« Face à un « égoïsme social » croissant, l’Église (…) demande aux États de prendre leurs responsabilités et de gérer l’arrivée des migrants, des réfugiés et des demandeurs d’asile avec dignité et en sauvegardant leurs droits d’êtres humains », peut-on lire dans le communiqué publié au terme de la Rencontre des évêques et directeurs nationaux de la pastorale pour les migrants des conférences épiscopales en Europe.
La rencontre, organisée par la section « migration » de la commission CCEE Caritas in Veritate à Vilnius, en Lituanie, du 30 juin au 2 juillet 2015, a vu la participation d’une délégation du Conseil pontifical pour la pastorale des migrants et des personnes en déplacement.
Les participants ont échangé sur des aspects particulièrement urgents qui accompagnent le phénomène migratoire tels que « le problème des réfugiés ; la traite des êtres humains et les nouvelles formes d’esclavage ; les communautés de migrants et la question de la célébration des sacrements et enfin la pastorale et l’annonce de l’Évangile aux chinois en Europe ».
Le P. Mesmin Prosper Massengo, président du groupe de travail sur les migrations du Symposium des conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar (SECAM), a notamment expliqué le phénomène des réfugiés du point de vue des Africains.
Devant une « réalité sociale aux tendances plutôt préoccupantes », où « certains migrants sont considérés avec soupçon, méfiance et préjugés, sinon avec hostilité », les responsables pastoraux ont souhaité être « une voix prophétique ».
« Face à un « égoïsme social » croissant, l’Église, mue par l’amour de Dieu à l’égard de toute personne, se voit incitée à lancer un cri d’alarme et (…) demande aux États de prendre leurs responsabilités (…) et de gérer l’arrivée des migrants, des réfugiés et des demandeurs d’asile avec dignité et en sauvegardant leurs droits d’êtres humains », écrivent-ils.
Il s’agit de ne plus affronter le phénomène migratoire « uniquement en termes de budget et de sécurité » : « Les migrants – que ce soit pour des raisons économiques, politiques, religieuses et/ou de guerre – ne sont pas des « numéros » que les États peuvent se partager selon leurs convenances. »
« L’Église sait que Dieu accompagne l’histoire et croit que les migrations font partie du projet providentiel de Dieu. C’est pourquoi elle doit annoncer que la foi est plus forte que toutes les différences culturelles, sociales et nationales », affirment-ils : « S’il est accueilli en tant que personne, le migrant se révèle être aussi un don pour la communauté locale. »
Pour l’Eglise, « le défi de l’accueil n’est donc pas seulement un défi logistique, d’intervention ; c’est avant tout un défi éducatif des personnes et des communautés qui accueillent ». De même, « l’éradication de la traite et de l’exploitation de êtres humains passe par l’effort éducatif ».
Car si il existe « des milliers de « fourmis de Dieu » qui travaillent dans la rue aux côtés de ceux qui sont victimes de ce commerce inhumain », il faut s’inquiéter de « la demande, en augmentation constante » de « ceux qui recourent à ce genre de « prestations payantes » et sont complices de cette réalité : il est scandaleux – et certainement non chrétien et même non humain – d’abuser d’une autre personne pour satisfaire ses propres besoins ».
Une fois surmontée la phase de « premier accueil », les participants mettent en garde contre un risque d’« appauvrissement, voire d’abandon de la pratique religieuse » au sein des communautés de migrants.
« Le problème qui se présente en ce domaine est donc de préserver l’identité religieuse et culturelle d’une communauté donnée sans que cela se fasse au détriment de l’intégration, ni qu’on doive forcer une assimilation qui conduit souvent à l’abandon de la pratique religieuse… Il est nécessaire de faire preuve d’une grande sensibilité pastorale qui sache lire la réalité de chaque situation territoriale particulière, de manière à apporter des réponses adaptées aux diverses réalités », précisent-ils.
Enfin, les travaux ont abordé la question de l’annonce de l’Évangile aux Chinois en Europe : les participants rapportent que « ces dernières années, plusieurs conférences épiscopales ont beaucoup investi dans la formation de prêtres, en particulier dans le domaine linguistique et culturel. En effet, l’intégration d’une communauté telle que la communauté chinoise, souvent perçue comme « hermétique » vis-à-vis de la communauté locale, passe avant tout par la présence et le partage du même lieu de vie, par une proximité qui s’exprime avant tout par l’emploi de leur langue ».