La liberté d'expression doit s'acccompagner de réalisme et de prudence

En route vers Rome le pape explique ses propos du vol Colombo-Manille

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La liberté d’expression doit s’acccompagner de réalisme et de prudence, estime le pape François, au risque de provoquer une « réaction injuste ».

Il s’est expliqué sur ses propos du vol Colombo-Manilledans l’avion qui l’a ramené, ce 19 janvier, de Manillel à Rome, en répondant aux questions de la presse.

Il avait parlé d’un « coup de poing » à celui qui insulterait sa mère. En aucun cas il ne s’agit d’une justification encore moins d’un feu vert donné à cette réaction « naturelle »: « En théorie », on pense tous qu’il ne faut pas répondre à une provocation, fait observer le pape. Mais « en réalité », constate-t-il, « nous sommes tous humains ».

C’est ainsi, explique-t-il, qu’une offense répétée peut entraîner une réaction. Il invite donc au réalisme et à la prudence, à ne pas « provoquer continuellement ».

« Je ne peux pas insulter, provoquer continuellement une personne, car je risque de l’énerver, je risque de provoquer une réaction injuste. C’est humain. La liberté d’expression doit donc tenir compte de la réalité humaine et doit donc être prudente », a explique le pape François.

Sur le vol Colombo-Manille, le 15 janvier, le pape avait avoqué la liberté d’expression et de religion.

Il avait insisté: « On ne peut pas tuer au nom de Dieu. Tuer au nom de Dieu est une aberration. Je crois que c’est la chose principale sur la liberté de religion: on doit le faire librement, sans offenser, mais sans imposer et sans tuer.”

Pour la liberté d’expression, le pape est tout aussi clair: c’est non seulement un droit mais une “obligation” morale. Avec une limite: “ne pas offenser la foi de l’autre”, ne pas s’en “moquer”.

Le pape François s’expliquait sur la limite à cette liberté d’expression qui n’est donc pas un absolu: “La liberté d’expression. Chacun a non seulement la liberté, le droit mais il a aussi l’obligation de dire ce qu’il pense pour aider le bien commun. L’obligation. Pensons à un député, à un sénateur: s’il ne dit pas ce qu’il pense être le vrai chemin, il ne collabore pas au bien commun. Et pas seulement eux, beaucoup d’autres. Nous avons l’obligation de parler ouvertement, d’avoir cette liberté, mais sans offenser. Parce que c’est vrai, on peut réagir violemment (…). On ne peut pas provoquer, on ne peut insulter la foi des autres, on ne peut pas se moquer de la foi. Dans un discours, je ne me souviens plus très bien où, le pape Benoît avait parlé de cette mentalité post-positiviste, de la métaphysique post-positiviste qui finit par conduire à croire que les religions ou les expressions religieuses sont une sorte de sous-culture, qu’elles sont tolérées, mais sont peu de chose, elle ne font pas parltie de la culture des Lumières. C’est un héritage des Lumières. Tant de gens parlent mal des religions, s’en moquent, disons “jouent” avec la religion des autres.(…) C’est une limite: toute religion a sa dignité, toute religion qui respecte la vie humaine, la personne humaine. Je ne peut pas m’en moquer. Et c’est une limite. J’ai pris cet exemple de la limite pour dire que dans la liberté d’expression il y a des limites (…).”

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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