loin, pour le prêtre qui sait sortir de lui-même, et parfois elle commence par ses confrères, surtout ceux qui connaissent des difficultés, qui sont âgés ou malades ».
Il invite en outre, en citant le Regina Caeli du 26 avril dernier, à un « ministère de la proximité » : « Le prêtre n’est pas appelé à avoir la mentalité d’un “fonctionnaire” ou d’un “manager”, comme l’a rappelé le pape François : un homme habile à gérer, à programmer et “optimiser” son temps et ses activités, mais distant dans ses relations aux autres – qui “vole” du temps – aimable et courtois, mais comme incapable “d’affect”. »
Car, ajoute-t-il, « l’Evangile se transmet “d’une personne à l’autre”, surtout dans les situations de la vie quotidienne, des situations informelles où l’ont voit le prêtre vivre au milieu des gens, fréquenter les mêmes rues et les mêmes magasins, qui ne vit pas seulement de réflexions théologiques abstraites et d’un spiritualisme vide, mais incarne sa foi et son annonce dans toutes ses tâches journalières, de la plus petite à la plus grande ».
Les personnes, avant les « choses »
Il s’agit pour le pape d’une « prédication informelle » (Evangelii gaudium, n. 127) : « Comme l’ont montré Jésus et ses apôtres, en sillonnant les routes de Palestine, l’annonce de l’Evangile est dynamique, demande du mouvement et des échanges entre les personnes, car elle ne tombe pas comme la pluie de manière indistincte, comme une publicité efficace et bien construite, mais elle entre dans la vie de ceux qui l’écoutent, l’éclairant d’une nouvelle lueur et lui offrant une nouvelle clef de lecture. Pardonnez-moi le slogan, mais je crois qu’un prêtre doit avant tout “rencontrer” et n’“organiser” qu’après, à la lumière de l’Evangile de Marc : “Le sabbat a été fait pour l’homme, et non pas l’homme pour le sabbat” (2, 27). »
Pas de fête mondaine, mais l’humilité de la rencontre en somme : « Pensez à l’absurdité de la situation d’un prêtre qui se trouverait à organiser des fêtes patronales et des événements paroissiaux pour “attirer” les personnes et les connaître, et serait ensuite trop occupé et absorbé par l’organisation pour consacrer du temps et de l’attention à ceux qui le cherchent. Les personnes viennent toujours avant les “choses”, surtout au moment d’annoncer l’Evangile ; en toute humilité, je suis persuadé que les personnes pourraient ne pas se souvenir du prêtre qui a organisé une belle ballade ou une fête bien réussie, mais elles se souviendront toujours du prêtre qui aura séché leurs larmes, écouté leurs peines, partagé avec elles un moment difficile de leur vie, ou leur aurait donné un peu de son temps, comme signe de la proximité aimante de Dieu. »
Avec une traduction d’Océane Le Gall