« Je ne sais pas me servir d’un ordinateur: quelle honte ! », confie le pape à de jeunes handicapés, les encourageant à « ne pas s’effrayer face aux difficultés ». Il affirme que chacun est « capable de dépasser toutes [les difficultés], il faut seulement du temps pour comprendre, de l’intelligence pour trouver le chemin et du courage pour aller de l’avant ».
Le pape François a participé à la cérémonie de clôture du IVe Congrès mondial éducatif de « Scholas Occurrentes », qui a eu lieu du 2 au 5 février 2015 au Vatican, sur le thème « Responsabilité sociale éducative. Un engagement de tous les acteurs ».
Le réseau international éducatif Scholas Occurrentes est né en Argentine, à Buenos Aires sous l’impulsion de Mgr Bergoglio alors archevêque. Institutionnalisé par l’Académie pontificale des Sciences, en 2013, il regroupe aujourd’hui 400 mille écoles, sur les 5 continents, qui échangent entre elles à travers le sport, l’art et la technologie.
Au cours de la rencontre avec les quelque 300 participants, dans la salle du synode du Vatican, le pape a échangé en liaison vidéo avec sept jeunes handicapés de divers endroits du globe – États-Unis, Amérique du sud, Afrique, Australie, Moyen-Orient.
Capables de dépasser toutes les difficultés
Durant le dialogue, le pape a confié à la jeune Alicia ses lacunes pour conduire les voitures et dans l’utilisation de la technologie : « Je ne sais pas me servir d’un ordinateur: quelle honte ! »
Isabel, non-voyante de 13 ans, aimant l’athlétisme, a demandé au pape de dire à qui ceux qui sont en difficulté de « ne pas abandonner, car avec un peu d’effort on peut arriver où l’on veut ».
Taylor a témoigné qu »il avait « rencontré beaucoup d’obstacles dans sa scolarité ». Le pape l’a encouragé à « ne pas s’effrayer face aux difficultés » car « nous sommes capables de toutes les dépasser, nous avons seulement besoin de temps pour comprendre, d’intelligence pour trouver le chemin et de courage pour aller de l’avant ».
« Lorsque vous communiquez, vous donnez le meilleur de ce qui est à l’intérieur de vous et vous recevez des autres ce qu’il ont de mieux à l’intérieur d’eux », a-t-il souligné pour le jeune Manosh.
Ouvrir l’écrin intérieur pour partager le trésor
« En vous tous, il y a un écrin et à l’intérieur, il y a un trésor. Votre travail est d’ouvrir l’écrin, d’en sortir le trésor, de le faire grandir, de le donner aux autres et de recevoir celui des autres. Chacun de nous a un trésor à l’intérieur. Si nous le laissons enfermé, il reste caché, si nous le partageons avec les autres, le trésor se multiplie avec les trésors qui viennent des autres », a déclaré le pape au terme de la visioconférence.
« Le pacte éducatif qui se fait en famille, à l’école, dans la patrie, dans la culture est rompu » dans la « crise de civilisation » actuelle, a-t-il fait observer aux participants : « la société comme la famille ou les diverses institutions délèguent l’éducation aux professeurs, qui généralement mal rémunérés portent cette responsabilité… ».
Pour reconstruire le pacte éducatif, il a proposé « la voie de la culture, du sport et des sciences pour construire des ponts » : « Scholas veut harmoniser le langage de la tête avec le langage du cœur et le langage des mains. Qu’une personne sache penser à ce qu’elle ressent et ce qu’elle fait ; qu’elle sache ressentir ce qu’elle pense et ce qu’elle fait ; qu’elle sache faire ce qu’elle sent et ce qu’elle pense. »
Retrouver les éléments fondateurs de sa culture
Il a exhorté à chercher l’harmonie, qui ne consiste pas à « parvenir à des compromis, à une capacité partielle de s’entendre » mais à « créer la capacité d’entendre les différences, d’accepter les différences, de valoriser les différences et de les laisser s’harmoniser ».
Pour atteindre l’harmonie, le pape a encouragé chaque nation à « chercher les éléments fondateurs dans sa tradition historique, populaire » : « La culture italienne, par exemple ne peut nier Dante comme fondement » et l’Argentine est marquée par l’oeuvre « Martin Fierro ».
Le jeu également est un élément important dans l’éducation : « Le Livre de la Sagesse dit que Dieu jouait, la sagesse de Dieu jouait. Redécouvrir le jeu comme chemin éducatif, comme expression éducative. L’éducation n’est pas seulement information, elle est créativité dans le jeu. Cette dimension ludique qui nous fait grandir dans la créativité et dans le travail ensemble. »
Enfin, le pape a encouragé à rechercher la beauté, présente dans les fondements des cultures à travers « l’art, la musique, la peinture, la sculpture, la littérature ».
Il avait déjà dialogué en visioconférence avec des étudiants de cinq pays des cinq continents à l’initiative de Scholas Occurentes en septembre 2014.