Voici notre traduction intégrale de l’anglais de la déclaration de Mgr Silvano M. Tomasi, représentant permanent du Saint-Siège aux Nations Unies et aux organisations internationales à Genève, lors du débat général de la 65ème Session du Comité exécutif du Haut Comissariat de l’ONU pour les Réfugiés (UNHCR), le 1er octobre.
Nous avons publié hier, 6 octobre un article relatif à cette intervention du Saint-Siège à l’ONU: le Saint-Siège appelle « un changement de politique » pour se concentrer non seulement sur « la protection » des réfugiés mais sur « la prévention » de leurs situations difficiles.
A.B.
Déclaration du Saint-Siège à l’UNHCR
Monsieur le président,
Aujourd’hui, nous avons atteint le nombre le plus élevé de personnes déplacées par force depuis la seconde guerre mondiale. Ce n’est pas seulement une augmentation en quantité mais il y a une augmentation concomitante de la complexité due à la présence d’acteurs non étatiques dans les conflits actuels avec pour conséquence des déplacements massifs imprévisibles.
L’objectif commun de protection est un défi qui ne cesse de croître. Cela est du en grande partie au nombre sans précédent de personnes en déplacement, au manque de ressources financières qui résulte de la lassitude des donateurs, à des mesures de plus en plus restrictives qui limitent l’accès aux demandeurs d’asile, à la réalité des tensions qui ont tendance à augmenter entre les populations locales et les nouveaux arrivés et, de surcroît, au phénomènes des mineurs non accompagnés, de plus en plus manifeste sur le continent américain et même en Europe.
L’état de préparation pratique des États afin d’accueillir le nombre croissant de demandeurs d’asile et de réfugiés semble baisser. Mais la générosité manifestée jusqu’ici par la Communauté internationale est un signe d’espérance et il faut qu’elle continue d’exprimer sa solidarité aux victimes des conflits armés et des situations de constante violation des droits humains fondamentaux.
Un tel état de choses devrait nous aider, nous tous qui formons la Communauté internationale, à réfléchir et à mettre au point d’urgence des mesures préventives pour que les personnes ne soient pas obligées de quitter leur maison pour pouvoir survivre. Ce phénomène met un poids énorme sur les pays d’accueil qui doivent investir une part exceptionnelle de leurs ressources et qui imposent donc une obligation de solidarité à la communauté au sens large.
Le changement nécessaire de politique qui ne doit plus se concentrer sur l’assistance mais sur la prévention, implique un changement culturel important ; la personne humaine, avec sa dignité inviolable et ses droits humains inaliénables, doit y être le centre de l’attention, au lien de n’être qu’un instrument en vue de décisions économiques et politiques. Une telle perspective requiert de la Communauté internationale une reformulation de ses méthodes et structures de prévention, de son assistance humanitaire et du développement à long terme.
La délégation du Saint-Siège encourage l’extraordinaire générosité continuelle de nombreux pays donateurs et des sociétés d’accueil qui ont hébergé, souvent au prix de grands sacrifices, des millions de personnes déplacées de force. Nous soutenons aussi le développement d’un partenariat mondial qui se développe, base davantage sur la solidarité humaine et moins sur des intérêts égoïstes, pour répondre au fléau actuel du nombre massif de demandeurs d’asile et de réfugiés. Bien sûr, cette solidarité n’est pas simplement une idée abstraite mais un impératif moral concret qui vient du fait qu’ensemble nous formons une seule famille humaine C’est le premier pas vers la réconciliation et la possibilité de redémarrer une vie féconde.
Comme le souligne le pape François, « il est nécessaire de répondre à la mondialisation de la migration par la mondialisation de la charité et de la coopération, de telle sorte que les conditions des migrants soient rendues plus humaines. La solidarité à l’égard des migrants et des réfugiés doit s’accompagner du courage et de la créativité nécessaire pour développer, à un niveau mondial, un ordre financier et économique juste et équitable, ainsi que d’un engagement croissant pour la paix, condition indispensable de tout progrès authentique ».
Monsieur le président,
En conclusion, le séjour prolongé et à long terme de populations dans les camps et le nombre croissant de personnes dans des zones urbaines surpeuplées sont en soi une claire manifestation que la violence ne peut que détruire et fragmenter la société. La situation actuelle dans le monde rappelle à la Communauté internationale, que la seule façon positive d’avancer est de poursuivre le chemin du dialogue en vue d’une « coexistence pacifique ».
Traduction de Zenit, Constance Roques