Pour la fête du Sacré-Cœur de Jésus, le pape invite à « goûter la tendresse » de l'amour de Dieu « à toutes les saisons de la vie : au temps de la joie et dans celui de la tristesse, au temps de la santé et dans celui de l’infirmité et de la maladie ».

Le sens de cette fête est en effet « de faire découvrir toujours plus la douceur de l’amour du Christ, qui révèle la miséricorde du Père. Chaque geste, chaque parole de Jésus laisse transpirer l’amour miséricordieux et fidèle du Père ». Pour le chrétien, il s'agit d'« accueillir la vie comme l’avènement de son amour ».

Le pape François, qui devait se rendre à l’hôpital « A. Gemelli » de Rome, y visiter les malades et y présider la messe de la solennité du Cœur de Jésus, ce vendredi 27 juin 2014, a dû annuler sa visite au dernier moment, à cause d'une « indisposition soudaine ».

C'est le cardinal Angelo Scola, archevêque de Milan et président de l’Institut d’études supérieures Giuseppe Toniolo – organisme fondateur de l'Université catholique du Sacré-Cœur de Gemelli – qui a célébré la messe et prononcé l’homélie préparée par le pape.

« Dieu n’a pas peur de s’attacher. Par amour, il fait alliance avec Abraham, avec Isaac, avec Jacob, etc. Il aime les liens, il crée des liens ; des liens qui libèrent au lieu de contraindre », souligne le pape.

Il met aussi en garde : « aujourd’hui en particulier, la fidélité est une valeur en crise parce que nous sommes poussés à rechercher toujours le changement, une supposée nouveauté, négociant les racines de notre existence, de notre foi. Mais si elle n’est pas fidèle à ses racines, une société n’avance pas : elle peut faire de grands progrès techniques, mais ce n’est pas un progrès intégral, de tout l’homme et de tous les hommes. »

Homélie du pape François

« Le Seigneur s’est attaché à vous, il vous a choisis » (cf. Dt 7,7).

Dieu s’est attaché à nous, il nous a choisis, et ce lien est pour toujours, non pas tant parce que nous sommes fidèles, mais parce que le Seigneur est fidèle et supporte nos infidélités, nos lenteurs et nos chutes.

Dieu n’a pas peur de s’attacher. Cela peut nous sembler étrange : parfois, nous appelons Dieu « l’Absolu », qui signifie littéralement « détaché, indépendant, illimité » ; mais en réalité, notre Père n’est « absolu » que dans l’amour et toujours dans l’amour ; par amour, il fait alliance avec Abraham, avec Isaac, avec Jacob etc. Il aime les liens, il crée des liens ; des liens qui libèrent au lieu de contraindre.

Nous avons redit, avec le psaume : « L’amour du Seigneur est de toujours à toujours » (Ps 103). En revanche, un autre psaume affirme de nous, les hommes et les femmes : « la loyauté a disparu chez les hommes » (cf. Ps 12,2). Aujourd’hui en particulier, la fidélité est une valeur en crise parce que nous sommes poussés à rechercher toujours le changement, une supposée nouveauté, négociant les racines de notre existence, de notre foi. Mais si elle n’est pas fidèle à ses racines, une société n’avance pas : elle peut faire de grands progrès techniques, mais ce n’est pas un progrès intégral, de tout l’homme et de tous les hommes.

L’amour fidèle de Dieu pour son peuple s’est manifesté et réalisé pleinement en Jésus-Christ qui, pour honorer le lien de Dieu avec son peuple, s’est fait notre esclave, s’est dépouillé de sa gloire et a assumé la forme de serviteur. Dans son amour, il ne s’est pas rendu devant notre ingratitude et encore moins devant notre refus. Saint Paul nous le rappelle : « Si nous manquons de foi, lui reste fidèle à sa parole, car il ne peut se rejeter lui-même » (2 Tm 2,13). Jésus demeure fidèle, il ne trahit jamais : même quand nous nous sommes trompés, il nous attend toujours pour nous pardonner ; il est le visage du Père miséricordieux.

Cet amour, cette fidélité du Seigneur manifeste l’humilité de son cœur ; Jésus n’est pas venu pour conquérir les hommes comme les rois et les puissants de ce monde, mais il est venu offrir son amour dans la douceur et l’humilité. C’est ainsi qu’il s’est défini lui-même : « Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur » (Mt 11,29). Et le sens de la fête du Sacré-Cœur de Jésus, que nous célébrons aujourd’hui, est de faire découvrir toujours plus et de nous laisser envelopper par l’humble fidélité et par la douceur de l’amour du Christ, qui nous révèle la miséricorde du Père. Nous pouvons expérimenter et goûter la tendresse de cet amour à toutes les saisons de la vie : au temps de la joie et dans celui de la tristesse, au temps de la santé et dans celui de l’infirmité et de la maladie.

La fidélité de Dieu nous apprend à accueillir la vie comme l’avènement de son amour et nous permet de témoigner de cet amour à nos frères dans un service humble et doux. C’est ce que sont appelés à faire de manière spéciale les médecins et le personnel paramédical de cet hôpital qui appartient à l’Université catholique du Sacré-Cœur. Ici, chacun de vous apporte aux malades un peu de l’amour du cœur du Christ et le fait avec compétence et professionnalisme. Cela signifie rester fidèle aux valeurs fondatrices que le Père Gemelli a mises à la base de l’Athénée des catholiques italiens, pour conjuguer la recherche scientifique illuminée par la foi et la préparation de professionnels chrétiens qualifiés.

Chers frères, dans le Christ, nous contemplons la fidélité de Dieu. Chaque geste, chaque parole de Jésus laisse transpirer l’amour miséricordieux et fidèle du Père.

Alors, devant lui, nous nous demandons : comment est mon amour pour mon prochain ? Est-ce que je sais être fidèle ? Ou bien suis-je changeant, selon mes humeurs et mes sympathies ? Chacun de nous peut répondre en conscience. Mais surtout, nous pouvons dire au Seigneur : Seigneur Jésus, rends mon cœur toujours plus semblable au tien, plein d’amour et de fidélité.

Traduction de Zenit, Constance Roques