« L’Église de Rome n’est pas restée indifférente, au contraire, c’est grâce à elle que plus de la moitié des juifs de Rome a pu survivre à la persécution nazie », affirme L’Osservatore Romano dans son édition du 12 mars 2014.
Chiffres à l’appui, le journal du Vatican énumère les aides de l’Église aux juifs : « parmi les 8.207 juifs présents à Rome avant la rafle du 16 octobre 1943, on estime à 1.323 (dont 1.116 romains) le nombre de ceux qui avaient cherché refuge ailleurs : 18 au Vatican et dans les sièges extraterritoriaux : 44 dans les paroisses et collèges pontificaux; 500 dans 43 monastères déjà connus; 368 chez des amis à eux; et 393 dans les villages aux alentours de Rome ».
« Pour les trois premiers groupes, il ne fait aucun doute que le pape Pie XII, en personne, est intervenu pour leur donner une cachette », affirme le journal. En outre, parmi les 368 juifs cachés chez des particuliers, « 152 étaient sous la protection de Delasem, une organisation internationale de secours aux juifs en difficulté, que le pape aidait en nourriture et argent. Au total, il s’agirait de 714 juifs, donc 54% des 1.323 indiqués plus haut ».
Le journal des Sœurs franciscaines Missionnaires de l’Immaculée conception fait état d’un avis de protection du Saint-Siège, daté du 20 juillet 1943, visant à protéger les juifs qui s’y réfugiaient contre d’éventuels persécuteurs : « Tous les jours il y a avait une nouvelle demande; de temps en temps arrivait un coup de téléphone de la Secrétairerie d’État de sa Sainteté, demandant à la Révérende Mère provinciale de venir au Vatican, et le motif était toujours le même: (…) une famille persécutée à accueillir. (…) pas question de refuser à des représentants du pape ».
Malgré plusieurs tentatives, le pape n’a pas réussi à empêcher la rafle, mais il a réussi à sauver de nombreux juifs de la déportation : les quelque 200 juifs auxquels, quelques heures après le début de la rafle, les Sœurs de Notre-Dame de Sion ouvrirent les portes de leur monastère, sous autorisation du Vatican. Le Grand Séminaire pontifical de Rome eut sous son toît des juifs réputés comme le mathématicien Giorgio Del Vecchio et le clinicien Frugoni, en accord avec Pie XII, qui demandait la liste des juifs qui y étaient cachés avec leur vrai nom et leur nom falsifié.
Dans le journal des Sœurs Augustiniennes des Quatre-Saints-Couronnés on lit qu’en novembre 1943 Pie XII « souhaitait qu’elles protégeassent ses fils: y compris les juifs ». Sœur Assunta des Clarisses de Saint-Laurent a elle aussi témoigné que « le pape Pacelli avait donné à tous les instituts la faculté de les prendre (…). Il s’agissait d’un ordre oral arrivé du Vicariat ».
De même au recteur du Collège Lombard, Mgr Giuseppe Bertoglio, Juste parmi les Nations, le pape avait dit: « Faites-le ! Avec prudence, mais faites-le ! ».
Après la rafle, pendant huit mois, jusqu’au 4 juin 1944, quand Rome fut libérée, on estime que le nombre de juifs présents s’élevait à 9.926, poursuit L’Osservatore Romano : « 1.697 furent tués, dans diverses circonstances; 117 juifs seulement survécurent aux déportations. Parmi les 8.112 juifs restés à Rome, 4.169 juifs avaient trouvé refuge dans au moins 234 monastères, 344 dans les Collèges pontificaux et dans les paroisses romaines et 161 au Vatican, tandis que 1.670 juifs survécurent sous la protection de Delasem chez l’habitant à Rome. Cela signifie que 64% des 9.926 juifs, furent en quelque sorte aidés par le pape Pie XII. »
Le texte rappelle qu’Elio Toaff, le grand rabbin de Rome, a loué « la grande bonté et magnanimité compatissante du pape » durant la persécution, déclarant que la communauté israélite de Rome était convaincue que « tout ce qui a été fait par le clergé, par les instituts religieux et par les associations catholiques pour protéger les persécutés ne pouvait avoir eu lieu que sous la claire approbation de Pie XII ».
Avec Océane Le Gall pour la traduction