Nous publions le texte de la conférence de presse du cardinal Gérald Cyprien Lacroix, archevêque de Québec et primat du Canada, donnée au Vatican samedi 11 octobre 2014, sur le pèlerinage en France et à Rome de quelque 130 pèlerins du Canada, du Japon et des Philippines, sur les pas des deux nouveaux saints franco-canadiens, canonisés par le pape François le 3 avril dernier.
Conférence du card. Lacroix
« Sur les pas de deux grands saints »
Membres de la presse,
Merci d’avoir répondu à l’invitation de participer à cette conférence de presse. Je suis heureux d’être ici, aujourd’hui, avec Mgr Dennis Drainville, évêque anglican de Québec ainsi que son épouse, Madame Cynthia Ann Patterson, pour vous parler de la célébration que nous vivrons demain, avec le Saint-Père, le Pape François, en la Basilique Saint-Pierre à 10 heures du matin.
Si nous sommes ici, c’est que le 3 avril de cette année, le Pape François a canonisé ces deux bienheureux d’origine française qui ont vécu de nombreuses années en Nouvelle-France. Saint François de Laval est arrivé à Québec à l’âge de 36 ans et il est décédé à l’âge de 85 ans. Pour sa part, sainte Marie de l’Incarnation est arrivée à l’âge de 40 ans et elle est décédée à l’âge de 73 ans.
Ces deux géants de la première évangélisation de notre pays se sont avérés des personnes très engagées dans la mission de l’Église. Mais François de Laval et Marie de l’Incarnation sont aussi considérés comme des piliers de ce nouveau pays naissant. Leur présence, leur soutien et leur leadership ont permis à la petite colonie française de persévérer au milieu de grandes difficultés et de défis de taille.
Saint François de Laval a été un grand visionnaire et missionnaire. Il a établi l’Église naissante au Canada en fondant le Séminaire de Québec, en soutenant les missionnaires qui partaient pour les régions éloignées à la rencontre des peuples autochtones. Il a su également organiser et soutenir les communautés naissantes de colons qui s’établissaient le long du Fleuve Saint-Laurent et en d’autres territoires. De son vivant, Mgr de Laval était déjà reconnu comme un homme de Dieu, pauvre et très généreux de ses biens et de sa présence surtout auprès des pauvres. Un homme en grande communion avec Dieu, un priant et un pasteur très attentif aux besoins de ce nouveau pays.
Sainte Marie de l’Incarnation a laissé des traces profondes à Québec. Une religieuse ursuline cloîtrée, et pourtant, toute la colonie la connaissait parce qu’elle accueillait au parloir du Couvent des Ursulines. Elle était une femme d’envergure, profondément enracinée dans sa relation avec Dieu. Bossuet n’a pas hésité à l’appeler la Thérèse du Nouveau Monde. De fait, ses nombreux écrits nous dévoilent une grande mystique, le cœur en Dieu et les pieds sur terre. Elle portait bien son nom, Marie de l’Incarnation. Femme incarnée dans la réalité et la vie, tout autour d’elle l’intéressait et la préoccupait au plus haut point.
Le pèlerinage que nous avons vécu en France sur les traces de nos deux nouveaux saints, François de Laval et Marie de l'Incarnation, a renouvelé notre esprit missionnaire. C'est ainsi que notre pays est né, lorsque ces deux saints se sont rendus en Nouvelle-France avec de nombreux autres hommes et femmes. Ils étaient remplis d'un grand désir d'aimer le Seigneur, de le faire connaître à toutes les personnes et de construire une société sur les valeurs de l’Évangile de Jésus-Christ. Nous continuons à croire qu'il s'agit d'une proposition dont notre monde moderne et post-moderne a besoin pour naviguer dans les eaux troubles de notre époque. Ces deux nouveaux saints étaient centrés sur ce qui est essentiel dans la vie; l'amour de la vérité, le don de soi pour servir les autres, et particulièrement des plus démunis de nos frères et sœurs. Saint François de Laval et sainte Marie de l'Incarnation croyaient tous deux fermement dans la construction de communautés humaines et spirituelles qui deviendraient des réseaux de justice, de paix et de développement.
Nous venons de vivre avec plus de 130 pèlerins, venus du Québec et d’ailleurs, un pèlerinage sur les pas de ces deux grands saints. Ce fut très touchant de visiter leurs lieux de naissance, les endroits où ils ont vécu et où ils ont été formés. Quels grands cadeaux nous avons reçus du Seigneur et de la France en saint François de Laval et sainte Marie de l’Incarnation.
Notre pèlerinage prendra fin avec la messe de demain que présidera le Pape François, en action de grâces pour ces deux saints missionnaires et évangélisateurs de la Nouvelle-France. En nous les donnant comme modèles, le pape souhaite qu’ils nous servent d’exemples pour poursuivre la mission de nouvelle évangélisation si nécessaire au Québec comme dans tous les pays de longue tradition chrétienne. Nous avons besoin de retrouver le cœur de l’Évangile, l’essentiel de la foi chrétienne, le Christ Jésus. Saint François de Laval et sainte Marie de l’Incarnation nous laissent un témoignage éloquent et interpellant de confiance en Dieu, d’audace missionnaire, de don de soi, de persévérance, d’enracinement dans la foi et de vie spirituelle profonde. Tout cela est indispensable pour vivre aujourd’hui la mission de l’Église.
Demain, j’aurai le privilège de concélébrer avec le Saint-Père l’Eucharistie d’action de grâces. C’est un grand privilège et une opportunité très spéciale. Je suis particulièrement fier que des confrères évêques, archevêques, cardinaux ainsi que des prêtres et des diacres du Canada et d’ailleurs soient présents. Une importante délégation de religieuses ursulines du Canada, de la France, du Pérou, du Japon et des Philippines nous accompagne ainsi que de nombreux laïcs et personnes consacrées de divers instituts de vie consacrée.
C’est l’Église universelle qui reconnaît et rend grâce à Dieu pour sa fidélité et sa générosité envers notre Église canadienne. Nous ne manquerons pas de prier pour notre avenir, pour que l’Esprit de Dieu, qui a si bien soutenu nos nouveaux saints, nous soutienne afin que nous poursuivions nous aussi avec générosité et fidélité notre vocation, notre mission, celle de présenter la Bonne Nouvelle de Jésus Christ au monde et l’inviter à suivre et à vivre avec Celui qui est le Chemin, la Vérité et la Vie.