La boxe et le service des autres, au nom de la foi

Le parcours d’un jeune champion italien

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Vincenzo Magiacapre a vingt-quatre ans dont quinze passés sur le ring, trois médailles de bronze conquises en 2011 au Mondial des superlégers à Bakou, Championnats d’Europe d’Ankara et, en 2012, aux jeux olympiques de Londres, catégorie poids super-léger. Il allie le sport et le service des autres.

Pour lui, la boxe est une métaphore de la vie. Recevoir des coups et tomber sont des expériences ordinaires, savoir les encaisser et les transformer en rebond à partir duquel on repart est un exercice impératif, mais à partir duquel on mesure la ressource d’une personne.

Il en a témoigné à Rome, samedi dernier, 25 octobre, à l’Université européenne, lors d’une rencontre sur le sport, sous le patronage du Conseil pontifical pour les laïcs et du Centre sportif italien.

Son histoire commence à Marcianise (Italie), une ville de 44 mille habitants dans la province de Caserte, là -comme il le confie, lui-même à ZENIT – « où tu prends un ballon et joue au foot ou tu fais le coup de poing ». Une banlieue ou le ring, aussi bien que le terrain de foot, peuvent représenter le refuge aux tentations. Refuge dans lequel Vincenzo a fini un peu par jeu, comme il convient à un enfant de neuf ans.

« J’étais un peu grassouillet, ainsi je suis entré dans le gymnase avec l’objectif de maigrir », explique-t-il. Mais il a suffi d’un premier coup de poing pour que cette approche de la boxe un peu désinvolte devienne un aller-simple. En quelques mois les kilos en excès disparurent, auparavant il avait déjà attiré l’attention des experts. Ils avaient vu en lui « des choses que les autres enfants n’étaient pas capables de faire », c’est cela le talent.

Le talent seul ne suffit pas. Sur le ring, comme dans tous les sports, la détermination et la tête sur les épaules sont décisifs. Dons qui ne manquaient effectivement pas au petit Vincenzo. Le gymnase ne devint pas sa seconde mais bien sa première maison : « Je passais là plus de temps que dans tous les autres endroits ». Il y entrait à quatre heures de l’après-midi et souvent il était le dernier à en sortir avant que le propriétaire ne ferme le rideau, après neuf heures du soir.

Il a maintenu ce rythme quotidien jusqu’à quatorze ans, passant avec ses maîtres la majeure partie de son temps : « Ils ont été pour moi comme des pères, explique-t-il : ils m’ont avant tout enseigné à être humble et ensuite ils me firent comprendre que l’esprit de sacrifice paie toujours ».

L’adolescence interrompit cette idylle entre Vincenzo et la boxe : « Comme tous les adolescents dans cette phase j’ai joué un peu au dur », se rappelle-t-il aujourd’hui. Et un dur aussi fort pour cogner est entouré inévitablement d’un respect non désintéressé de la part de ses contemporains, surtout ceux que Vincenzo identifie comme faisant partie de ses « mauvaises amitiés».

La rue arracha du gymnase ce boxeur en herbe. Coups de poing donnés et reçus, mais sans gants et dans un semblant de règles, si ce n’est celles plutôt tordues qui règnent dans les bars. Et puis, un jour « je suis tombé et je me suis fait mal », raconte sans honte Vincenzo. Lequel fut contraint par le verdict d’un juge, et non d’un arbitre de boxe, « à passer une période seul à la maison ».

Une situation punitive qui peut être l’opportunité de réfléchir sur soi-même. C’est à partir de quelques questions qu’il a commencé à se remettre en cause : « Qu’est-ce-que je veux faire dans la vie ? ». Ou encore ; « Que faire dans la vie ? ». La réponse fut immédiate : « La boxe est ce que je réussis le mieux ». Il décida alors de reprendre ses gants, cette fois pour les tenir comme une boussole qui lui indique le chemin.

Une nouvelle détermination qui fut tout de suite féconde en nouvelles satisfactions. Le maître Lello Bergamasco – aujourd’hui entraîneur de la sélection Nationale italienne – s’impliqua personnellement afin d’intégrer ce jeune parmi les « Azurri » (sélection nationale italienne). « Le tournant de ma vie », comme le définit Vincenzo.

Et ce furent des voyages internationaux : Moscou en 2010, où il arriva en quart de finale des championnats d’Europe ; ensuite, toujours pour le championnat d’Europe, la surprise d’Ankara, où le jeune de 21 ans obtint la médaille de bronze et la qualification pour les jeux Olympiques de Londres.

Puis 2012, le rêve de tout sportif : franchir le portail du Village olympique pour prendre part au nec plus ultra de la compétition : « Peut-être à cause de mon passé, personne n’attendait rien de moi », dit aujourd’hui Vincenzo. Et pourtant sa pugnacité lui fit battre le Kazakh Daniyar Yeleussinov, actuel champion du monde, et ainsi accéder à la demi-finale. La conquête de la médaille de bronze et le retour en Italie « la tête haute ». Ainsi les derniers sceptiques avaient dû en rabattre, parce que les coups encaissés les années passées étaient devenus pour Vincenzo un formidable tremplin.

Un élan obtenu aussi grâce à une famille unie qui a su le soutenir. Et dont il reconnaît aujourd’hui l’importance, comme il reconnaît l’affection d’un oncle malade de Sclérose en plaques, cloué sur son lit, qui suit continuellement sa carrière : « Il me montre son affection non pour ce que je suis devenu mais pour ce que je suis, et c’est tout », explique Vincenzo.

La famille et la boxe, avec leurs liens et leur discipline, représentent une école de valeurs pour Vincenzo qui y reconnaît son patrimoine, d’où son engagement social. Depuis quelques années il est devenu ambassadeur de l’association catholique Steadfast Onlus, née pour le soutenir la culture et le développement des pays plus nécessiteux.

Un ambassadeur dont la vie rejoint la finalité de Steadfast : un jeune qui a grandi « en banlieue », à Marcianise, qui réussit à changer son sort en devenant un symbole d’élévation sociale pour tant de jeunes vulnérables aux tentations. Du reste, comme le disait Mohamed Ali, « il n’y a pas de honte à tomber, l’erreur c’est de rester à terre ».

Traduction de Hugues de Warren

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Federico Cenci

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