« Si la liberté de religion n’est pas respectée, inévitablement d’autres libertés seront elles aussi érodées », fait observer Mgr Janusz Urbanczyk, représentant permanent du Saint-Siège à l’OSCE.
Il est en effet intervenu lors de la « réunion pour la mise en œuvre de la dimension humaine », 30 septembre 2015, à l’occasion de la « Session de travail 15 » sur le thème: « Libertés fondamentales II : Liberté de pensée, de conscience, de religion ou de croyance ».
Pour le Saint-Siège, il s’agit de « comprendre que les religions ne sont pas simplement des ensembles de normes ou d’enseignements mais ce sont des communautés vivantes basées sur la foi ou la croyance, et leur liberté garantit leur contribution aux valeurs morales sans lesquelles la liberté de chacun n’est pas possible ».
« Elles ne doivent pas être considérées comme un corps étranger au sein de la société, mais plutôt comme représentant ses parties vitales. En effet, la reconnaissance de la liberté de religion d’individus ou de communautés ne limite pas la liberté des autres. Au contraire, l’acceptation de la liberté religieuse d’autres personnes et groupes est la pierre d’angle du dialogue et de la coopération et la garantie de toutes les autres libertés, y compris la liberté d’expression et de réunion pacifique et d’association. Si la liberté de religion n’est pas respectée, inévitablement d’autres libertés seront elles aussi érodées », avertit le représentant du Saint-Siège.
Voici notre traduction intégrale de cette intervention.
A.B.
Déclaration du Saint-Siège
Monsieur le Modérateur,
Le respect de la liberté religieuse est au cœur même de la sécurité et de la stabilité dans la zone OSCE. Des tentatives d’éclipser le rôle de la religion dans la vie publique représentent non seulement une notion réductrice de la nature de la personne humaine, mais cela freine aussi le développement d’une paix authentique et produit très certainement une société moins juste. Défendre une vision transcendante de la dignité humaine, qui va au-delà de la dimension purement immanente et matérielle, sert à sauvegarder le bien commun des croyants et des non-croyants aussi, et établit la base sur laquelle ceux qui ont le moins de voix dans la société sont eux-mêmes défendus par une telle vision.
Une compréhension correcte de la nature de la liberté de religion ou de croyance reconnaît que ce sommet de la liberté humaine est un droit inaliénable enraciné dans la dignité transcendante de la personne humaine, qui ne peut jamais être remplacé par des droits apparemment contradictoires. Cela inclut, tant au niveau individuel que collectif, non seulement la liberté de culte mais aussi la liberté de suivre sa conscience en matière religieuse et la liberté de vivre en cohérence en exprimant ses points de vue en public. L’engagement des États membres à poursuivre la liberté de religion ou de croyance inclut certainement le devoir de protéger de manière appropriée les manifestations publiques de croyance religieuse.
Nous observons avec détresse qu’il y a déjà de nombreux signes avant-coureurs qui indiquent que la liberté de religion risque de devenir de plus en plus limitée, tandis que les droits humains de ceux qui désirent confesser et pratiquer leur foi librement, y compris en particulier les chrétiens, ne sont souvent pas garantis. Nous avons déjà entendu, même de la part des plus hautes instances de la société, que les institutions religieuses, et plus concrètement l’Église catholique, devaient changer leurs enseignements ou leurs positions à propos de la personne humaine. L’histoire démontre déjà abondamment combien des tentatives semblables se sont avérées tragiques et, en fin de compte, vaines. Les chrétiens doivent avoir le droit de participer pleinement à la vie publique sur un pied d’égalité avec les autres êtres humains, qu’ils soient membres d’autres religions ou non-croyants.
Loin d’être une simple concession de l’État ou de la société, la liberté de religion est un droit humain inaliénable et universel. Il devrait être clair que l’obligation de l’État consiste simplement à reconnaître et à protéger, mais pas à accorder, le droit à la liberté de religion et à son exercice libre et entier. Le droit international reconnaît que la liberté de conscience et de religion appartient au noyau essentiel des droits naturels que le droit positif ne peut jamais légitimement dénier. Le droit à la liberté de religion ou de croyance découle de la dignité unique de la personne humaine créée à l’image de Dieu et douée de raison et d’une volonté libre. Il faudrait aussi, en tout temps, garder à l’esprit que le droit à la liberté de religion est intrinsèquement lié au droit à la liberté d’expression.
Monsieur le Modérateur,
À cet égard, il est essentiel de bien comprendre que les religions ne sont pas simplement des ensembles de normes ou d’enseignements mais qu’elles sont des communautés vivantes basées sur la foi ou la croyance, et leur liberté garantit leur contribution aux valeurs morales sans lesquelles la liberté de chacun n’est pas possible. Elles ne doivent pas être considérées comme un corps étranger au sein de la société, mais plutôt comme représentant ses parties vitales. En effet, la reconnaissance de la liberté de religion d’individus ou de communautés ne limite pas la liberté des autres. Au contraire, l’acceptation de la liberté religieuse d’autres personnes et groupes est la pierre d’angle du dialogue et de la coopération et la garantie de toutes les autres libertés, y compris la liberté d’expression et de réunion pacifique et d’association. Si la liberté de religion n’est pas respectée, inévitablement d’autres libertés seront elles aussi érodées.
Je vous remercie, Monsieur le Modérateur.
© Traduction de Zenit, Constance Roques