Un humanisme en "alliance", seul remède à la mondialisation

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Analyse d’Andrea Riccardi

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« L’alliance de différents acteurs est essentielle au nouvel humanisme dont nous avons besoin », explique Andrea Riccardi au terme d’un colloque organisé, vendredi 13 juin, à Paris, au Collège des Bernardins.

Les enjeux géopolitiques, économiques et culturels de la globalisation ont été évoqués par Andrea Riccardi, Christophe de Margerie, Jean-Michel Séverino, Jean-David Levitte, Lucio Caracciolo, Sigfrido-Rodriguez Tinga, Mario Giro, le P. Baudoin Roger et Lionel Zinsou.

Pour Andrea Riccardi, désormais, il faut jouer en équipe, en « alliance » : « L’alliance de différents acteurs est essentielle au nouvel humanisme dont nous avons besoin. »

Et les chrétiens, souligne-t-il, peuvent offrir leur contribution : « Le christianisme, qui porte en lui des gènes de mondialisation depuis l’origine, doit aider à en chercher les voies. »

Il explique : « En écoutant l’ambassadeur Jean-David Levitte nous parler de la nouvelle phase du monde globalisé dans laquelle nous entrons, avec le retrait programmé des Etats-Unis, évoquer la fragmentation du monde et l’absence de projet directeur, en écoutant Lionel Zinsou faire état de l’effondrement de la pauvreté en Afrique et de l’augmentation du nombre des pauvres, nous comprenons que nous ne traverserons la phase actuelle de la globalisation qu’en suscitant des Alliances « ad hoc » selon les sujets à traiter : développement, environnement, conflits, migrations, désocialisations urbaines… »

Andrea Riccardi, historien, fondateur de la Communauté de Sant’Egidio, ancien ministre, a ainsi accepté « avec conviction » l’invitation du Collège des Bernardins à construire une recherche multidisciplinaire parce que les enjeux humains de la globalisation ont besoin de « lieux ouverts et habités » où la recherche peut se mener dans une « culture de l’amitié », dans une Alliance des personnes et des intelligences, des lieux où l’on ne réfléchit « jamais sans les autres ».

Marco Impagliazzo, Président de la Communauté de Sant’Egidio et Antoine Guggenheim, Directeur du Pôle de recherche du Collège des Bernardins insistent sur ce diagnostic : « Ce siècle ne sera pas celui de la standardisation sous une seule « marque », car aucun Etat « globalisateur » n’a la puissance de l’imposer. Devant le danger de la fragmentation du monde et du vide des valeurs, des femmes et des hommes de bonnes volontés, des Etats, des organisations non gouvernementales ou spirituelles doivent s’associer en réseaux et collaborer. »

Ils font observer que le monde a aujourd’hui besoin de « croissance durable », de « justice », de relever les défis de « l’environnement » et pour répondre à ces besoins, un seul remède : « réaliser des Alliances  afin de traiter ces problèmes spécifiques de l’humanité », et « se coordonner avec les institutions internationales et régionales souvent trop faibles ou inefficaces ».

Ils sont convaincus que « de nouvelles voies émergent dans le monde pour une économie de marché plus soucieuse de l’initiative de chacun, en collaboration » et qu’elles « devraient influer aussi sur les conditions de travail dans les pays anciennement développés ».

En citant Jean-Paul II – « Le monde souffre surtout du manque de vision » – mais aussi Rosa Luxembourg –  « La liberté, c’est toujours la liberté des autres » -, ils ajoutent que le monde « attend des témoins au langage authentique ».

En un mot, c’est le besoin de voir un nouvel humanisme : « A la déculturation trop répandue du politique et du religieux, doit répondre la recherche en commun d’un « nouvel humanisme ». Un nouvel humanisme est possible et nécessaire pour écrire l’histoire. Après un XXe siècle marqué par l’échec des visions totalitaires, il s’agit d’accepter le vis-à-vis, l’interdépendance et le dialogue. »

Ils expliquent ce que signifie une telle « alliance » : « Dans le cycle historique où nous entrons, l’Alliance semble le maître mot. L’effondrement de la pauvreté et l’augmentation du nombre de pauvres dans le monde depuis vingt ans exige de libérer l’initiative des acteurs d’une « révolution spirituelle » où la culture aura son rôle fédérateur à jouer, inséparablement du politique et de l’économique. Il existe un chemin pour éradiquer la très grande pauvreté par des actions macroéconomiques qui prennent en compte la globalité des questions. Cette ambition commune peut donner à l’humanité d’écrire ensemble cette nouvelle page de son histoire. »

Les chrétiens ont un rôle spécifique à jouer dans ce contexte  : « Le christianisme, qui porte depuis sa naissance des gènes de globalisation, peut apporter à l’humanité la contribution de son utopie de fraternité universelle. Il ne s’agit pas de gommer les différences, mais de permettre à chaque personne de vivre et d’exprimer sa responsabilité singulière dans l’existence de tous.

Ce colloque concluait deux ans de travaux de la Chaire des Bernardins présidée par Andrea Riccardi et consacrée à « La globalisation, une question spirituelle ». Les travaux de la Chaire et de cette journée conclusive seront publiés en 2014 et 2015 aux éditions de L’Herne

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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