Le cardinal Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour l’unité des chrétiens, est intervenu sur “Synodalité et Primauté à la lumière des encouragements du pape François”, le mercredi 26 février 2014, à Castelgandolfo, durant le congrès des évêques amis du mouvement des Focolari.
Citant le n. 246 d’Evangelium gaudium – « dans le dialogue avec les frères orthodoxes, nous les catholiques, nous avons la possibilité d’apprendre quelque chose de plus sur le sens de la collégialité épiscopale et sur l’expérience de la synodalité » – le cardinal Koch a souligné qu’ « au centre du dialogue oecuménique entre l’Église catholique et les Églises orthodoxes, il y a la réflexion sur le rapport entre synodalité et primauté ».
En d’autres termes, le débat se situe entre les orthodoxes qui reconnaissent le primat du synode des évêques et l’Église catholique qui, en revanche, reconnaît la primauté universelle du pape et de Rome. Le cardinal a rappelé que le 7 décembre 1965, en la cathédrale du Phanar à Istanbul et dans la basilique Saint-Pierre à Rome, le patriarche oecuménique Athénagoras de Constantinople et le pape Paul VI décidèrent « d’enlever de la mémoire et du milieu de l’Église » les sentences d’excommunication de l’année 1054, pour éliminer « un obstacle au rapprochement dans la charité ».
« Par cet acte, a ajouté le cardinal, le poison de l’excommunication a été supprimé de l’organisme de l’Église » et le « symbole de la division » a été substitué par le « symbole de la charité ». Suite à cela, de 1980 à 1990, de considérables convergences entre la théologie orthodoxe et la théologie catholique latine ont été reconnues, sur le thème des sacrements, des mystères de l’Église et surtout de l’eucharistie, ainsi que sur le rapport entre foi, sacrements et Église, a-t-il rappelé.
Mais de 1990 à 2000, les conversations œcuméniques devinrent plus difficiles à cause des changements politiques successifs après la chute du mur de Berlin. Une aggravation qui en 2000 eut pour conséquence l’interruption des travaux de la Commission internationale pour l’oecuménisme. Puis, durant l’Assemblée plénière tenue à Ravenne en 2007, le document : “Conséquences ecclésiologiques et canoniques de la nature sacramentelle de l’Eglise ; Communion ecclésiale, Conciliarité et Autorité” a été approuvé. Un texte qui, selon le cardinal Koch, « représente une étape capitale dans le dialogue entre catholiques et orthodoxes ».
Pour le cardinal, la primauté de l’évêque de Rome peut être un obstacle mais aussi une opportunité pour le dialogue oecumenique. A ce sujet, le bienheureux Jean-Paul II, dans la partie conclusive de l’encyclique “Ut unum sint”, a invité les communautés ecclésiales à trouver « une forme d’exercice de la primauté ouverte à une situation nouvelle, mais sans renoncement aucun à l’essentiel de sa mission », et ainsi ce ministère « pourra réaliser un service d’amour reconnu par les uns et par les autres ».
D’autre part, le métropolite John D. Zizioulas, co-président de la Commission de dialogue, a proposé que les Eglises orthodoxes puissent apprendre qu’une primauté, y compris au niveau universel de l’Eglise, n’est pas seulement possible et théologiquement légitime, mais est nécessaire.
Le cardinal a souligné que la synthèse entre primauté et synodalité sera réussie et crédible en grande partie si la primauté de l’évêque de Rome montre « qu’elle est une primauté de l’obéissance à l’Evangile”.
« Nous sommes tous appelés à apporter notre contribution afin que le chemin de la réconciliation entre l’Église d’Orient et l’Église d’Occident, et donc entre synodalité et primauté, entamé il y a 50 ans plein de promesses, puisse enfin atteindre son objectif dans l’agape eucharistique », a-t-il poursuivi.
Le cardinal a conclu en souhaitant que la rencontre entre le pape François et le patriarche Bartholomaios, qui aura lieu à Jérusalem (24-26 mai 2014), aille dans la même direction que les paroles du patriarche oecuménique Athenagoras en 1968 : « L’heure du courage chrétien est arrivée. Aimons-nous les uns les autres ; professons notre foi commune; mettons-nous en chemin ensemble vers la gloire de l’Autel sacré commun. »
Traduction d’Anne Kurian