Le pape François institue ce samedi 22 mars, la Commission pontificale pour la protection des mineurs annoncée le 5 décembre et nomme ses huit premiers membres, quatre femmes, laïques – dont une victime -, quatre hommes, dont un laïc, un cardinal, deux jésuites (Argentine, Allemagne).
Ils auront pour tâche de préparer les statuts de la Commission, dont ils définiront les compétences et les fonctions.
D’autres membres représentant différents horizons géographiques s’ajouteront ensuite à cette équipe de départ.
Parmi les quatre femmes, une Française, Mme Catherine Bonnet, pédopsychiatre, spécialiste de la maltraitance des enfants, et auteur de « L’enfance muselée. Un médecin témoigne » (éd. Thomas Mols, 2007). Elle y « met en évidence des forces de résistance extraordinaire », souligne le prof. Jean-Yves Hayezdans sa préface. Chef de psychiatrie infanto-juvénile des cliniques universitaires Saint-Luc de Bruxelles, il n’hésite pas à parler de « cauchemar » et de « persécution » et d’une histoire « hallucinante ».
Pour avoir signalé aux autorités judiciaires, en 1996, des agressions sexuelles subies par des enfants, elle a finalement été contrainte, à 62 ans, à exercer son métier comme pédopsychiatre intérimaire dans des services hospitaliers britanniques. Mais, en 2006, la commission d’enquête de l’Association mondiale de psychiatrie (WPA) a confirmé la valeur de son travail.
Elle est aussi l’auteur de « L’Enfant cassé, l’inceste et la pédophilie » (éd. Albin Michel, 1999).
Les trois autres femmes sont :
-Mme Marie Collins (Irlande), victime d’abus sexuels commis par un prêtre et fondatrice d’une ONG portant son nom, venant en aide aux victimes d’abus ;
-Mme la baronne Sheila Hollins (Royaume Uni), professeur de psychiatrie à la St George’s University de Londres, depuis 1990, et membre indépendant de la Chambre des Lords depuis 2010. Elle a trente ans d’expérience comme psychiatre et psychothérapeute avec des patients victimes d’abus sexuels ;
-Mme Hanna Suchocka (Pologne), ex-Premier ministre de Pologne, ancienne ambassadrice de Pologne près le Saint-Siège entre 2001 et 2011 : elle a reçu le Max Schmidheimy Stiftung Peace Prize et la médaille d’or de la Fondation Jean Monnet pour son travail en faveur de la défense des droits humains ;
Les quatre autres membres sont :
-le cardinal Seán Patrick O’Malley, OFM Cap. (Etats-Unis), membre du Conseil des huit cardinaux, archevêque de Boston, connu pour son action contre la pédophilie dans son diocèse au début des années 2000. Il a été l’un des membres de la Visite apostolique menée en 2010 à la demande de Benoît XVI dans les diocèses et les séminaires irlandais ;
-le prof. Claudio Papale (Italie) professeur de Droit canon à l’Université pontificale Urbanienne et membre de la section disciplinaire de la Congrégation pour la doctrine de la foi ;
-un jésuite argentin, le P. Humberto Miguel Yáñez, directeur du département de théologie morale à l’Université pontificale Grégorienne à Rome, ancien membre du groupe théologique au symposium « Vers la guérison et le renouveau » organisé dans cette même université sur les abus;
-un jésuite allemand, le P. Hans Zollner, théologien et psychologue, vice-recteur de l’Université pontificale Grégorienne et organisateur du symposium « Vers la guérison et le renouveau ».
Le directeur de la salle de presse du Saint-Siège, le P. Federico Lombardi, sj, commente l’institution de cette Commission en rappelant les paroles du bienheureux pape Jean-Paul II aux cardinaux des Etats-Unis, le 23 avril 2002: « Les gens ont besoin de savoir qu’il n’y a pas de place dans le sacerdoce et la vie religieuse pour ceux qui nuiraient à un jeune …. Tant de douleur , tant de douleur doit conduire à un sacerdoce saint, un saint épiscopat, et une Eglise plus sainte ».
Il rappelle aussi les paroles du pape émérite Benoît XVI aux évêques irlandais, le 28 octobre 2006, les exhortant à « établir la vérité sur ce qui s’est passé », à « prendre toutes les mesures préventives nécessaires » pour éviter que de tels faits se reproduisent, et pour s’assurer que « les principes de la justice soient pleinement respectés » et, surtout, à « apporter la guérison aux victimes et à toutes les personnes touchées par ces crimes odieux ».
Le P. Lombardi souligne que cette institution par le P. François s’inscrit dans le cadre déjà donné par ses prédécesseurs, après de multiples consultations,
Pour le pape François, explique le P. Lombardi, « l’Église doit placer la protection des enfants parmi ses priorités et promouvoir des initiatives dans ce domaine aujourd’hui ».
Quant au choix des memebres de la Commisison, il précise que ce sont des personnes « hautement qualifiées » et « connues pour leur engagement à ce sujet ».
Ce groupe va se mettre « rapidement » au travail, notamment pour « le développement de la structure finale de la Commission » et pour « proposer les noms d’autres candidats, en particulier d’autres continents et pays », au service de la Commission.
Il affirme que « l’Eglise doit jouer un rôle crucial dans ce domaine », et en regardant « vers l’avenir sans oublier le passé ».
Au programme, une approche éducative pour « prévenir l’exploitation des enfants », les procédures et les infractions pénales, les droits et les responsabilités de la société civile et canonique, le développement de «bonnes pratiques» déjà identifiées et développées dans la société.
Cette Commission pourra iansi « contribuer à la mission du Saint-Père pour répondre à la responsabilité sacrée d’assurer la sécurité des jeunes », conclut le P. Lombardi.