En cette occasion, avec le professeur Vincent Buonomo, se tiendra une conférence pour la présentation du livre dont il est l’auteur « La diplomatie pontificale dans un monde globalisé » (« La diplomazia pontifica in un mondo globalizzo », Libreria Editrice Vaticana).
Le cardinal Bertone, Camerlingue de la Sainte Eglise Romaine, rencontrera Monseigneur Joseph Andrich, Evêque de Belluno/Feltre, il présidera les solennité Pontificales dans l’Eglise Saint-Martin.
ZENIT l’a interviewé pour illustrer son activité et pour connaître son opinion sur les critiques d’une certaine presse de ces derniers temps, sur son œuvre et sa personne.
Eminence, Vous avez publié un livre intitulé « La diplomatie pontificale dans un monde globalisé », édité par les Editions Vaticanes et préfacé par le Pape François. Qu’est-ce qui caractérise l’action diplomatique du saint Siège ?</p>
Avant tout, dans l’histoire moderne du Saint Siège, elle a développé, et continue à le faire, une action pour empêcher les guerres, favoriser la paix, aider le développement, soutenir le respect des droits de l’homme et la fraternité entre les peuples. Quand on pense aux deux derniers conflits mondiaux, le Saint Siège a cherché par tous les moyens de les empêcher, et, une fois déclenchés, a développé une activité immense d’assistance aux victimes et pour guérir les blessés de guerre. Pendant l’année passée l’intense travail du Saint Siège et du Pape François a été, plus que jamais, évident pour tenter de porter la paix en Syrie et en Terre Sainte.
On peut aussi expliquer ce qui caractérise la diplomatie pontificale en jetant un œil à l’index de mon livre. En remettant en mémoire quelques moments de mon expérience personnelle et quelques voyages que j’ai effectués, je peux souligner l’importance des thèmes que j’ai eues à présenter dans les différents forums internationaux. Ils concernaient, par exemple, la protection des droits de l’homme, la dignité humaine comme fondement des droits, la nécessité d’une garantie internationale pour la liberté religieuse, menacés aujourd’hui de toutes parts, le développement des peuples qui se base sur le partage solidaire.
Je me rappelle, en particulier, les rencontres que j’ai eu avec la Présidente de l’Argentine et la Présidente du Chili, au 25ème anniversaire de la paix de Beagle, mais aussi la participation à la rencontre au sommet des Chefs d’Etats et Gouvernements de l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) qui s’est déroulée à Astana au Kazakhstan.
Nous sommes en train de nous préparer à célébrer le 200ème anniversaire de la naissance de Don Bosco. Vous êtes un fils spirituel de ce grand Saint. Comment le fait d’être salésien a influencé sur le développement de votre mission dans l’Eglise ?
Depuis ma jeunesse j’ai été marqué par le charisme de la vocation de Don Bosco : le dialogue et la rencontre, la joie et l’espérance, l’éducation, l’humilité et la charité. Et sa devise « Faisons du bien à tous, du mal à personne !» m’a toujours inspiré. Tout cela fait partie des enseignements qui ont renforcé ma foi, ont illuminé toute ma vie sacerdotale et épiscopale et soutenu mes sept années d’engagement en tant que Secrétaire d’Etat.
Il est bien connu qu’un des dons que l’Eglise offre au niveau universel est l’action éducative et la promotion humaine dans tous les sens du terme, outre l’annonce de l’Evangile. Et ceci est le point de mire du charisme de Don Bosco. Connaissant mes origines salésiennes, il advint spontanément à quelques Chefs d’Etat, par exemple, de se référer à l’action éducative de l’Eglise dans leurs pays respectifs, éventuellement de rappeler les études faites dans des institutions religieuse et la formation reçue, qui les avait préparés à assumer les charges et responsabilités auprès des différents gouvernements ou dans la société. Il était naturel de parler des problèmes des jeunes, d’éducation, de projets et de recevoir même des demandes d’aide dans le champ éducatif de la part des responsables de divers pays, pas seulement ceux de religion chrétienne mais même de religion musulmane, bouddhiste ou autres croyances.
Et pourtant, Eminence, certains ont critiqué la manière avec laquelle Vous avez gouverné la Curie et la Vatican. Que répondez-vous à ces accusations ?
J’ai lu sur le journal les critiques qui m’ont été adressées et j’ai eu l’impression que parfois certains plutôt que chercher à connaître la vérité, préfèrent le genre de la délation ou celui du « copié-collé » de passages rapportés sans trop de discernement. Par exemple la rédaction de la notice sur mon appartement avec un métrage erroné de 700 m², qui continue à être répétée malgré le démenti, afin de décrire ma personne de manière fausse, bien loin de la réalité.
Je me réfère aux paroles utilisées par le Pape François dans la préface de mon livre : « L’aune de la vie des Serviteurs de l’Eglise n’est pas indiquée par « l’impression d’une notice en grands caractères, pour que les gens pensent que c’est indiscutablement vrai » (JL. Borges), au contraire cela fait partie, dans les limites inhérentes à la condition et aux possibilités de chacun, du silencieux et généreux dévouement au bien authentique du Corps du Christ et au service durable à la cause de l’homme ».
A propos de Gouvernance, on notera, avant tout, que institutionnellement le Secrétaire d’Etat ne gouverne pas de manière autoritaire et autonome, mais exécute les directives et les dispositions concrètes de l’Autorité Suprême de l’Eglise et c’est pourquoi il est coadjuteur proche du Souverain Pontife dans sa mission. Dans tout cela il est supporté par d’excellents collaborateurs et par les bureaux des deux sections de la Secrétairerie d’Etat, compétentes dans les divers sujets, encadré par différents documents pontificaux. On doit se rappeler que ces documents pontificaux, comme par exemple la Constitution Pastor Bonus, précisent que la secrétairerie d’Etat doit respecter les diverses compétences et responsabilités du Dicastère, comme les Congrégations, les Tribunaux, les Conseils, l’Administration du Siège Apostolique, la Préfecture des Affaires Economiques du Saint Siège etc. L’objectif de la Secrétairerie d’Etat est celui de favoriser les rapports avec divers dicastères sans préjudice sur leur autonomie et de coordonner leurs travaux.
Une des dernières critiques a concerné un investissement dans Lux Vide, conseillé par vous-même. Cet investissement résulte aussi du rapport présenté par l’IOR le 9 juillet dernier. Pouvez-vous commenter ?
Il s’agit d’un long processus d’étude et de discernement qui a commencé en 2009 et qui a été conclu en décembre 2013. Pendant la réunion conjointe de la Commission cardinalice de vigilance, avec l’assistance du prélat, et le Conseil d’administration (donc devant les organes dirigeants de l’IOR), j’avais présenté en donnant un avis favorable la proposition de collaborer avec Lux Vide pour ses productions de fictions et de véritables films d’inspiration biblique et chrétienne, avec un fonds éducatif, et en cohérence avec le projets ecclésiaux d’évangélisation.
L’approbation de cette proposition, obtenue à l’unanimité, figurait dans le procès-verbal. L’étude des modalités techniques de cette opération financière ne dépendait pas de moi mais des organes de direction de l’IOR qui devaient garder à l’esprit les finalités de l’Institut qui s’expriment de diverses manières au service de l’Église universelle.
Lux Vide est une société importante dans le monde de la communication, dans le secteur du cinéma et de la télévision, et ses caractéristiques correspondent à ce que j’ai dit. Je rappelle que le fondateur de l’IOR,
qui n’est autre que Pie XII, avait financé la production du film « Pastor Angelicus » auprès de l’Institut Luce.
Maintenant que vous êtes Secrétaire d’Etat émérite, quels sont vos rapports avec le Pape François ? Et avec le Pape Benoit XVI ? Vous rencontrez-vous de temps en temps ?
Les rapports sont bons et cordiaux. La dernière fois que j’ai eu une rencontre personnelle avec le Pape François, à la fin du mois de mai dernier, nous avons commenté précisément ce film « Pastor Angelicus » et il m’a rappelé qu’il l’avait vu, étant enfant, à Buenos Aires.
Avec le Pape Benoît XVI continuent des rapports affectueux et amicaux. Il a eu la bonté de m’inviter à déjeuner lors de l’anniversaire de mon ordination le 1er juillet. Nous avons évoqué les bons moments parcourus ensemble dans le travail et le partage des préoccupations, aussi bien auprès de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, que pendant mon mandat de Secrétaire d’Etat.
Dernière question : comment passez-vous votre temps ?
Je suis convaincu qu’un Evêque ne s’« arrête » jamais dans sa mission pastorale et que, tant que Dieu m’en donnera la force, mon engagement pour l’Eglise restera inchangé, même après avoir conclu le service de Secrétaire d’Etat. Pour l’instant je participe à la vie et aux travaux de quelques Dicastères du Vatican en qualité de Membre, j’accepte volontiers de me rendre auprès des Paroisses et des communautés, pour des célébrations eucharistiques ou des évènements avec des conférences etc. (par exemple en ce moment je m’apprête à aller à Belluno au Centre Papa Luciani pour la présentation de mon livre sur la diplomatie vaticane, et je recommencerai à Pordenone au mois de septembre), je reçois des personnes et des groupes qui désirent de l’aide et des conseils, des lettres m’arrivent de partout et à tous je cherche à répondre. J’ai aussi en chantier quelques publications. En outre je me dédie à une vie de prière en communion avec les personnes que le Seigneur me fait côtoyer.
Traduction d’Hugues de Warren
Avec Constance Roques (italiques)