Pape François, Pape Benoït, Mgr Gänswein, L'Osservatore Romano

Pape François, Pape Benoït, Mgr Gänswein, L'Osservatore Romano

«C’est un jeudi matin que j’ai eu ma première rencontre ‘personnelle’ avec le futur pape», par Mgr Gänswein

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Interview du préfet de la Maison pontificale et secrétaire de Benoît XVI

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«C’est un jeudi matin que j’ai eu ma première rencontre ‘personnelle’ avec le futur pape», raconte Mgr Georg Gänswein, préfet de la Maison pontificale et secrétaire du pape Benoît XVI, dans les colonnes du mensuel italien BenEssere, le « mensuel de la santé et de l’âme », du 24 mars.
« Je me maintiens en forme avec des promenades et des excursions sur le Velino ou le Gran Sasso », déclare Mgr Georg Gänswein qui admet deux « faiblesses » : « Je suis très gourmand de gâteaux et j’ai une quantité de patience limitée. Mais je m’efforce constamment de m’améliorer .»
Maturation d’une vocation
L’archevêque allemand avoue le « secret » de son équilibre intérieur : « Le vrai secret pour rester en forme est de vivre une existence ordonnée, physiquement comme spirituellement, et d’avoir une boussole à suivre, avec toutes les difficultés et les échecs humains qui existent forcément. » Une fois par mois, avec des amis prêtres, il va faire des excursions ou skier dans le massif des Abbruzes.
Quand il était enfant, il rêvait de football : « Jouer en équipe t’enseigne l’importance des règles et l’exigence de les respecter. »
Il évoque la maturation de sa vocation: « Je n’ai pas eu d’illumination particulière », « cela n’a pas été une révélation, un événement fulgurant. Jusqu’à l’âge de 17 ans, je n’avais aucune idée de devenir prêtre. Après mon baccalauréat, je ressentais l’exigence de devoir trouver le sens de la vie. C’est pour cela que j’ai décidé d’étudier la philosophie et la théologie à l’université. Puis, avec l’aide d’un prêtre, j’ai compris que la vie a du prix et je suis entré au séminaire ».
La rencontre avec Joseph Ratzinger
En 1995, il fait la connaissance du cardinal Ratzinger lors d’un petit-déjeuner au Collège teutonique de Rome: « C’est un jeudi matin que j’ai eu ma première rencontre ‘personnelle’ avec le futur pape », « puis, vers la fin de 1995, il m’a demandé de devenir un collaborateur de la Congrégation pour la doctrine de la foi, dont il était le préfet. Depuis ce moment, je travaille avec Joseph Ratzinger. »
Mgr Gänswein évoque la vie du pape émérite aujourd’hui: « En avril, le pape Benoît XVI fêtera ses 89 ans : il est comme une bougie qui, lentement et sereinement, s’éteint, comme cela se produit pour beaucoup d’entre nous. Il est serein, en paix avec Dieu, avec lui-même et avec le monde. Il s’intéresse à tout et conserve son humour fin et subtil, avec lequel il sait ‘ajouter une pincée sel’. Il a gardé une grande passion pour les félins. Dans nos jardins, vivent Comtesse et Zorro, deux chats qui viennent souvent ‘saluer’ le pape émérite. »
Il déplore les accusations sans fondement lancées contre le pape Benoît XVI: « Les nombreuses attaques contre le pape Benoît m’ont beaucoup peiné. Combien de fois ai-je dû entendre et lire que Ratzinger n’a pas réagi de manière satisfaisante contre la pédophilie, alors que c’est justement lui, déjà en tant que cardinal, qui a commencé à la combattre. Combien de critiques, d’accusations et de calomnies infondées, à son égard ainsi que dans d’autres situations ! Cela m’a fait mal. Et puis il y a eu le cas Vatileaks : je me suis senti personnellement atteint parce que c’est moi qui avais donné toute ma confiance à une personne qui l’a trahi sans scrupules. »
Il avoue avoir essayé de le dissuader de démissionner: « Je le savais déjà depuis très longtemps, cela n’a pas été une décision à l’improviste, mais elle a mûri progressivement et soigneusement. Pour moi, cela a été difficile de digérer cette décision et de garder le secret. » Mgr Gänswein admet qu’il a tenté de le faire changer d’idée : « J’ai essayé de ‘ramer contre’ et j’ai fait quelques propositions pratiques pour faciliter l’exercice de son ministère pétrinien. Mais je me suis rendu quand j’ai compris que Benoît XVI ne m’avait pas confié une pensée hypothétique, mais une décision définitive. »
Au service de deux papes
Et aujourd’hui, « c’est un homme âgé mais il est très lucide ; malheureusement, il commence à avoir du mal à marcher, c’est pourquoi il utilise un déambulateur. Il maintient une correspondance assez importante, mais il n’écrit plus de livres, il se limite à dicter des lettres à sa secrétaire. Il mène volontairement une vie de moine, mais il n’est nullement isolé : il prie, il lit, il écoute de la musique, il reçoit des visites, il joue du piano ».
A propos de son double service du pape François et du pape émérite, il ajoute: « Ils sont différents par leur caractère, leur personnalité ainsi que dans leur manière de communiquer et d’être en relation. Pour moi, vivre avec le pape François est un stimulant : il cherche le contact direct, presque physique, il caresse et se laisse caresser, dépassant ainsi toute distance personnelle. Le pape Benoît, lui, est plus réservé : il caresse par ses paroles, plutôt qu’en prenant dans ses bras. Ce sont deux personnalités différentes, mais l’important est qu’ils sont tous les deux authentiques, sans chercher à ‘copier’ qui que ce soit. »

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Matthieu Gourrin

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