« Il ne suffit pas de parler de paix : on doit faire la paix! Et qui parle de paix sans la faire se contredit ; et qui parle de paix mais favorise la guerre – par exemple en vendant des armes – est un hypocrite » : c’était un des leitmotivs de la visite du pape François en Bosnie-Herzégovine le 8 juin 2015.
Et le pape l’a à nouveau souligné lors d’une conférence de presse dans l’avion qui le ramenait de Sarajevo à Rome, à la fin de la journée.
Il a évoqué également l’influence de l’ordinateur sur la vie de famille et la question des apparitions de la Vierge à Medjugorje, sur lesquelles s’est penchée une commission constituée par Benoît XVI et présidée par le cardinal Camillo Ruini. La Congrégation pour la doctrine de la foi a reçu le dossier : « Nous sommes sur le point de prendre une décision », a précisé le pape. Il a aussi confirmé son intention de se rendre en France, sans pour autant donner de date.
A.K.
Conférence de presse dans l’avion
Silvije Tomašević – Bonsoir, Sainteté, beaucoup de Croates sont venus en pèlerinage, demandant si Sa Sainteté viendra en Croatie…. Mais puisque nous sommes en Bosnie-Herzégovine, il y a aussi un grand intérêt pour la prise de position sur le phénomène de Medjugorje…
Pape François – Sur le problème de Medjugorje, le pape Benoît XVI, en son temps, avait fait une commission présidée par le cardinal Camillo Ruini; il y avait aussi d’autres cardinaux, théologiens et spécialistes. Il ont travaillé et le cardinal Ruini est venu me voir et m’a remis l’étude, après des années – plus ou moins 3-4 ans. Il ont fait un beau travail, un beau travail. Le cardinal Müller [préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi] m’a dit qu’il ferait une “feria quarta” [une réunion spéciale] bientôt ; je crois qu’elle a été faite le dernier mercredi du mois. Mais je ne suis pas sûr… [Note du P. Lombardi: en réalité il n’y a pas encore eu de feria quarta dédiée à ce thème]. Nous sommes sur le point de prendre des décisions… Pour le moment on donne seulement quelques orientations aux évêques, ajustées aux grandes lignes qui seront adoptées. Merci !
Silvije Tomašević – Et la visite en Croatie ?
Pape François – La visite en Croatie? Je ne sais pas quand elle aura lieu. Maintenant je me souviens de la question que vous m’avez posé quand je suis allé en Albanie : « Vous commencez par un pays qui n’appartient pas à la communauté européenne » ; et j’ai répondu : « C’est un signe. Je voudrais commencer par visiter des pays en Europe, en partant des pays les plus petits, et les Balkans sont des pays qui ont beaucoup souffert! ». Ils ont beaucoup souffert… Et c’est pourquoi j’ai préféré aller là-bas. Merci!
Père Lombardi – Je laisse la deuxième question à Anna Chiara Valle de Famiglia Cristiana.
Anna Chiara Valle – Vous avez parlé de ceux qui fomentent volontairement un climat de guerre, et puis vous avez dit aux jeunes : il y a les puissants qui parlent ouvertement de paix alors que, secrètement, ils font du commerce d’armes. Pouvez-vous préciser votre pensée…
Pape François – Oui, il y a de l’hypocrisie, toujours! C’est pourquoi j’ai dit qu’il ne suffit pas de parler de paix : on doit faire la paix! Et qui parle de paix sans la faire se contredit ; et qui parle de paix mais favorise la guerre – par exemple en vendant des armes – est un hypocrite. C’est tout simple !…
Père Lombardi – Troisième question à Katia Lopez Hodoyan du groupe de langue espagnole.
Katia Lopez Hodoyan – Saint-Père, lors de votre dernière rencontre avec les jeunes vous avez insisté sur le fait qu’il faille faire très attention à ce qu’ils lisent, à ce qu’ils regardent: vous n’avez pas prononcé le mot « pornographie », mais vous avez parlé de « mauvaises pensées ». Pouvez-vous approfondir ce concept de perte de temps…
Pape François – Il y a deux choses différentes : les modalités et les contenus. Sur les modalités il y en a une qui fait mal à l’âme : c’est le fait d’être trop attaché à l’ordinateur. Trop attaché à l’ordinateur! Cela fait mal à l’âme et enlève la liberté : te rend esclave de l’ordinateur. C’est curieux, dans tant de familles les pères et les mères me disent : nous sommes à table avec les enfants et eux avec leur téléphone portable sont dans un autre monde. C’est vrai que le langage virtuel est une réalité que nous ne pouvons nier : nous devons la porter sur le bon chemin, car c’est un progrès de l’humanité. Mais quand cela nous détache de la vie ordinaire, de la vie familiale, de la vie sociale, mais aussi du sport, de l’art, et que nous restons accroché à l’ordinateur, cela est une maladie psychologique. C’est sûr ! Deuxièmement, les contenus. Oui, il y a des choses sales, qui vont de la pornographie à la semi-pornographie, aux programmes vides, sans valeurs: par exemple des programmes relativistes, hédonistes, gaspilleurs, qui fomentent toutes ces choses. Nous savons que la surconsommation est un cancer de la société, le relativisme est un cancer de la société ; j’en parlerai dans ma prochaine encyclique, qui sortira ce mois-ci. Je ne sais pas si j’ai répondu. J’ai dit le mot « saleté » pour dire une chose générale, mais tous nous savons ça. Il y a des parents très inquiets qui interdisent à leurs enfants d’avoir un ordinateur dans leur chambre; les ordinateurs doivent être dans un endroit de la maison accessible à tous. Ce sont de petites aides que les parents trouvent pour éviter justement cela.
Père Lombardi – Saint-Père, merci! L’organisation dit qu’il faut faire les distributions de la nourriture et ces autres choses… dans une demi-heure nous serons au sol…
[une question peu audible sur l’enregistrement, concernant une visite du pape en France]
Pape François – Oui, oui, j’ai l’intention d’aller en France. Je l’ai promis aux évêques.
Père Lombardi – Merci, merci beaucoup.
Pape François – Je vous remercie pour votre travail, pour le mal que vous vous donnez dans ce voyage… Merci infiniment pour votre travail, merci infiniment! Et priez pour moi, merci!
Traduction de Zenit, Océane Le Gall