La guerre en Syrie se poursuit entre l’armée gouvernementale, les troupes rebelles et les miliciens de Daech qui, refoulés de la ville de Palmyre, ont, lundi 18 mai, repris deux gisements de gaz non loin du site archéologique bien connu, à al-Hail et Arak. Ces gisements sont tous deux stratégiques pour la production de l’électricité dans les zones encore sous le contrôle de Damas, d’autant plus que la consommation d’énergie électrique dans tout le pays a baissé de 56 % en quatre ans de conflit, signe évident de la souffrance de la population civile. D’Alep, le père Ibrahim Alsabagh, franciscain de la Custodie de Terre Sainte fait le point de la situation au micro de Radio Vatican en italien.
« La souffrance existe et qu’elle est grande, c’est certain, dit-il. Les gens sont encore sans eau – il n’y a d’eau que certains jours, mais toujours avec des interruptions – et presque totalement sans électricité. Je parle en particulier de la situation à Alep : aujourd’hui, par exemple, il y aura l’électricité 2 à 3 heures par jour… Nous vivons un calme apparent, en espérant que cela continue. Nous ne savons rien de ce qui se passe autour de nous… Nous essayons de vivre au jour le jour, en portant le poids du jour et sans penser au lendemain. Nous n’avons aucune information et ne savons rien de clair. »
Le père Ibrahim Alsabagh demande que l’on « élève la voix » : « Quand je suis venu en Italie, récemment, j’ai demandé à toutes les personnes de bonne volonté de ne pas penser seulement à prier pour nous ou à nous faire seulement des dons. J’ai demandé qu’on élève la voix, qu’on remette toujours Alep et toute la Syrie sur la table des discussions et qu’on le fasse à voix haute ! Il faut trouver une issue par un dialogue pacifique entre toutes les parties. Il faut pousser, il faut faire pression, il faut chercher au moins à arrêter cet approvisionnement continuel en armes, qui arrive du monde entier. Malheureusement, ensuite, nous sentons les effets de ces armes en Syrie, sur le peuple. »
« Chaque jour qui passe, fait observer le franciscain, des dizaines de milliers de personnes meurent et sans que personne ne parle d’elles. Il y a beaucoup de personnes, et beaucoup de familles, qui sont très, très humiliées, les personnes vivent sans dignité. Pour nous, c’est une grande souffrance. »
Quant au sort des chrétiens, il ajoute : « La communauté chrétienne est fortement touchée que ce soit en tant que partie de la population, qui est maintenant avec l’armée et avec le gouvernement, ou parce qu’elle est une communauté chrétienne. Elle est très souvent fortement touchée, comme cela s’est produit dans la nuit du 10 au 11 avril, quand ces dizaines de missiles de destruction de masse on été lancés sur les habitations des familles chrétiennes d’origine arménienne : ils dormaient et étaient désarmés… Par conséquent, oui, la communauté chrétienne fait partie du peuple et elle souffre. Tout le peuple souffre certainement, mais la communauté chrétienne souffre de manière spécifique parce qu’elle professe la foi chrétienne.
Nous essayons de regarder l’avenir et nous avons beaucoup de projets : maintenant nous avons un cours de préparation au mariage pour plusieurs de nos jeunes et nous essayons de faire quelque chose pour l’été pour nos enfants, pour ne pas les laisser enfermés dans les maisons. Mais toujours en espérant qu’il ne se passe rien de mal, parce qu’il suffit d’une bombe pour vider les rues et pour annuler tout programme d’aide, de soutien, de rencontres, de cours et de camps que nous cherchons un peu à organiser. »
Traduction de Zenit, Constance Roques