Le devoir de l’Église auprès du milliard d’êtres humains actuellement en déplacement, c’est « l’annonce de l’Évangile », à travers « un dialogue respectueux » mais aussi l’attention aux « plus vulnérables » et « la promotion de la dignité de la personne humaine ».
Le P. Gabriele F. Bentoglio, sous-secrétaire du Conseil pontifical pour la pastorale des migrants et des personnes en déplacement, interviendra demain, 25 juin 2014, dans le cadre de la formation “Lignes de pastorale migratoire”, organisée par la Fondation Migrantes de la Conférence épiscopale italienne, du 24 au 27 juin à Rome.
Il fera une lecture de l’exhortation apostolique du pape François Evangelii gaudium, en particulier des chapitres II et IV sur « La dimension sociale de l’évangélisation » dans le cadre de la mobilité humaine.
Dans un communiqué, il précise les chiffres de cette mobilité qui touche un milliard d’êtres humains : 16 millions de réfugiés dont « 28,8 millions de déplacés internes à cause de conflits, 15 millions de réfugiés à cause de catastrophes naturelles, et 15 millions à cause de projets de développement ». Parmi ces personnes, 12 millions restent « invisibles », sans papier.
Les statistiques se poursuivent avec les gens de la mer : plus d’un million de marins, qui transportent 90% des marchandises circulant sur la planète et 30 millions de pêcheurs.
Quelque 36 millions de tziganes sont aussi dispersés dans le monde, en Europe (10-12 millions), en Amérique et en Asie (18 millions en Inde, terre d’origine de la population).
Le P. Bentoglio note également une augmentation des étudiants internationaux : plus de 3 millions aujourd’hui, quelque 7 millions estimés d’ici 2025. Les touristes également, qui étaient 939 millions en 2010, étaient 980 millions l’année suivante. A cela s’ajoutent les chiffres des travailleurs migrants : en 2013, 232 million de personnes.
Mais 15% de la population migrante totale, en situation irrégulière, « alimente un marché parallèle de trafic d’êtres humains », déplore-t-il.
Pour le pape François, la « priorité absolue » est l’annonce de l’Évangile, « à tous, quelle que soit leur situation ». Cette annonce se fait par un dialogue « respectueux et aimable » (EG128) et par la charité : prendre soin de la personne annonce en effet « l’amour personnel de Dieu qui offre son salut et son amitié ».
« Évangéliser, explique le P. Bentoglio, n’est pas enseigner une doctrine abstraite ni faire du moralisme mais c’est communiquer par la beauté des images pour stimuler à la pratique du bien. »
L’évangélisation va de pair avec « la promotion de la centralité et de la dignité de la personne humaine », ajoute-t-il. Dans le contexte des migrants, il s’agit d’avoir « un regard paternel ou maternel sur les plus vulnérables, comme le fait le pasteur avec sa brebis perdue ou comme le samaritain à l’égard de l’homme blessé et abandonné ».
Il revient par ailleurs aux agents pastoraux de « conjuguer l’évangélisation et la promotion humaine » car « le phénomène migratoire continue à dénoncer le déséquilibre entre les diverses régions du monde, où la disparité d’accès aux ressources rend les riches toujours plus riches et les pauvres toujours plus pauvres. Le droit d’émigrer, qui devrait être garanti à tous, correspond au droit à rester, pour construire dans sa patrie un avenir meilleur pour les individus et les collectivités », conclut le P. Bentoglio.