« Nous voici, Saint-Père, pour entreprendre et continuer, avec vous et sous votre conduite, le « chemin d’une conversion pastorale et missionnaire, qui ne peut laisser les choses comme elles sont », nous instaurant dans tous les endroits de la terre dans un « état de mission permanente » (EG 25), selon les orientations du concile oecuménique Vatican II », a déclaré le cardinal Parolin au seul du consistoire au cours duquel lui et 17 autres cardinaux ont reçu les trois insignes cardinalices: la barrette, l’anneau, le parchemin, en la basilique Saint-Pierre, samedi, 22 février.
Voici le texte intégral de son allocution, dans notre traduction de l’italien.
A.B.
Allocution du card. Pietro Parolin
Saint-Père,
Avec un sentiment d’émotion et d’inquiètude, je Vous adresse un salut dévoué en mon nom et en celui des autres évêques qui, ce jour, sont élevés par Votre Sainteté au Collège des cardinaux.
Nous saluons, avec une égale affection et vénération, le pape émérite, Sa Sainteté Benoît XVI, heureux de sa présence parmi nous.
Je voudrais reprendre et exprimer toutes les pensées et sentiments qui se pressent dans notre esprit et notre cœur par deux mots. Le premier est : « merci ».
Merci, Saint Père, pour la grande confiance manifestée dans nos échanges ! C’est par la confiance que nous saurons répondre, avec fidélité, générosité et persévérance, à l’appel contenu dans le symbole de la pourpre et explicité par la l’exhortation qui accompagne l’imposition de la barrette, à être prêts à « nous comporter avec force usque at sanguinis effusionem pour le développement de la foi chrétienne, pour la paix, la tranquillité du peuple de Dieu, pour la liberté et la propagation de la Sainte Eglise Romaine ».
Si, depuis le début du chemin de notre vocation, et grâce au bon exemple de tant de frères et sœurs qui nous ont accompagnés pendant les différentes phases de la vie, nous avons reçu la grâce de comprendre qu’être disciples de Jésus c’est s’embarquer dans une aventure de sainteté et d’amour, dont la mesure est de ne pas voir de mesure et qui peut exiger le don de la vie – comme c’est arrivé et arrive à tant de chrétiens dans le monde – aujourd’hui, en un certain sens, nous ratifions de manière publique et solennelle cette option.
D’être Cardinaux nous habilite à une mission et à des services ecclésiaux encore plus chargés de responsabilité, nous demande une volonté toujours plus grande d’assumer la personnalité de Fils de Dieu, qui est venu parmi nous en tant que serviteur (Lc 22,25-27) et de le suivre dans son don d’amour humble et total à l’Eglise son épouse, sur la Croix . C’est sur ce bois – disait le pape Benoît – que la semence, que le Père fait tomber sur la terre du monde, meurt pour devenir un fruit mûr. Pour cela, il faut un enracinement encore plus profond et lié dans le Christ, de manière à pouvoir dire comme saint Paul « ce n’est plus moi qui vis, le Christ qui vit en moi » (Gal, 2 ,20) (Homélie au Consistoire Ordinaire Public, 20 novembre 2010).
Votre Sainteté ne s’est pas exprimée différemment dans la belle et affectueuse lettre qu’il nous a envoyé après l’annonce de la nomination de laquelle nous vous sommes profondément reconnaissants. Elle nous rappelait que le « service cardinalice ne veut pas dire une promotion, ni un honneur, ni une décoration ; c’est simplement un service qui exige d’élargir son regard et agrandir son cœur. Et, bien que cela semble paradoxal, ce pouvoir de regarder plus loin et d’aimer plus universellement avec une intensité plus grande, on ne peut l’acquérir qu’en suivant la voie du Seigneur : la voie de l’abaissement et de l’humilité, en prenant la place de serviteur (Phil 2,5-8). Pour cela je demande, s’il vous plait, de recevoir cette nomination avec un cœur simple et humble ».
Le second mot est : « me voici ». Les pages de la Bible en sont pleines, parce qu’on l’entend de lèvres de tous ceux qui ont accueilli l’appel de Dieu et qui se sont mis à sa disposition pour réaliser un projet de salut et de paix. Aussi la prononçons-nous aujourd’hui. Et nous le ferons avec une sincérité et une conviction profonde, avec la même foi qu’Abraham, « notre père en la foi » (Rm 14,11) et de Marie, l’humble servante du Seigneur (Lc 1,48), avec l’humilité de celle qui se confie plutôt à la grâce de Dieu et sur les prières de l’Eglise que sur sa faible volonté et ses forces fragiles.
Nous voici donc, Saint-Père, pour assumer la tâche que l’introduction dans le Collège des cardinaux, c’est-à-dire d’être vos collaborateurs spéciaux, unis plus étroitement à l’Eglise de Rome et à celui qui « préside à la charité », témoins de l’unité de l’Eglise et de son universalité, en continuant, avec un enthousiasme renouvelé pour le développement des missions spécifiques qui nous sont confiées, dans la Curie romaine ou dans les différents sièges épiscopaux.
Nous voici, Saint-Père, pour avancer, édifier et confesser ensemble, comme vous même vous nous y exhortiez au premier jour de votre pontificat, avec le courage « d’avancer en présence du Seigneur, avec la croix du Seigneur ; d’édifier l’Eglise sur le Sang du Seigneur, qui a été versé sur la croix ; et de confesser l’unique gloire : le Christ crucifié. Et ainsi l’Eglise ira de l’avant » (Homélie de la Messe avec les Cardinaux, le 14 mars 2013).
Nous voici, Saint-Père, pour entreprendre et continuer, avec vous et sous votre conduite, le « chemin d’une conversion pastorale et missionnaire, qui ne peut laisser les choses comme elles sont », nous instaurant dans tous les endroits de la terre dans un « état de mission permanente » (EG 25), selon les orientations du concile oecuménique Vatican II.
Nous vous assurons de notre prière et nous confions nos résolutions à Marie, Mère de l’Eglise et Reine des Apôtres. Qu’elle intercède pour Vous, Saint-Père, pour nous tous présents, pour l’Eglise et le monde entier, avec saint Joseph, le bienheureux Jean XXIII et tous les saints !
Traduction de Zenit, Hugues de Warren