Ma renonciation est « valide », et « libre », explique le pape émérite Benoît XVI un an après la « sede vacante » du 28 février 2014.
Le pape émérite écrit en effet, depuis le monastère « Mater Ecclesiae » du Vatican, une lettre publiée par le quotidien italien La Stampa pour couper court aux spéculations sur sa décision annoncée le 11 février 2013.
C’est une réponse au journaliste italien Andrea Tornielli qui lui avait adressé quelques questions sur des « pressions » ou « complots » présumés à l’origine de sa démission.
« Il n’y a pas le moindre doute sur la validité de mon renoncement au ministère pétrinien », dit-il en qualifiant de « simplement absurdes » des « spéculations » à ce propos, de même que les allégations de « diarchie », de double pouvoir au Vatican.
Il explique qu’il y a un “pape régnant” exerçant “pleinement ses fonctions”, et un pape émérite, qui a comme “seul et unique objectif” de prier pour son successeur.
Benoît XVI évoque aussi le choix de l’habit blanc : « c’était simplement une chose pratique. Au moment de la renonciation, il n’y avait pas d’autres vêtements à disposition ». Il fait observer qu’il le porte « d’une façon bien distincte du pape » François : « là aussi les spéculations sont sans le moindre fondement ».
Benoît XVI a donné publiquement un témoignage fort de ce qu’il affirme dans la lettre, lors du consistoire pour la création de 19 cardinaux, le 22 février dernier : prenant place sur un siège semblable à ceux des autres cardinaux, le pape émérite a retiré sa calotte blanche pour saluer le pape François venu à lui fraternellement, avant et après la célébration. Une façon de montrer son respect devant le seul pape ‘régnant’.
Lundi 11 février 2013 déjà, le pape Benoît XVI annonçait sa décision et l’expliquait aux cardinaux réunis pour un “consistoire ordinaire” pour des causes des saints en disant: « Après avoir examiné ma conscience devant Dieu, à diverses reprises, je suis parvenu à la certitude que mes forces, en raison de l’avancement de mon âge, ne sont plus aptes à exercer adéquatement le ministère pétrinien. »
Il ajoutait : « C’est pourquoi, bien conscient de la gravité de cet acte, en pleine liberté, je déclare renoncer au ministère d’Evêque de Rome, Successeur de saint Pierre, qui m’a été confié par les mains des cardinaux le 19 avril 2005, de telle sorte que, à partir du 28 février 2013 à vingt heures, le Siège de Rome, le Siège de saint Pierre, sera vacant. »
Les jours suivants, le P. Lombardi a fait savoir que Benoît XVI garderait son nom, qu’il serait appelé « pape émérite » et qu’il continuerait à porter l’habit blanc, sans la ‘mozzetta’ ni les chaussures rouges des papes (cf. Zenit du 26 février 2013).
Lors de sa dernière audience générale, le 27 février 2013, Benoît XVI avait lui-même donné un éclairage sur sa future mission, soulignant que sa renonciation n’était pas « un abandon de la Croix » : « Je ne retourne pas à la vie privée, à une vie de voyages, de rencontres, de réceptions, de conférences, etc. Je ne porte plus le pouvoir de la charge du gouvernement de l’Eglise, mais dans le service de la prière je reste, pour ainsi dire, dans l’enclos de saint Pierre. »
La Stampa rappelle que Benoît XVI avait évoqué, dans le livre d’entretien avec Peter Seewald « Lumière du monde » (2010), le droit et le devoir de se retirer de cette charge : « Oui, quand un pape en vient à reconnaître en toute clarté que physiquement, psychiquement, et spirituellement il ne peut plus assumer la charge de son ministère, alors il a le droit, et, selon les circonstances, le devoir, de se retirer » (cf. Zenit du 12 février 2013).
Avec Anita Bourdin