Le cardinal Ranjith remercie le pape François de sa visite, de la canonisation du premier saint, venu de l'Inde, et il demande sa bénédiction pour que le pays progresse sur le chemin de la "réconciliation", de la "confiance" et de la "réciprocité".
Au terme de la messe de canonisation de saint Joseph Vaz, ce mercredi matin, 14 janvier, à Colombo (Sri Lanka), le pape a été salué par les paroles du cardinal Malcolm Ranjith, archevêque de la capitale du Sri Lanka.
Il a été interrompu par des applaudissements quand il a exprimé "le profond respect et amour" des Sri-Lankais pour le pape François, et trois fois quand il l'a remercié pour le don de saint Joseph Vaz comme premier saint du pays, venu de l'Inde, "fierté de Goa et pierre précieuse pour le Sri Lanka": "nous remercions Goa pour le don précieux de son fils".
"Notre nation est bénie par les enseignements des grandes religions du monde : le bouddhisme, l’hindouisme, l’islam et le christianisme. Elle possède la force et la noblesse morales et spirituelles nécessaires pour générer une telle paix, mais nous aurons tous besoin de faire ce saut en direction de l’autre dans un esprit sincère de réconciliation, de confiance et de réciprocité. Saint-Père, bénissez-nous dans cette résolution", a déclaré le cardinal Ranjith.
A.B.
Discours du cardinal Ranjith
Très Saint Père,
C’est avec une grande joie et des sentiments d’affection filiale que nous, citoyens du Sri Lanka et membres de l’Église catholique, nous vous accueillons aujourd’hui parmi nous. Je suis certain que vous avez déjà pu faire l’expérience de la foi simple et sincère de notre peuple ainsi que de la loyauté et du respect pleins d’amour avec lesquels ils vous ont entouré dès que Votre Sainteté a touché notre terre. Je dois dire à ce sujet que, à l’instar des millions d’admirateurs que vous avez dans le monde, notre peuple, les Srilankais - quelle que soit leur religion, leur race, leur origine sociale ou leur couleur - ont accueilli avec un respect et un amour profonds votre visite pastorale sur notre belle petite île.
Plus encore, en plus du cadeau de votre présence sur cette terre, vous nous avez fait le don d’un saint : saint Joseph Vaz. Ce cadeau nous rend vraiment heureux, car le Sri Lanka a désormais son propre saint, fierté de Goa et pierre précieuse de Dieu pour le Sri Lanka.
Nous vous remercions pour ce don si précieux de celui dont la vie et le service ici, dans son pays adoptif, a sauvé la foi des catholiques pendant une période difficile et douloureuse de leur histoire et a laissé l’héritage durable de l’amour infini de Dieu pour nous. Dieu a réellement inspiré à ce saint homme d’abandonner sa patrie et son peuple bienaimés pour se lancer dans l’inconnu, comme Abraham, et venir tout seul raviver la foi de nos ancêtres. Nous remercions l’Église de Goa pour ce précieux cadeau qu’elle nous a fait de son fils. Ils sont nombreux aujourd’hui, en fait, ceux de cette Église vivante qui nous ont rejoints avec leur patriarche et nous les accueillons d’un cœur reconnaissant.
Votre Sainteté, comme vous l’avez indiqué dans le discours que vous nous avez adressé le 8 février de l’an dernier, dans la basilique Saint-Pierre de Rome, le Sri Lanka est « appelé la Perle de l’Océan indien en raison de sa beauté naturelle et de sa forme, une perle en forme de larme ». Et en effet, vous l’avez aussi mentionné, les perles sont cultivées à partir de la larme d’une huitre.
Dans un passé récent, nous avons versé beaucoup de larmes à cause du conflit interne qui a fait tant de victimes et épuisé nos ressources. Nous luttons encore pour nous relever de ce triste passé et pour entrer dans une période de véritable réconciliation, de paix et de progrès pour notre peuple. C’est un chemin difficile. Nous avons besoin de vos prières et de vos bénédictions ainsi que de votre direction paternelle. En cette occasion, c’est vrai, vous nous aviez promis votre prière et nous vous en remercions. Nous vous demandons de bien vouloir nous aider dans cette quête – pour une vraie guérison des cœurs, avec la force de nous demander mutuellement pardon pour la violence insensée qui s’est alors déchaînée, pour pardonner et oublier ce triste passé afin d’entrer dans un processus d’échange qui construira des ponts de compréhension entre les parties blessées dans le conflit. Nous sommes encore loin du but. Nous espérons et nous prions afin que votre auguste personne, qui nous enseigne les voies sublimes de la religion pour surmonter ces obstacles, nous aide à nous rapprocher les uns des autres. Nous demandons à notre bienaimé saint Joseph Vaz d’intercéder pour nous au ciel afin que le Sri Lanka soit capable d’accomplir bientôt le miracle de la paix et d’atteindre son objectif : le progrès et le bonheur véritable de son peuple tout entier, sans distinction aucune.
Saint-Père, notre nation est bénie par les enseignements des grandes religions du monde : le bouddhisme, l’hindouisme, l’islam et le christianisme. Elle possède la force et la noblesse morales et spirituelles nécessaires pour générer une telle paix, mais nous aurons tous besoin de faire ce saut en direction de l’autre dans un esprit sincère de réconciliation, de confiance et de réciprocité. Saint-Père, bénissez-nous dans cette résolution. Nous vous remercions pour votre présence parmi nous et vous demandons d’accorder votre bénédiction paternelle et apostolique au Sri Lanka, notre belle patrie bien-aimée, et à tout son peuple.
Merci.
© Traduction de l'anglais: Zenit, Constance Roques