Cardinal Peter Kodwo Appiah Turkson, WIKIMEDIA COMMONS - Missmarple76

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UNICEF : l’enfant « clé » pour comprendre Laudato Si’

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Le cardinal Turkson propose une interprétation de Laudato Si’ « axée sur l’enfant » pendant son intervention à l’UNICEF.

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Lire l’encyclique Laudato Si’ « avec les yeux de l’enfant » : c’est ce qu’a proposé le cardinal ghanéen Peter Turkson en intervenant lors de la session plénière de l’UNICEF, le 30 juin.

« Laudato Si’ prend en compte les enfants, a déclaré le président du Conseil pontifical Justice et Paix.  Mais nous pouvons aller plus loin. Nous pouvons explorer la perspective d’un enfant comme une clé pour comprendre l’encyclique ».

Le cardinal a proposé « une interprétation de l’encyclique axée sur l’enfant » en évoquant ses propres racines. « L’étreinte du Saint-Père qui embrasse toute la famille humaine – multi-générationnelle – résonne fortement en moi en tant qu’Africain, a-t-il dit. Beaucoup de cultures traditionnelles africaines partagent la croyance dans la présence réelle parmi nous de générations qui nous ont précédées et de celles qui naîtront plus tard. La famille d’aujourd’hui contient plus que ceux qui sont en vie en ce moment ».

Il a avoué avoir « senti de la douleur » dans les paroles du pape qui « déplore les conséquences pour les enfants lorsque les familles sont obligées de migrer quand des animaux et des plantes locales disparaissent en raison de changements climatiques ».

Le cardinal Turkson partage l’opinion du pape François qui « critique profondément les parents lorsqu’ils gaspille égoïstement les ressources pour ce qui n’est pas vraiment nécessaire, laissant leurs enfants avec moins de chance de construire leur propre vie de plus tard (n.162 de Laudato Si’) ».

L’encyclique Laudato Si’ « souhaite inspirer un changement des esprits et des cœurs », a affirmé le cardinal : « À travers les yeux de nos enfants, nous pouvons découvrir une fois de plus la beauté, l’émerveillement, la majesté de notre planète et de notre existence, la panoplie éblouissante de la vie. Grâce à leurs questions et les défis auxquels nous sommes amenés face à face avec nos hypocrisies, les compromis que nous avons faits à nos valeurs, les choix que nous devons réexaminer à la lumière de ce que nous savons dans nos cœurs pour être juste et vrai ».

Le cardinal Turkson a invité à se souvenir du regard de l’enfance : «  Il y a des similitudes entre les points importants de l’encyclique et les perspectives du livre populaire de 1988 de l’auteur américain Robert Fulghum intitulé « J’ai tout appris quand j’étais petit». Leur sage conseil est que nous devrions récupérer les leçons que nous apprenons tous dans notre enfance, les leçons comme « Partager. Être gentil. Nettoyer après vous. Toutes les choses avec modération. Prendre le temps d’émerveillement ».

Il insiste sur la notion de « soin » : « Le soin » est un mot central; il fait partie du titre, « Prenons soin de notre maison commune ». Il est répété des dizaines de fois. C’est très important. « Soin » va plus loin que «l’intendance» (mentionné seulement deux fois dans la version anglaise). De bons intendants prennent leurs responsabilités et respectent leurs obligations pour gérer et rendre compte. Mais on peut être un bon intendant sans se sentir connecté. Si l’on se soucie, cependant, on est connecté. Prendre soin signifie se laisser toucher par l’autre, si bien que ton chemin et tes priorités changent. Les enfants comprennent ces obligations. »

Le cardinal Turkson relève cette autre notion clé de l’encyclique, la “connexion”: “Nous sommes tous connectés. Les plantes et les animaux et les êtres humains; les étrangers, les amis et les ennemis; Dieu et l’humanité et le monde. La foi des enfants dans des choses comme la magie ou l’impossible vient directement de cette croyance que tout est lié. Il en va de leur sens de la moralité. Non seulement blesser les gens c’est mauvais. Mais aussi, quand votre sœur est triste, vos parents sont tristes ou même votre chien est triste, vous êtes triste aussi. Nous sommes tous profondément connectés. »

C’est ce qui expliue l’expression du pape d’écologie « intégrale » : « Avec son écologie intégrale, le pape souligne que nous sommes complètement connectés, intégrés avec tout et tout le monde. Ainsi, il invoque les soins pour nos enfants en formulant sa question cruciale sur l’environnement: «Quel genre de monde voulons-nous laisser à ceux qui viendront après nous, les enfants qui grandissent maintenant? » (n. 160). »

Il cite « Le Petit Prince » en disant : « Nous nous soucions de nos enfants; nous prenons soin pour nos enfants, si bien que les parents sacrifient énormément – même leur vie – pour assurer la sécurité et l’épanouissement de leurs enfants. (Rappelez-vous une belle leçon dans « Le Petit Prince » d’Antoine de Saint-Exupéry: le renard enseigne le garçon que la fleur a un sens relativement à ses soins pour elle.) Avec le soin, la ligne dure entre soi et les autres se ramollit, brouille, même disparaît. »

 

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Marina Droujinina

Journalisme (Moscou & Bruxelles). Théologie (Bruxelles, IET).

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