« Laissons-nous envahir par l’amour de Dieu! C’est le moment de la grande miséricorde! Ne l’oubliez pas: c’est le moment de la grande miséricorde! », annonce le pape François, avec des accents tout à fait étonnants, quatre fois dans la même allocution.
« La manifestation du Fils de Dieu sur terre marque le début d’une grande période de Miséricorde », explique le pape en la fête du baptême de Jésus, dimanche, 12 janvier.
« Chaque enfant baptisé est un prodige de la foi et une fête pour la famille de Dieu », explique aussi le pape qui confie qu’il aime baptise les petits enfants: il a baptisé dimanche, en la chapelle Sixtine, 32 petits-enfants, 18 filles et 14 garçons, comme c’est la traditon, depuis 1989, en la fête du Baptême de Jésus.
Parmi ces enfants, l’un dont la maman est célibateire – elle avaité écrit au pape, refusant d’avorter – et un autre dont les parents, miliaires originaires des Pouilles, sont mariés uniquement civilement: le pape fait ce qu’il annonce, une pastorale de la miséricorde et non du jugement et des condamnations.
Il a souvent élevé la voix, déjà comme archevêque de Buenos Aires, contre les prêtres qui refusent le baptême aux enfants d’une maman célibataire.
Le plus bel « héritage » à laisser à vos enfants, a insisté le pape dans son homélie, c’est « la foi »: vous êtres des « transmetteurs ».
Voici les paroles du pape avant la prière de l’angélus, depuis la fenêtre du bureau qui donne place Saint-Pierre, dans notre traduction intégrale de l’italien.
Après l’angélus, le pape a annoncé les noms des 19 nouveaux cardinaux qu’il va « créer » lors du consistoire du 22 février.
A.B.
Allocution du pape François avant l’angélus
Chers frères et sœurs, bonjour!
Aujourd’hui c’est la fête du Baptême du Seigneur. Ce matin j’ai baptisé 32 bébés. Je remercie avec vous le Seigneur pour ces créatures et pour chaque nouvelle vie. J’aime baptiser les enfants. Cela me plait beaucoup ! Chaque enfant qui naît est un don de joie et d’espérance, et chaque enfant baptisé est un prodige de la foi et une fête pour la famille de Dieu.
L’Évangile d’aujourd’hui souligne que dès que Jésus eut reçu le baptême de Jean dans les eaux du Jourdain, « les cieux s’ouvrirent » (Mt 3,16). Ceci réalise les prophéties. En effet, il y a une invocation que la liturgie nous fait répéter pendant la période de l’Avent : « Si tu déchirais les cieux et descendais ! » (Is 63,19). Si les cieux restent fermés, notre horizon dans cette vie éternelle est sobre, sans espérance. Par contre, en célébrant Noël, la foi encore une fois nous a donné la certitude que les cieux se sont déchirés avec la venue de Jésus. Et le jour du baptême du Christ nous contemplons encore les cieux ouverts.
La manifestation du Fils de Dieu sur terre marque le début d’une grande période de Miséricorde, après que le péché a fermé les cieux, élevant comme une barrière entre l’être humain et son Créateur. Avec la naissance de Jésus les cieux s’ouvrent! Dieu nous donne dans le Christ la garantie d’un amour indestructible. Depuis que le Verbe s’est fait chair il est donc possible de voir les cieux ouverts.
Ce fut possible pour les bergers de Bethléem, pour les mages d’Orient, pour Jean Baptiste, pour les apôtres de Jésus, pour saint Etienne, le premier martyr, qui s’exclama: « Je contemple les cieux ouverts ! » (Ac. 7,56). Et c’est possible aussi pour chacun de nous, si nous laissons l’amour de Dieu nous envahir, amour qui nous est donné la première fois dans le baptême par le Saint-Esprit. Laissons-nous envahir par l’amour de Dieu! C’est le moment de la grande miséricorde! Ne l’oubliez pas: c’est le moment de la grande miséricorde!
Quand Jésus reçut le baptême de pénitence des mains de Jean Baptiste, se rendant solidaire du peuple pénitent – Lui, sans péché, et sans avoir besoin de conversion -, Dieu le Père fit entendre sa voix du ciel : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; en lui j’ai mis tout mon amour. » (v.17). Jésus reçut l’approbation du Père céleste, qui l’a envoyé précisément pour qu’il accepte de partager notre condition, notre pauvreté. Partager est la vraie manière d’aimer. Jésus ne se dissocie pas de nous, il nous considère comme ses frères et partage avec nous. Il fait ainsi de nous des enfants, les enfants de Dieu le Père, avec Lui. Telle est la révélation et la source du vrai amour. Et ceci est le moment de la grande miséricorde!
Ne vous semble-t-il pas qu’à notre époque il y ait besoin d’un supplément de partage fraternel et d’amour ? Ne vous semble-t-il pas que nous ayons tous besoin d’un supplément de charité ? Pas de celle qui se contente d’une aide extemporanée, dépourvue de toute implication, qui ne met pas en jeu, mais d’une charité de « partage », qui prend sur elle le malaise et la souffrance d’un frère. Quelle saveur prend la vie quand on se laisse inonder par l’amour de Dieu!
Demandons à la Très Sainte Vierge de nous soutenir par son intercession dans notre engagement de suivre le Christ sur la voie de la foi et de la charité, la voie tracée par notre Baptême.
Traduction d’Océane Le Gall