« Nous avons des choses à retrouver dans notre propre trésor pour nous aider dans la pastorale de la famille », estime le cardinal Nichols.

Le cardinal Vincent Nichols, archevêque de Westminster, 68 ans, est l'un des 19 cardinaux créés par le pape François le 22 février 2014. Il est aussi le président de la conférence épiscopale d’Angleterre et du Pays de Galles.

Il évoque notamment l'enjeu des prochains synodes des évêques sur la famille, pour les lecteurs de Zenit. (cf. Zenit du 10 mars 2014 pour la première partie de l'entretien).

Zenit – Le cardinal Kasper a évoqué la possibilité d’utiliser le sacrement de pénitence pour aider à aborder le problème délicat des catholiques divorcés remariés...

Card. Vincent Nichols - En écoutant le cardinal Kasper et tous les discours qui ont suivi, il est clair que c’est une direction à explorer. Mais comme l’a dit le cardinal Kasper, ce n’est qu’une ouverture, et une ouverture ne fait que reprendre quelques-uns des thèmes principaux que l’opéra ou la symphonie développera par la suite. Ce n’est donc pas une bonne idée de vouloir anticiper le processus.

Mais envoyer un questionnaire ne comporte-t-il pas le risque de susciter de faux espoirs et finalement d'influencer l’issue ou les conséquences du synode ?

La grande question autour de ce questionnaire vient du fait qu’on l’a trop facilement interprété comme un sondage d’opinion, sur les modèles de ceux de la vie politique auxquels nous sommes très habitués. Les sondages d’opinion sont faits pour guider la formulation des politiques, parce que les politiques doivent avoir le soutien du public. Mais cela n’a rien à voir.

Certains pensent que c’est la même chose.

Je suis d’accord, on peut l’interpréter de cette façon. Mais je pense que c’était juste de le faire ainsi, c’était une tentative structurée de se mettre à l’écoute de l’expérience de la vie catholique et c’est ce que tout prêtre devrait faire. Lorsqu’un prêtre rend visite à des personnes, lorsqu’il les rencontre au fond de l’église, il écoute toujours leur expérience. Et on a fait cela à une grande échelle. Je crois que la plupart des catholiques vont commencer à saisir cette distinction : quand j’en ai parlé en public, les gens savaient bien que ce n’est pas un sondage d’opinion destiné à remodeler une politique parce que nous n’avons pas de politiques. Nous avons des enseignements et nous avons une pratique pastorale ; et à mon avis, la pratique pastorale a un peu perdu le cap dans l’Église. Pour moi, c’est très touchant parce que l’église titulaire qui m’a été attribuée est celle de Saint-Alphonse et saint Alphonse était un des grands maîtres de la pastorale dans l’Église. Nous avons donc des choses à retrouver dans notre propre trésor pour nous aider dans la pastorale de la famille.

Certains pays, comme la Suisse et l’Allemagne, ont rendu publics leurs résultats, dans l’intention d’essayer de changer l’enseignement de l’Église sur ces questions...

Je ne suis pas là pour attribuer des intentions aux gens. On nous a demandé très clairement – mais je ne sais pas ce qu’il en est pour la conférence épiscopale d’Allemagne – de ne pas rendre publiques les réponses formelles que nous adressions au Saint-Siège et je suis d’accord avec cela parce que, comme je l’ai dit, si toutes les conférences épiscopales rendent publiques leurs réponses, cela limite l’espace dans lequel le processus du synode peut se dérouler. Mais nous allons réfléchir aux questions que nous avons entendues pour voir exactement quels sont les défis pour les paroisses, parce que ce processus n'est pas uniquement destiné à des synodes d’évêques. C’est aussi pour [les paroisses], un défi d’un dimanche à l’autre.

Que pensez-vous des prêtres qui enseignent quelque chose de faux sur l'enseignement de l'Eglise ?

La relation qui existe entre un évêque et un prêtre en particulier est toujours très délicate. Cela peut être très subtil et c’est pour moi une relation très personnelle. Mon but est toujours d’essayer d’aider le prêtre à vivre son ministère, auquel il a été appelé et pour lequel il a été ordonné par l’action de Dieu, le mieux possible. Je pense que si vous parlez avec des prêtres, ils savent ce qu’est l’enseignement de l’Église. Ils sont parfois très obstinés, et parfois, mais pas très souvent, j’ai dit : ‘Non, tu ne peux pas faire cela.’. Je pense qu’ils ont compris et accepté malgré leurs réticences. Mais nous ne sommes pas des policiers. C’est une communion de vie et le prêtre accepte l’autorité d’un évêque... C’est quelque chose qui se construit, qui grandit et qui se nourrit à travers les relations.

Traduction d'Hélène Ginabat