Le synode n'a jamais remis en question les vérités sur le mariage

Mais le pape François discerne cinq tentations

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Le pape François discerne cinq tentations, au terme du synode extraordinaire sur la famille: autant de points de repères pour un examen de conscience tout au long du processus synodal, qui se poursuit jusqu’au synode de 2015. Il déclare en même temps que « jamais » le synode n’a « remis en question les vérités fondamentales du Sacrement du mariage ». Il « canonise » la « Relatio synodi » comme un « résumé fidèle et clair de tout ce qui a été dit et discuté en salle, et dans les carrefours ».

Le pape s’est adressé à l’assemblée, et son discours a duré une vingtaine de minutes, mentionnant notamment ces « cinq tentations »: il n’a pas ignoré les difficultés du synode. Les applaudissements debout ont duré cinq minutes.

Les cinq tentations

Les cinq tentations sont, pour le pape François : la tentation d’un « raidissement hostile »; ou d’un « bonisme » qui serait « destructeur »; la tentation de « transformer la pierre en pain pour rompre un jeûne long, pesant et douloureux » ou de transformer « le pain en pierre » et de la « jeter contre les pécheurs »; la tentation de « descendre de la croix, pour contenter les gens »; le danger de « négliger le dépôt de la foi » et celui de « négliger la réalité ».

Le pape s’explique sur chacune de ces tentations. La première: « La tentation du raidissement hostile, c’est-à-dire de vouloir s’enfermer dans la lettre (…), à l’intérieur de la loi, avec la certitude de ce que nous connaissons et non de ce que devons encore apprendre et atteindre. A l’époque de Jésus, c’est la tentation des zélotes, des scrupuleux, des impatients et aujourd’hui de ceux qu’on appelle aujourd’hui des « traditionnalistes » ou aussi des « intellectualistes ». »

La deuxième: « La tentation d’un bonisme destructeur, qui, au nom d’une miséricorde traîtressse, met un pansement sur les blessures sans d’abord les soigner, qui traite les symptômes et non les causes et les racines. C’est la tentation des timorés, et aussi de ceux qu’on nomme les progressistes et les libéraux. »

La troisième: « La tentation de transformer la pierre en pain pour rompre un long jeûne, pesant et douloureux (Lc 4, 1-4) et aussi de transformer le pain en pierre et de la jeter contre les pécheurs, les faibles, les malades (Jn 8,7), c’est-à-dire de les transformer en un fardeau insupportable (Lc 10, 27). »

La quatrième: « La tentation de descendre de la Croix, pour contenter les gens, de ne pas rester à accomplir la volonté du Père, de se plier à l’esprit du monde au lieu de le purifier et de le plier à l’Esprit de Dieu. »

La cinquième: « La tentation de négliger le dépôt de la foi en se considérant non comme des gardiens mais des propriétaires et des maîtres ou, de l’autre côté, la tentation de négliger la réalité en utilisant un langage minutieux et un langage pour dire tant de choses et ne rien dire. Nous appelons cela du « byzantinisme » je crois. »

N’ayez pas peur

« Chers frères et soeurs, a ajouté le pape, les tentations ne doivent ni nous faire peur ni nous déconcerter et encore moins nous décourager, parce qu’aucun disciple n’est plus grand que son maître; donc, si Jésus a été tenté – et même appelé Belzéboul (cf. Mt 12, 24) – ses disciples ne doivent pas s’attendre à un traitement meilleur. »

Il confie : « Personnellement, j’aurais été très préoccupé et attristé s’il n’y avait pas eu ces tentations et ces discussions animées, ce mouvement des esprits – comme saint Ignace l’appelait (Exercices spirituels, 6) -, si tous avaient été d’accord ou taciturnes, dans une paix fausse et quiétiste. »

« Au contraire, a-t-il poursuivi, j’ai vu et j’ai écouté – avec joie et reconnaissance – des discours et des interventions pleins de foi, de zèle pastoral et doctrinal, de sagesse, de franchise, de courage et de parresie. Et j’ai senti qu’on a mis devant ses yeux le bien de l’Eglise, des familles, et la « loi suprême » [suprema lex dans le texte, ndlr], le « salut des âmes » [salus animarum, dans le texte] (cf. Code de droit canon, canon 1752). Et cela toujours – nous l’avons dit ici dans la salle – sans jamais mettre en discussion les vérités fondamentales du Sacrement du mariage: l’indissolubilité, l’unité, la fidélité et la procréativité, c’est-à-dire l’ouverture à la vie (cf. Canons 1055, 1056 et Gaudium et Spes, 48). »

Amour de l’Eglise

Le pape a ensuite manifesté son amour pour l’Eglise, « mère féconde » et « maîtresse attentive » qui « n’a pas peur de se retrousser les manches pour verser l’huile et le vin sur les blessures des hommes. »

Il a indiqué le chemin encore à parcourir: « Maintenant, nous avons encore un an pour mûrir les idées proposées , avec un vrai discernement spirituel, et pour trouver des solutions concrètes a tant de difficultés et d’innombrables défis que les familles doivent affronter, à donner des réponses à tant de découragements qui entourent et suffoquent les familles. Un an pour travailler sur la « Relatio synodi » qui est le résumé fidèle et clair de tout ce qui a été dit et discuté dans cette salle, et dans les carrefours. Et qui est présenté aux conférences épiscopales comme les « Lineamenta ».  » Les lineamenta sont le document de base d’un synode qui doit ensuite servir au Secrétariat du synode pour élaborer un « instrument de travail » (Instrumentum laboris).

L’assemblée synodale a été une expérience d’Église: « Voilà l’Église Une, Sainte, Catholique et Apostolique et composée de pécheurs, qui ont besoin de sa miséricorde. Voilà l’Église, la vraie épouse du Christ, qui cherche à être fidèle à son Epoux et à sa doctrine. Voilà l’Église qui n’a pas peur de manger et de boire avec les prostituées et les publicains, l’Église qui a les portes grandes ouvertes pour recevoir ceux qui sont dans le besoin, les repentis et pas seulement les justes ou ceux qui croient être parfaits ! »

La paix intérieure

A propos des commentaires suscités par le synode, il a ajouté: «Tant de commentateurs, ou de gens qui parlent, ont imaginé voir une Eglise en conflit ou une partie contre l’autre, en doutant même de l’Esprit Saint, le vrai promoteur et garant de l’unité et de l’harmonie de l’Église. L’Esprit Saint qui au long de l’Histoire a toujours mené la barque, par ses ministres, même quand la mer était contraire et agitée et les ministres infidèles et pécheurs. Et comme je vous l’ai dit au début du Synode, il était nécessaire de vivre tout cela avec tranquillité, avec paix intérieure aussi parce que le Synode se déroule cum Petro et sub Petro et que la présence du Pape est une garantie pour tous. »

Il ajoute, avec auto-ironie: « Parlons un peu du pape, maintenant, en relation avec les évêques. Donc, le devoir du pape est celui de garantir l’unité de l’Église. Et celui de rappeler aux fidèles leur devoir de suivre fidèlement l’Évangile du Christ, et celui de rappeler aux pasteurs que leur premier devoir est de nourrir le troupeau que le Seigneur leur a confié et de chercher à accueillir avec paternité et miséricorde et sans fausse peur les brebis égarées. »

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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