Dans son message au cours de la liturgie, le cardinal Sandri a rappelé les souffrances et les persécutions des chrétiens au Moyen-Orient, les comparant au tremblement de terre de Northridge, en Californie, en 1994, qui avait endommagé l’église Sainte-Anne de Los Angeles.
Mgr Nicholas Samra, éparque de Newton, ainsi que Mgr Jose Gomez, archevêque de Los Angeles, et l’évêque maronite Mgr Zaidan étaient présents à la célébration.
Voici notre traduction du message du cardinal Sandri :
Excellences, Mgr Samra, Mgr Gomez et Mgr Zaidan,
Votre Grâce le métropolite orthodoxe syriaque,
Révérend Père Fouad, recteur de l’église,
Révérends pères, sœurs et frères dans le Seigneur,
Nous avons écouté l’homélie de Mgr Nicolas, qui nous aide à vivre pleinement cette divine liturgie par laquelle est rendue effective la décision du Saint-Père François d’élever cette église au rang de co-cathédrale de l’éparchie de Newton des grecs melkites.
1 – Nos pensées et prières vont tout d’abord au pape François qui, dès le début de son pontificat, a souhaité montrer sa proximité à l’égard des Églises catholiques orientales et de leurs pasteurs et fidèles, alors qu’ils font face à de grandes souffrances dans leur patrie et à travers le Moyen-Orient. Nous nous souvenons aussi du patriarche Grégoire III qui guide l’Église melkite depuis tant d’années.
2 – Aux yeux d’un spectateur désintéressé, cet acte solennel que nous accomplissons et la décision même du Saint-Père de répondre à la demande exprimée par votre évêque, pourrait sembler indiquer que vous êtes une Église dispersée : des paroisses réparties dans tout le pays, deux cathédrales, trois mille miles l’une de l’autre. Ce fait extérieur doit plutôt constituer une authentique vocation pour chacun de vous, pour vos prêtres et par dessus tout pour votre cher évêque Mgr Nicolas, qui est parmi vous comme l’image du Bon Pasteur. Cet appel consiste à témoigner au monde entier, et en particulier à cette société des États-Unis, qui vous a accueillis et dont faites maintenant partie intégrante, que le Christ, en donnant sa vie pour nous, a fait tomber tous les murs de séparation, a surmonté toutes les distances, comme l’affirme l’apôtre Paul. Le Christ ne permet pas à son peuple d’errer sans but à travers l’histoire, mais il le rassemble continuellement dans l’unité de l’unique Esprit, par la force de cohésion qu’est la paix. Et nous désirons assumer une responsabilité spécifique aujourd’hui : que chacun de nous, dans son cœur, devant Dieu, en famille, au travail et dans les autres domaines de la vie quotidienne, pose un geste d’unité et de réconciliation. Que chacun de nous s’efforce de ramener ce qui est dispersé, en commençant avec les pauvres et les personnes qui souffrent, les malades et ceux qui sont sans espoir, ou avec les jeunes qui se sentent trop souvent « privés de l’espérance » dans le difficile contexte du monde contemporain.
3 – Je suis très heureux que la célébration de ce jour se situe quelques jours seulement après le cinquantième anniversaire de la consécration de cette église, le 25 juillet 1965. Cette heureuse coïncidence nous invite tous à nous souvenir, dans l’action de grâce et la louange au Seigneur, de l’histoire de cette communauté et de cette éparchie. De même que les murs de l’église ont été consacrés par l’huile, il y a cinquante ans, ainsi chacun de nous a été consacré par le saint baptême. Nous avons été marqués du sceau de l’Esprit et nous sommes devenus le temple sacré de Dieu. Puisse le Seigneur nous accorder de vivre chaque jour dans la conscience de ce don qui nous a été fait.
4 – Les murs mêmes de ce temple racontent aussi l’histoire des dégâts causés par le tremblement de terre de Northridge en 1994, qui ont nécessité un travail de restauration long et méticuleux. Ce travail a réussi à faire resplendir à nouveau la beauté de cette église, grâce aux efforts et à la générosité d’un grand nombre. Si nous rapportons cette réflexion à notre temps, il semble que, depuis trop d’années, votre patrie, le Moyen-Orient, a été secouée dans ses fondations par un tremblement de terre qui paraît non seulement interminable, mais chaque jour plus intense. Il entraîne tristesse et souffrance, en particulier pour les plus petits et les plus pauvres, parmi lesquels beaucoup de nos frères et sœurs dans la foi. Beaucoup auront à répondre devant l’histoire et devant le siège du jugement de Dieu : tous ceux qui n’ont pas fait suffisamment pour empêcher ces souffrances inhumaines, quelle que soit leur affiliation religieuse, qu’il s’agisse de combattants ou de responsables politiques. En tant que croyants, pourtant, nous sommes certains que l’histoire est dans la main de Dieu qui n’oublie aucun de ses enfants. Par conséquent, les forces qui causent la souffrance au Moyen-Orient ne sont pas éternelles et doivent être surmontées. Si nous conservons le précieux trésor de notre foi chrétienne, si nous refusons de permettre que soit écrasée ou effacée notre dignité de créatures humaines, alors, nous sommes certains que même des plus grandes ruines, nous pouvons reconstruire une patrie et un jardin d’espérance, de justice et de liberté.
5 – Que le blason de votre éparchie soit pour nous un guide ; d’une manière symbolique, il contient en son sein l’affirmation de la fondation sur laquelle nous fixons notre vie, qui ne peut ni chanceler ni être détruite : le Christ, le Soleil de justice, qui se lève à l’est et nous remplit de sa joyeuse lumière. Nous le chantons dans la belle prière des vêpres byzantines, le Phos Ilaron, et nous chantons celle qui l’a porté en son sein et l’a donné au monde, la Mère de Dieu, la Très Sainte Vierge Marie.
En tant que citoyens des États Unis qui n’avez pas oublié votre origine et provenance ni votre appartenance à l’Église melkite, vous pouvez, j’en suis sûr, offrir une grande contribution. Ici, comme dans votre patrie, tout ce qui est en ruine peut être reconstruit, en commençant par soigner et consoler les blessures profondes du cœur de tant de nos frères et sœurs, victimes des conflits sanglants en Syrie et en Irak. Amen.
© Traduction de Zenit, Constance Roques