« Rien n’est terminé. Tout commence » déclare le cardinal Barbarin, à l’issue du synode sur la famille.
Le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, a fait la Une du quotidien lyonnais Le Progrès du 22 octobre 2014, à l’occasion d’un entretien avec Nicolas Ballet.
Pour l’archevêque de Lyon, « une voie reste aujourd’hui à trouver », pour la pastorale des divorcés-remariés, « sans céder à un raidissement de la lettre ou à un angélisme facile, où il suffirait d’avoir l’air gentil avec tout le monde. Un nouveau synode aura lieu l’an prochain. Rien n’est terminé. Tout commence ».
Il ajoute à propos des divorcés remariés : « Tout le monde connaît des personnes remariées qui vivent un beau chemin d’amour et cherchent à vivre dans la fidélité au Christ. Il faut donc les y aider, et c’est l’un des objectifs du Synode ; il en est maintenant à mi-parcours. »
Il reconnaît la réalité des situations de souffrance : « L’important est que tous se sachent aimés de Dieu. Il est essentiel de montrer à chacun sa place dans l’Eglise et de l’encourager à y donner le meilleur de lui-même. »
Il rappelle la conception catholique du mariage sacramentel et de la cohérence de la vie de chacun avec la communion eucharistique: « Tout est dans la symbolique de l’Alliance: le baptême, le mariage et l’Eucharistie… C’est une alliance humaine qui se fonde sur l’Alliance entre Dieu et son peuple. A propos du mariage, Jésus dit : « Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ». L’Eglise considère donc, en raison de cette parole du Christ, qu’il doit y avoir une cohérence entre la communion, c’est-à-dire, le fait de recevoir Dieu en soi, et le communiant qui doit avoir le désir de vivre selon l’appel de Dieu. Cette question ne concerne pas seulement le mariage, mais aussi le rapport à l’argent, à la profession, à la vie sociale et politique. Nous devons tous nous poser cette question ! Où en suis-je de mon désir de conversion ? Les pécheurs que nous sommes tous ont besoin de la communion, et ils peuvent la recevoir, à condition de désirer clairement vivre selon les Paroles de Jésus. »
Et, explique l’archevêque, le divorce, « pas forcément un péché » : « Il se peut que je porte une responsabilité dans un divorce, ou au contraire, pas du tout. En revanche, celui ou celle qui se remarie considère que la première alliance qu’il a nouée devant Dieu n’existe plus. Et psychologiquement, c’est souvent vrai. Mais aux yeux du Seigneur et donc de l’Eglise, le premier mariage demeure. C’est précisément cette question que le pape a souhaité aborder, car de trop nombreux chrétiens sont du coup privés du pain eucharistique, essentiel à la vie chrétienne. »
« Pour nous les prêtres, nous voulons toujours donner aux gens le meilleur, mais ce qui est difficile, c’est d’unir la compassion, la charité avec la vérité. Il n’y a pas de véritable amour sans vérité », confie-t-il.
Et quant au baptême des enfants de divorcés remariés, il précise : « La seule raison pour laquelle on pourrait refuser un baptême, ce serait le cas de parents qui refuseraient de donner à leur enfant la moindre chance de développer le cadeau reçu. Baptiser son enfant, c’est lui faire le plus beau cadeau qui soit. Et évidemment, on veillera à ce que cette vie puisse grandir dans les meilleures conditions. »