Summit of the mayors of the world in the Vatican

ZENIT - Rocío Lancho

« La protection de l’environnement est une attitude sociale » (2/2)

Allocution improvisée par le pape François l

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Le pape François évoque l’importance du rôle des Nations Unies et la nécessité de travailler à partir des périphéries pour transformer l’« inculture » – notion de Romano Guardini – en culture.

Alors que lui-même est en train de préparer son discours aux Nations Unies, le pape a fait observer : « Le Saint-Siège ou tel autre pays pourront faire un beau discours aux Nations Unies mais si le travail ne vient pas des périphéries vers le centre, c’est sans effet. » Mais en même temps, il souligne l’importance d’impliquer les Nations Unies dans la cause écologique au sens intégral, qui inclut l’humanité, notamment les plus vulnérables.

Dans la salle du synode, de nombreux maires des Etats-Unis où il se rendra en septembre prochain.

Impliquer les Nations Unies

Le pape invite à impliquer les Nations Unies, en vue du sommet de Paris: “Finalement, je dirais qu’il faut impliquer les Nations Unies. J’ai de grandes espérances pour le Sommet de Paris, en novembre, pour qu’il débouche sur un accord fondamental et basique. J’ai de grandes espérances mais, néanmoins, les Nations Unies doivent s’intéresser très fortement à ce phénomène, surtout, pour ce qui est de la traite des personnes provoquée par de phénomène environnemental, l’exploitation des gens.”

Le pape dénonce une nouvelle fois l’exploitation des enfants, les guerres: « Il y a quelques mois, j’ai reçu une délégation de femmes des Nations Unies chargées de l’exploitation sexuelle des enfants dans les pays en guerre. C’est-à-dire les enfants comme objet d’exploitation. C’est un autre phénomène. Et les guerres sont aussi un élément de déséquilibre de l’environnement. »

Transformer “l’inculture” en “culture”

Le pape a donné une clef de lecture tirée du théologien catholique allemand et philosophe des religions  Romano Guardini (1885-1968). Il en avait déjà parlé lors de du vol qui le ramenait des Philippines à Rome en janvier dernier. Il avait dit: “La première, c’est l’« inculture » que nous recevons par la création, pour la faire « culture ». Mais quand tu t’appropries trop la création et que tu dépasses une limite, et cette culture se retourne contre toi. Pensons à Hiroshima. On crée une deuxième « inculture » (cf. Zenit du 17 janvier 2015).

Le pape a expliqué plus amplement ce concept devant les maires: “Je voulais terminer par une réflexion qui n’est pas mienne, mais du théologien et philosophe Romano Guardini. Il parle de deux formes d’ “inculture”: l’ “inculture” que Dieu nous a confiée pour que nous la transformions en culture et il nous a donné la mission de prendre soin de la terre, de la faire grandir (…) ; et la deuxième “inculture”, lorsque l’homme ne respecte pas cette relation avec la terre, n’en prend pas soin, – c’est très clair que dans le récit biblique qui appartient à la littérature de type mystique -. Lorsqu’il n’en prend pas soin, l’homme s’empare de cette culture (…). C’est-à-dire que l’inculture (…) lui échappe des mains, et forme une deuxième forme d’inculture: l’énergie atomique est bonne, elle peut aider, mais jusqu’à un certain point, sinon, pensons à Hiroshima et Nagasaki, ou il se créé le désastre et la destruction – pour prendre un exemple ancien. Aujourd’hui dans toutes les formes d’inculture, comme celles dont vous avez parlé, cette deuxième forme d’inculture est celle qui détruit l’homme.”

Il a pris cet exemple d’un commentaire rabbinique: “Un rabbin du moyen âge – plus ou moins de l’époque de saint Thomas d’Aquin – et peut-être quelqu’un parmi vous me l’a déjà entendu dire – expliquait, dans un midrash, le problème de la tour de Babel à ses fidèles dans la synagogue, et il disait que construire la tour de Babel a pris beaucoup de temps, et beaucoup de travail, surtout pour faire les briques – cela supposait chercher la paille, faire de la boue, la pétrir, la couper, la laisser sécher, puis la mettre au four, la cuire, si bien qu’une brique était un bijou, avait une grande valeur – et ils montaient les briques pour les placer sur la tour. Quand une brique tombait, le problème était très grave et le coupable ou celui qui avait manqué d’attention et l’avait laissée tomber était puni. Quand tombait un des ouvriers du chantier, il ne se passait rien. Voilà le drame de la deuxième forme d’inculture : l’homme comme créateur d’inculture et non de culture. L’homme créateur d’inculture parce qu’il néglige l’environnement.”

Le travail de la périphérie vers le centre

Le pape François encourage la prise de consciences des villes en tant que “périphéries” : “Et pourquoi cette invitation de l’Académie pontificale des sciences aux maires et aux gouverneurs des villes? Parce que si cette conscience va du centre vers les périphéries, le travail plus sérieux et le plus profond se fait de la périphérie vers le centre. C’est-à-dire depuis vous jusqu’à la conscience de l’humanité. Le Saint-Siège ou tel autre pays pourront faire un beau discours aux Nations Unies mais si le travail ne vient pas des périphéries vers le centre, c’est sans effet. D’où la responsabilité des maires, des gouverneurs des villes. C’est pourquoi je vous remercie beaucoup de vous être réunies, en tant que périphéries  très sérieuses sur ce problème.  Chacun de vous a dans sa ville des choses semblables à celles dont j’ai parlé  et vous devez les gouverner, trouver des solutions, etc. Je vous remercie de votre collaboration.”

Transformer l’inculture en culture

Le pape a donc exhorté les maires à “transformer l’inculture en culture”: “Mgr Sanchez Sorondo m’a dit que beaucoup d’entre vous êtes venus et que tout cela est très riche. Je vous en remercie et je demande au Seigneur de nous donenr à tous la grâce de pouvoir prendre conscience de ce problème de destruction que nous-même nous portons qui est de ne pas prendre soin de l’écologie humaine, de ne pas avoir une conscience écologique comme celle qui nous a été donnée au commencement pour transformer la première inculture en culture et ainsi, freiner et ne pas transformer cette culture en inculture.  Merci beaucoup.”

Traduction de Zenit, Anita Bourdin

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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