Saint Jean-Paul II, pape de la Toussaint

Et la fête du « saint inconnu »

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Le jour de la Toussaint, c’est aussi l’anniversaire de l’ordination sacerdotale de Karol Wojtyla, aujourd’hui saint Jean-Paul II. Il a en effet été ordonné prêtre le jour de la Toussaint, le 1er novembre 1946, dans la chapelle du Wawel à Cracovie, près des tombeaux des rois et des saints polonais, par le cardinal Adam Stefan Sapieha (1857-1951), alors que son pays sentait déjà peser le joug soviétique.

Il a déclaré un jour qu’il plaçait les béatifications et canonisations parmi les actes les plus importants de son pontificat. Il voyait dans la Toussaint la fête des saints proclamés et en même temps la fête du saint « inconnu ».

La fête de tous les saints était ainsi en quelque sorte une fête privilégiée de Jean-Paul II, le « pape de la sainteté », comme le disait un jour le cardinal portugais José Saraiva Martins, alors préfet de la congrégation à laquelle le pape – et l’Esprit Saint – ont donné un énorme travail : la Congrégation pour les causes des saints. 

Jean-Paul II a canonisé, pendant son pontificat (16 octobre 1978 – 2 avril 2005) 482 bienheureux, au cours de 52 messes de canonisation (38 au Vatican et 14 lors de voyages internationaux), soit environ six fois plus que ces prédécesseurs, en quatre siècles, depuis Clément VIII, qui est mort en 1605.

Et il a béatifié 1341 baptisés, au cours de 147 célébrations (86 au Vatican et 61 à l’étranger).

Jean-Paul II avait en effet le souci de donner des modèles de vie chrétienne aux Nations, aux peuples, aux Eglises, ou aux états de vie qui n’avaient pas ou peu de modèles de sainteté. C’est le cas des Gitans qui ont leur premier bienheureux dans le Zephyrin Gimenez Malla (1861-1936), martyr de la Guerre civile espagnole. 

C’est le cas des enfants qui ont désormais en Jacinthe et François Marto, les pastoureaux de Fatima, les premiers enfants bienheureux non-martyrs. 

C’est le cas des foyers: Louis et Marie Beltrame Quattrocchi sont les premiers époux béatifiés ensemble par un pape et leur fête liturgique à été fixée à la date anniversaire de leur mariage, le 25 novembre.

C’est le cas de l’Eglise gréco-catholique d’Ukraine, autrefois supprimée et persécutée par Staline.

Ces canonisations et béatifications constituent également une occasion de faire « la vérité sur notre histoire », aussi n’apparaissent-elles pas toutes à l’opinion publique comme « politiquement correctes » : le pape a béatifié de nombreux martyrs de la Révolution française, naguère oubliés dans les cérémonies du bicentenaire, les martyrs de la Guerre civile espagnole, oubliés par la plupart des manuels d’histoire, les martyrs du nazisme (y compris des Allemands) et ceux du communisme, comme le cardinal Stepinac en Croatie, en 1998, en dépit des polémiques. 

Or, et ce pourrait sembler un paradoxe, Jean-Paul II qui a insisté tout au long de son pontificat sur la reconnaissance de la sainteté dans la vie de l’Eglise, a été en même temps le pape qui demandait pardon pour les péchés passés des fils de l’Eglise, comme à Paris en 1997, avec la demande de pardon pour la Saint-Barthélémy. Et surtout, avec la demande de pardon placée au cœur du Grand jubilé de l’incarnation, le 12 mars 2000, en la basilique Saint-Pierre. Le pape invitait à une purification de la mémoire, pour l’entrée de l’Eglise dans le IIIe millénaire. Le journaliste italien Luigi Accatoli a pu recueillir ces demandes de pardon dans son livre: « Quand le pape demande pardon ».

Or, cette purification – le paradoxe n’est donc qu’apparent – vise la sainteté. Car, le saint pape polonais n’a eu de cesse de le rappeler, par exemple aux évêques en visite ad limina, l’appel universel à la sainteté est au coeur de l’Evangile, au cœur du message du concile Vatican II, et au cœur de toute action pastorale de l’Eglise, au coeur de la Nouvelle évangélisation. 

Le Successeur de Pierre donne lui-même un exemple de sainteté: Paul VI vient d’être béatifié par le pape François, le 19 octobre, après les canonisations de Jean-Paul II et Jean XXIII, le 27 avril dernier. Et le procès de béatification de Jean-Paul Ier est ouvert.

Le pape François clôyturera lui-même l’Année liturgique, le dimanche 23 novembre par 6 canonisations, en la solennité du Christ-Roi.

Deux des nouveaux saints, des Italiens, ont été béatifiés par Jean-Paul II : Mgr Giovanni Antonio Farina (1803-1888), fr Ludovico da Casoria, franciscain (1814-1885).

Deux autres Italiens avaient été béatifiés par le pape Pie VI en 1776 : Nicola de Longobardi (1649-1709), et Amato Ronconi (1226-1292).

Deux Indiens seront aussi canonisés : le P. Kuriakose Elie Chavara de la Sainte-Famille (1805-1871), carme, de rite syro-malabar, fondateur des Carmes de Marie-Immaculée et de la Congrégation de la Mère du Carmel (Carmélites), béatifié par Jean-Paul II en Inde, en 1986 ; et Mère Euphrasie Eluvathingal du Sacré-Coeur de Jésus (1877-1952), béatifiée par Benoît XVI en 2006.

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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