La « colonisation idéologique » dont parle le pape François, utilise les besoins d’un peuple et les enfants de ce peuple, pour propager « une idée qui veut changer une mentalité ». Face à cette menace, il défend « la liberté » des peuples, « leur culture, leur histoire ».
Le pape a longuement répond aux questions des journalistes, lors du vol Manille-Rome, au retour de son 7e voyage apostolique au Sri Lanka et aux Philippines, le 19 janvier 2015. Il est notamment revenu sur sa mise en garde aux familles contre la « colonisation idéologique » :
« La colonisation idéologique : je donnerai seulement un exemple, que j’ai vu moi-même. Il y a vingt ans, en 1995, une ministre de l’Instruction publique avait demandé un prêt élevé pour construire des écoles pour les pauvres. On lui a accordé le prêt à condition que, dans les écoles, il y ait un livre pour les enfants d’un certain niveau. C’était un livre scolaire, un libre bien fait sur le plan didactique, où l’on enseignait la théorie du genre. Cette femme avait besoin de l’argent du prêt, mais c’était la condition. Elle a été maligne, elle a dit oui et elle a fait faire un autre livre et elle a distribué les deux et c’est comme cela qu’elle a réussi… C’est cela la colonisation idéologique : on entre chez un peuple avec une idée qui n’a rien à voir avec le peuple ; … et on colonise le peuple avec une idée qui change ou qui veut changer une mentalité ou une structure. Pendant le synode, les évêques africains se sont plaints de la même chose : pour certains prêts, certaines conditions. Je dis simplement ce que j’ai vu. Pourquoi est-ce que je parle de « colonisation idéologique » ? Parce qu’on prend justement le besoin d’un peuple ou l’occasion d’entrer en étant forts, en utilisant les enfants. Mais ce n’est pas nouveau, cela. Les dictatures du siècle dernier ont fait la même chose. Elles sont entrées avec leur doctrine. Pensez aux Balilla [sous le régime fasciste, ndlr], pensez à la Jeunesse hitlérienne. Ils ont colonisé le peuple, c’est ce qu’ils voulaient faire. Mais que de souffrances ! Les peuples ne veulent pas perdre leur liberté. Le peuple a sa culture, son histoire ; tous les peuples ont leur culture. Mais quand des conditions sont imposées par les empires colonisateurs, on cherche à faire perdre aux peuples leur identité et à tout égaliser. C’est la mondialisation de la sphère : tous les points sont équidistants du centre. Et la véritable mondialisation – j’aime bien dire cela – n’est pas la sphère. C’est important, la mondialisation, mais pas comme la sphère : comme le polyèdre, c’est-à-dire que chaque peuple, chaque partie, doit conserver son identité, son être, sans être colonisée par des idéologies. C’est cela, les « colonisations idéologiques ». Il y a un livre, excusez-moi, mais je fais de la publicité, il y a un livre dont le style est peut-être un peu lourd au début, parce qu’il a été écrit en 1903 à Londres. À cette époque, cet écrivain a vu ce drame de la colonisation idéologique et il le décrit dans ce livre. Il s’appelle « The Lord of the Earth » ou « The Lord of the World », un des deux. L’auteur est Benson, écrit en 1903, mais je vous conseille de le lire. En le lisant, vous comprendrez bien ce que je veux dire par « colonisation idéologique ». »
Traduction de Zenit, Constance Roques