Voici quelques extraits d’une Lectio Divina pour dimanche prochain (15 mars) qui est disponible en ligne dans son intégralité.
Nous continuons notre parcours spirituel du Carême en méditant sur le récit de la Transfiguration de Jésus : après avoir pris exemple sur Lui dans notre lutte contre le mal (dimanche dernier : les tentations), nous le contemplons dans sa gloire.
C’est le terme du chemin : la vie bienheureuse avec Lui. Ce but final motive nos efforts d’ascèse et nous soutient alors que nous voyons la Passion se profiler à l’horizon. Comme Jésus et en sa compagnie, nous allons à la Lumière à travers la Croix : Per Crucem ad Lucem. La préface de la messe l’affirme :
Lumière sur les lectures
L’épisode de la Transfiguration (Mt 17) fut une expérience centrale dans la vie des disciples. Le mont Thabor se situe spirituellement entre le Jourdain et le Calvaire, début et fin de la vie publique de Jésus : trois lieux où sa filiation divine est proclamée, d’abord par le Père sans autre témoin (Mt 3,17 : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, qui a toute ma faveur), ensuite comme indication aux disciples (Mt 17,5, où la voix ajoute simplement : Écoutez-le), enfin comme réponse humaine sur les lèvres du centurion (Mt 27,54 : Celui-ci était fils de Dieu !).
La Transfiguration est donc une étape dans le cheminement spirituel des disciples. Ils ont suivi l’appel du Seigneur, comme Abraham ; bientôt ils vont être confrontés au scandale de la Croix. Jésus le leur annonce, et leur fait accomplir une expérience de foi. C’est celle dont nous avons aussi besoin aujourd’hui, comme nous le fait prier la liturgie :
Tu nous as dit, Seigneur, d’écouter ton Fils bien-aimé ; fais-nous trouver dans ta parole les vivres dont notre foi a besoin : et nous aurons le regard assez pur pour discerner ta gloire. Par Jésus-Christ… (2)
Recevoir la gloire
Joignons-nous au groupe des trois disciples que Jésus mène au Tabor. Quelle surprise que cette expérience ! Ils ne s’attendaient pas à une telle manifestation de gloire ; ils n’auraient jamais osé la demander, ils s’en seraient sentis indignes… Et pourtant Jésus la leur offre, gratuitement, sans prévenir, et sans rien attendre d’eux en retour…
De même nous sommes parfois bien préoccupés par notre itinéraire spirituel, par nos vertus et notre effort ascétique, surtout en cette période de Carême ; nos regards ont tendance à s’attacher ici-bas à notre petit monde, et la tristesse de notre médiocrité – voire de notre péché – n’est pas loin… Parce que nos propres forces ne seront jamais suffisantes pour suivre le Christ. Et pourtant Jésus nous emmène sur la montagne ; à l’improviste, il nous offre ces dons spirituels que nous n’osions même plus demander : le don de la contemplation, la charité effective, une illumination particulière pour notre labeur apostolique…
Sans aucun mérite de notre part. Simplement parce que le Seigneur nous aime, qu’Il nous rejoint là où nous sommes, qu’Il veut nous faire partager son bonheur de communion avec le Père. Recevoir la Gloire : n’est-ce pas ce que Jésus est venu nous enseigner ? N’est-ce pas le but de toute notre vie chrétienne ? Apprenons d’un poète, Paul Claudel, la contemplation de cette scène évangélique (3) :
Montons au Thabor avec lui : Jésus est mûr.
L’hostie va être un instant élevée, voici le centre des saints Mystères.
L’Homme parfait dans le Christ atteint sa parfaite figure,
Et ses pieds comme d’eux-mêmes se séparent de la terre ;
Les temps sont venus que Dieu enfin couronne Sa création toute entière.
Ce qui est vêtement devient comme de la neige, ce qui est chair brille comme de la lumière.
La loi et les prophètes aussitôt apparaissent en sa présence.
Comme l’iris où ne manque pas le soleil, et le Fils quand voici le Père :
« Tu es mon Fils bien-aimé en qui j’ai mis ma complaisance. »
…
Résolution
En cette deuxième semaine de Carême, je prendrai garde à la tentation du volontarisme : me confier trop à mes « résolutions », à mes moyens d’ascèse, à mes sacrifices, etc. Ne pas leur donner trop d’importance : ils ne sont que des moyens pour exprimer mon amour envers le Christ. Par contre je désirerai et lui demanderai avec insistance la grâce de la Transfiguration : que sa Gloire vienne rejoindre et transfigurer mon chemin terrestre.
Il est possible de consulter ici l’intégralité de cette Lectio Divina.
(1) et (2) Préface et Collecte de la messe du 2º dimanche de Carême.
(3) Paul Claudel, la Transfiguration, dans Corona Benignitatis Anni Dei, NRF p. 154.